Tous les chemins qui mènent au onze partant du CF Montréal sont gagnants. Toutefois, Olivier Renard affirme préférer le chemin Sirois au chemin Choinière.

Ce sont deux des plus grandes vedettes du CFM cette saison. Les Québécois ont saisi leur chance de s’établir à titre de titulaires. Or, pour s’y rendre, ils ont pris des parcours aux antipodes, et le vice-président et chef de la direction sportive du Bleu-blanc-noir a assurément une méthode pour laquelle il a un penchant.

« Je suis très fier de ce que Jonathan [Sirois] fait, mais tout aussi de ce que le club a décidé de faire avec sa carrière, a lancé Renard lors de son bilan de mi-saison, jeudi dernier. Il est sur le terrain, il mérite tous les éloges.

« Mais le projet de Jonathan Sirois n’a pas commencé hier. Nous avons pris la décision de l’envoyer en prêt pour deux saisons. C’est aussi ce que nous avons fait avec Sean Rea. […] Ils vont hors de Montréal pour apprendre à être des hommes, pour apprendre à jouer. C’est pour ne pas faire comme Mathieu Choinière et passer deux ou trois saisons à jouer seulement 10 ou 15 minutes par match. C’est important qu’ils jouent chaque semaine. »

Faire ses armes dans la PLC

Le portier a passé les deux dernières saisons en prêt dans la Première Ligue canadienne (PLC) avec Valor FC. Il a notamment été nommé meilleur gardien du circuit à sa première année dans le championnat canadien. Sean Rea a connu exactement le même parcours, passant ses deux dernières années avec Sirois à Winnipeg.

Cette saison, l’ailier Jean-Aniel Assi est en prêt dans la PLC avec l’Atlético d’Ottawa alors que Rida Zouhir évolue avec San Antonio FC dans la USL Championship, le deuxième niveau américain. À l’approche de la fenêtre de transferts estivale, qui s’ouvrira le 5 juillet, Renard s’est dit intéressé à prêter davantage de joueurs pour voir leur temps de jeu grimper en flèche.

C’est une possibilité. On a eu beaucoup de blessés en début de saison, donc plusieurs jeunes ont été obligés de rester ici parce qu’ils prenaient des minutes. S’il y a un ou deux joueurs qu’on peut envoyer en prêt quelque part pour le développement, comme on l’a fait avec Rida [Zouhir] qui fait très bien à San Antonio, ça pourrait se passer comme cela.

Olivier Renard, chef de la direction sportive du CFM

Certains candidats, qui obtiennent peu de minutes en équipe première comme Jules-Anthony Vilsaint, Ousman Jabang, Ilias Iliadis, Jojea Kwizera ou Róbert Thorkelsson, pourraient être des cibles de choix.

Un scénario particulièrement logique pour le dernier nom sur cette liste. L’Islandais de 21 ans n’a accumulé que 161 minutes en 2022 et en a 203 au compteur dans la MLS à la mi-saison 2023. Lui marche plutôt dans les pas de Mathieu Choinière que dans ceux de Jonathan Sirois.

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Róbert Thorkelsson

L’essentiel pour Renard demeure de prendre le cas de Sirois et d’en faire un exemple. Lorsque le gardien numéro 1 James Pantemis est tombé au combat, c’était à son protégé de saisir l’occasion.

« On aurait pu réagir, le mercato était encore ouvert. Mais si j’étais allé chercher un gardien à ce moment-là, ça veut dire que tout le projet qui a été fait pendant deux ans et ne pas lui donner la chance de voir si ç’a marché, je n’aurais pas été cohérent avec ce que nous avons fait dans les deux dernières années », a noté Renard.

Faire sans la MLS Next Pro

Tous les clubs de la MLS ont une équipe de réserve qui évolue en ce moment dans la MLS Next Pro, un championnat de développement. Tous, sauf deux : D.C. United et le CF Montréal. Un constat dont Olivier Renard est déjà bien au courant.

« On sait que nous n’avons pas la MLS Pro Next, mais la philosophie du club est d’avoir une autre façon de développer nos joueurs et c’est ce que nous avons fait avec Jonathan [Sirois]. C’est aussi important que les jeunes de l’Académie comprennent ce qu’ils peuvent faire dans le futur.

« Parfois, c’est bien d’aller jouer ailleurs, même si on avait eu la MLS Next Pro. Pour de jeunes joueurs, d’aller jouer autre part et de devenir des hommes hors de Montréal, de sortir du cocon familial et de la cuisine de maman, ça fait du bien de partir. Je crois que si vous demandez à Sean [Rea], il va répondre ça aussi. »

Le club n’est toutefois pas complètement dépourvu d’une équipe de réserve comme c’était le cas dans un passé pas si lointain. Le CFM a une formation qui évolue en Ligue 1 Québec, le championnat le plus relevé dans la Belle Province.

« C’est sûr que la Ligue 1 peut nous aider à développer certains joueurs. Je sais toutefois que ce n’est pas l’idéal pour différentes raisons, mais on a trouvé dans la situation actuelle du club que c’était la meilleure solution possible pour faire progresser nos jeunes joueurs », a expliqué l’ancien gardien belge.

Le club montréalais ne peut toutefois pas tout faire avec cette équipe de réserve. Il y a des limites de joueurs qu’il peut envoyer d’un coup « pour ne pas fausser le championnat », dixit Renard. Cela reste tout de même une option intéressante. Pantemis, Vilsaint et Iliadis sont tous allés faire un tour dans l’équipe de réserve cette année.

« C’est quelque chose qu’on va continuer à faire », a déclaré l’entraîneur-chef du CFM, Hernán Losada, le mois dernier. « Je sais que le niveau n’est pas le même et que les conditions ne sont pas les mêmes en jouant sur le synthétique et tout, mais ça donne un entraînement très difficile à répliquer. Ce sont des matchs, de vrais matchs. Avec des joueurs qui reviennent de blessure ou qui ont besoin de minutes, on peut faire ça, et c’est une option pour le futur. »