La question n’a pas encore fini d’être formulée que déjà, Romell Quioto se met à sourire.

« Je voyais très bien cette question venir », a admis l’attaquant du CF Montréal en espagnol, avant que ses propos ne soient traduits par un interprète.

Il était interrogé à propos de sa situation contractuelle avec le club. Parce que si les choses restent ainsi, le Hondurien devrait être libre comme l’air au terme du calendrier.

« Jusqu’à présent, personne du club ne m’a contacté, indique Quioto. Mais tout le monde sait très bien que ce club me tient beaucoup à cœur. »

Une union en perdition

Au sujet de son amour pour le club, on peut difficilement le contredire : il a « MTL » tatoué sur la jambe, lui qui joue pour le Bleu-blanc-noir depuis 2020.

Mais cette année, Quioto a connu beaucoup plus de bas que de hauts avec le CFM. Ses trois buts ont été marqués en début de saison, avant qu’il ne se blesse à une cuisse en mai et rate pas moins de 20 matchs, toutes compétitions confondues.

Sa longue réadaptation a fait suite à trois saisons où l’Impact a dû longuement se passer de ses services en attaque, l’année 2022 étant la moins mauvaise à ce chapitre.

Qui plus est, lors du bilan de mi-saison 2023 en juin, le directeur sportif Olivier Renard s’était permis de critiquer ouvertement son joueur, insinuant qu’il ne prenait pas sa rémission au sérieux. Quioto avait publié des photos de lui à Miami, alors qu’il avait obtenu l’accord du club pour se remettre de sa blessure au Honduras.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Gabriel Gervais, président et chef de la direction du CF Montréal, Romell Quioto, gagnant du trophée du joueur par excellence de la saison 2022, et Olivier Renard, directeur sportif, lors de la remise du prix en octobre 2022

« Il fait un peu le tour du monde, là », avait dit Renard.

« Je vais vous parler honnêtement, et pas en tant que directeur sportif, avait-il enchaîné. Je lui conseille de faire le mieux possible pour revenir le plus vite possible à 100 %.

« En fin de compte, c’est pour lui-même qu’il va jouer. Il jouera pour un prochain contrat, que ce soit ici ou pour un autre club. Je ne vois pas pourquoi il irait faire la fête tous les jours. Je lui conseille de travailler et de revenir le plus vite possible. »

Sur Instagram, Quioto avait écrit, puis supprimé un message cryptique : « la langue peut faire beaucoup », suivi de deux émojis pleurant de rire. Puis il avait indiqué plus sérieusement que son « seul objectif [était] de retrouver [ses] coéquipiers et de contribuer à faire de cette saison un succès pour tous ! »

Encore au début de septembre, sur Instagram, on a vu l’international hondurien festoyer et danser dans un bar avec son ancien coéquipier Kei Kamara, verre à la main. Ça faisait maintenant trois mois et demi que le CF Montréal attendait impatiemment – le mot est faible – le retour de son meilleur marqueur des trois dernières saisons.

Tout ça pour dire que l’histoire d’amour entre Quioto et Montréal semble en être à ses dernières péripéties. La bribe d’information offerte par le joueur, lundi matin, selon laquelle il n’y a toujours pas eu de discussion pour un nouveau contrat, n’a rien fait pour dissiper les doutes, disons-le ainsi. Et à 32 ans, avec un long historique de blessures, une prolongation de contrat cadrerait difficilement avec la philosophie actuelle du CFM, qui est de donner le champ libre aux jeunes.

Pas encore à 100 %

Mais il reste encore trois matchs à faire, et tout à jouer pour la qualification. Le CF Montréal a encore énormément besoin des services de son attaquant.

Celui-ci a indiqué lundi qu’il « se sent bien », mais pas encore à 100 %. Il est cependant bien conscient des déboires offensifs de son club, et aimerait l’aider à s’en sortir.

« On sait tous qu’on passe à travers des moments difficiles actuellement avec l’équipe. Mais je suis ici, et si je peux contribuer à ma façon, incluant des minutes et en marquant des buts, c’est ce que je veux faire. »