Quand le tirage pour la Gold Cup a été effectué, le Canada ne pouvait être plus heureux. L’unifolié n’affronterait aucune équipe du top 100 de la FIFA lors de la phase de groupe.

Alors, si la moindre logique existait, les hommes de John Herdman devaient outrageusement dominer ce groupe qui mettait aussi en scène la Guadeloupe, le Guatemala et Cuba.

Or, ils ont eu besoin d’arracher une victoire impérative de 4-2 contre Cuba, mardi soir, pour se faufiler à titre de deuxième équipe au classement du groupe D. Malgré les deux verdicts nuls en ouverture de tournoi, ce sera suffisant pour accéder aux quarts de finale et croiser le fer avec les Américains.

C’est ce gain contre une équipe nationale partiellement amputée et sans victoire à la Gold Cup depuis 2015 qui a fait la différence. Si les ambitions du Canada sont de se hisser parmi l’élite de la CONCACAF, il a prouvé que sans ses vedettes, elles tiennent à pas grand-chose.

Herdman, lui, croit toutefois qu’il n’y a « que du positif » après ce match où la 166équipe au classement de la FIFA – avec seulement six joueurs sur son banc et qui a dû changer de gardien – a inscrit deux buts contre sa formation. Certes, les buts des Cubains ont été des penaltys, mais les Canadiens n’ont pas eu la mainmise sur ce duel comme ils se devaient de l’avoir.

C’est un peu la conclusion qu’il a été possible de tirer après cette phase de groupe. Les Canadiens ont laissé les amateurs sur leur faim et n’ont pas été en mesure de montrer que cette mouture avait quelque chose qui justifie un engouement.

Après la rencontre, au micro de la confédération, le sélectionneur du Canada a noté que « les trois derniers matchs ont été un processus d’apprentissage ». La prestation contre Cuba a prouvé qu’il y avait encore bien des études et des récupérations nécessaires avant que l’équipe soit prête pour un test réel comme les États-Unis.

PHOTO THOMAS SHEA, USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

Mario Penalver (3) et Liam Millar (11)

Il y a eu de beaux échanges, comme celui qui a mené au deuxième but des Canadiens, celui de Jonathan Osorio. Il y a aussi eu plusieurs passes imprécises, du placement assez approximatif et des impairs comme sur le premier but des Cubains. Sur cette séquence, Osorio s’est fait subtiliser le ballon, et le gardien Dayne St. Clair a bêtement fauché l’attaquant adverse, ce qui a causé le penalty.

Cette équipe doit composer avec l’absence de ses ténors. Alphonso Davies, Jonathan David, Stephen Eustáquio, Ismaël Koné, Tajon Buchanan, Alistair Johnston et Cyle Larin ont fait l’impasse sur la compétition pour prendre quelques semaines de repos avant le début des camps d’entraînement dans les ligues européennes.

Ces désistements se sont naturellement fait sentir et ils ont permis aux partisans canadiens de revoir une formation à l’image de celle de la dernière décennie, une qui était dépourvue d’une identité de jeu. Une où la moindre victoire contre une autre équipe de la CONCACAF était une mission.

Lors du cycle qui a mené à la qualification du Canada à la Coupe du monde, c’est cette étiquette que l’Unifolié a retirée. Tout au long de cette phase « octogonale », les Canadiens se sont plu dans le rôle de favoris et ont toujours été l’agresseur. Une mentalité qui doit encore faire un bout de chemin chez les joueurs de banc, qui ont visiblement offert un trop grand respect à tout un chacun depuis le début de ce tournoi.

Le souhait de David

Selon Herdman, l’Unifolié, c’est la réincarnation de David.

Avant d’être l’œuvre de Michel-Ange qui illustre l’idéal et la perfection masculine, David a été un récit répété ad nauseam. Celui du négligé qui, contre toute attente, fait tomber le géant Goliath avec une pierre.

Dans les derniers mois, après une Coupe du monde et avoir terminé au sommet de la phase de qualification de la CONCACAF, on aurait bien cru que le Canada était plus près de la sculpture de marbre que de la représentation de l’épisode biblique.

Or, à la veille du duel contre l’équipe hôtesse, celle des États-Unis, Herdman est fier d’assumer le rôle du Petit Poucet.

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Ali Ahmed (20), Jonathan Osorio (21) et Liam Millar (11)

« Depuis que je suis à la barre de l’équipe, on a battu les États-Unis à la maison et on a fait un verdict nul sur leur pelouse, a lancé Herdman. Par contre, on ne les a jamais battus chez eux. On a cette petite dose de motivation additionnelle. Les Américains sont parmi les favoris pour remporter ce tournoi, et ce sera comme David contre Goliath. »

On a eu ce qu’on voulait, un duel contre les États-Unis à Cincinnati. […] Ils sont nos plus grands rivaux.

John Herdman

Un souhait qui sera exaucé dimanche, jour de l’affrontement. Les Canadiens pourront signer un premier gain aux États-Unis depuis 1957.

À noter que Herdman ne pourra se baser sur le dernier affrontement entre les deux pays puisque les opposants ont chacun perdu des rouages importants. Aussi, parce que le Canada s’était fait dominer lors de cette défaite de 2-0 en finale de la Ligue des nations, il y a deux semaines à peine.

La chance est là pour Herdman de mettre fin à ce complexe d’infériorité et pour le Canada d’assumer pleinement sa nouvelle identité. Celle d’une nation qui doit être une puissance sur le continent.