Allez sur votre service de diffusion de musique en continu favori. Effectuez une recherche pour la trame sonore de la série Succession, sur HBO. Puis lisez ce texte.

« Je suis déçu, parce qu’en tant que joueur, tu veux jouer plus. Je n’ai pas compris pourquoi [je ne jouais pas]. Et même si c’est comme ça, je dois soutenir mes coéquipiers et avoir confiance qu’ils vont effectuer le travail. »

Cette citation vient de Victor Wanyama. Elle a été énoncée lors d’un bilan de fin de saison du CF Montréal explosif, mardi.

Le seul joueur désigné du club n’a pratiquement plus joué à partir de la Coupe des ligues. Sur 1170 minutes depuis le 22 juillet, il n’en a disputé que 137. C’est que Hernán Losada lui a préféré le jeune Nathan Saliba au milieu du terrain. Saliba l’a méritée, sa place. Mais lorsque le joueur le mieux payé de l’équipe ne semble plus faire partie des plans de l’entraîneur-chef, des questions se posent.

« Je suis allé le voir pour qu’il m’explique les raisons, continue Wanyama. Et il n’avait pas de raison. J’ai été surpris. »

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS, FOURNIE PAR REUTERS

Sur 1170 minutes depuis le 22 juillet, Victor Wanyama n’en a disputé que 137.

« J’ai attendu. Au début, l’équipe gagnait. J’ai respecté la décision pendant ce temps. Mais quand les résultats ont commencé à devenir mauvais, je m’attendais à ce que quelque chose soit fait. »

Pas moins de six joueurs du CF Montréal sont passés devant les médias, mardi, au Centre Nutrilait. Tous ont été questionnés sur leur relation avec Losada. Mathieu Choinière, Jonathan Sirois, Joel Waterman et Samuel Piette ont émis des commentaires somme toute positifs, mais Wanyama et Romell Quioto ont été les plus critiques. Lorsqu’il a fini par parler au micro, le technicien était sur la défensive.

Lisez « L’avenir incertain d’Hernán Losada »

Sa riposte était surtout dirigée vers Wanyama.

« Ce que j’avais à lui dire, je lui ai dit en le regardant dans les yeux, explique Losada. Comme je le fais avec tous les joueurs, avec des gens autour de moi qui agissent en tant que témoins, et qui écoutent. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Hernán Losada

« C’est un travail qui comporte son lot de changements. Je comprends sa frustration. C’est la première fois dans sa carrière qu’il doit vivre une situation comme ça. Mais en même temps, je pense qu’il a réalisé que c’est un sport compétitif, avec de la compétition à l’interne. J’ai juste trouvé qu’un autre joueur méritait plus de jouer que lui. »

Wanyama souligne que des discussions ont eu lieu avec l’entraîneur « dans les bureaux » pour trouver des pistes de solution.

« Mais après, on n’a plus le contrôle sur rien, lance le Kényan. La personne qui prend la dernière décision, elle l’a prise, et notre opinion n’a eu aucune valeur. »

De leur côté, si Joel Waterman et Samuel Piette évoquent certains « désaccords », ils estiment avoir « une bonne relation » avec leur entraîneur-chef.

Losada y voit là la preuve que ceux qui ont des propos négatifs à dire sont ceux qui « n’ont pas performé ».

« Tous ces commentaires, je les entends, et ils sont normaux. Je vois parfaitement ceux qui ont eu une bonne saison, qui en sont satisfaits malgré le fait qu’on n’a pas atteint notre but, et ceux qui ne le sont pas. »

« Victor a joué 25 matchs, dit-il. Puis, un jeune joueur de l’académie a mérité de plus en plus de minutes. Et oui, j’ai pris une dure décision. Ce n’est pas facile de mettre un gars comme [Wanyama] sur le banc. Mais j’ai cru qu’un joueur de l’académie méritait ces minutes. Et [Saliba] a eu une superbe saison. »

Pas un « point de non-retour »

Les deux hommes ont un contrat en vue de l’an prochain. Mais la relation est-elle irréparable ?

« Le plus important, c’est que les gens se parlent », a estimé le directeur sportif Olivier Renard, qui s’est posé en médiateur mardi.

« Je comprends aussi Hernán, dit-il. Il y a la situation d’un Saliba qui ne fait que grandir. »

Peut-être qu’un roulement de joueurs plus égalitaire aurait pu aider à réparer les ponts, avance Renard, même s’il ne « pense pas que c’est à un point de non-retour ».

Victor ne me donne pas l’impression d’être rancunier. L’entraîneur non plus. C’est à moi au milieu de voir la situation. Mais l’option d’avoir les deux de retour est une possibilité.

Olivier Renard, directeur sportif du CF Montréal

Wanyama estime qu’il pourrait bel et bien être de retour l’an prochain. À certaines conditions, semble-t-il.

« J’ai un contrat avec le CF Montréal, mais pas avec lui », dit-il, en parlant évidemment de Losada.

« Je ne comprends pas pourquoi je dois attendre »

Romell Quioto s’amène sur l’estrade. Il s’assoit. Et lâche un long soupir. « Ooooh, man. »

Ça commence bien.

Son contrat à lui se termine cette année. Pense-t-il être de retour l’an prochain ?

« Je ne sais pas, dit-il par l’entremise d’un interprète. Personne ne m’a parlé jusqu’à aujourd’hui. Il est peut-être temps de rentrer chez moi jusqu’à ce que quelqu’un m’appelle. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Romell Quioto

Il souligne avoir l’intérêt personnel de tenter sa chance en Europe, mais que son premier choix est « de rester » à Montréal.

« Je connais le club et la ville, j’aime être ici. En toute honnêteté, je ne sais pas pourquoi je dois attendre au dernier jour pour avoir des nouvelles de quelqu’un. »

C’est probablement parce que « le secteur offensif va devoir être retouché », dixit Olivier Renard.

Quioto a marqué 15 buts en 2022 et été nommé le joueur par excellence du club cette année-là. Mais son long dossier médical – il a été absent quatre mois en 2023 – ainsi que son âge n’en font pas le candidat parfait à la relance de l’attaque du CF Montréal.

« Je vous laisse un peu deviner les demandes salariales » d’un tel joueur, ajoute Renard.

« On aurait pu ou dû le prolonger pour deux ou trois années » l’an dernier, souligne-t-il. « Je ne veux pas dire que j’ai bien fait de ne pas le prolonger à ce moment-là, mais j’espère que vous vous mettez à la place d’un directeur qui doit signer des contrats importants pour plusieurs années, avec quelqu’un qui a 32 ans maintenant. »

Renard ajoute avoir eu des discussions avec Quioto, qui demeure un leader avec « une importance dans le vestiaire ».

« Je l’ai surtout remercié. Je ne sais pas s’il va être là l’année prochaine. On va en discuter. »