Après avoir atteint la mi-parcours la semaine dernière, le moment est propice pour dresser une évaluation approfondie des leçons, des acquis et des apprentissages à réaliser d’ici la fin des classes pour les élèves du CF Montréal. La Presse rend son calepin sur les performances individuelles de la première moitié de la campagne.

Les premiers de classe

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Jonathan Sirois

« Je veux me prouver comme second cette année », disait un jeune Jonathan Sirois qui allait écraser tous ses objectifs dans les mois à venir. Il a non seulement créé un débat pour le poste de gardien partant, auquel il a ensuite mis fin grâce à ses excellentes performances, mais aussi été l’un des rouages clés des Montréalais jusqu’à présent.

Si on fait fi de ses deux brillantes performances avant la rédaction de ce bilan pour s’éloigner d’un biais d’ancienneté, Sirois demeure tout de même l’un des joueurs les plus constants à son poste. Il a réalisé son entrée en scène lors du premier match de la campagne après une blessure à James Pantemis et n’a cessé d’épater la galerie depuis.

Malgré quelques humiliantes défaites en début de saison où il a été largué par la défense, le geôlier québécois a récolté six jeux blancs en MLS et tout de même stoppé plus de buts qu’attendu selon FBref. Proactif et combatif, il se classe parmi le top 5 du circuit Garber pour le nombre d’actions défensives dans sa surface. Le patron de sa surface.

Si la deuxième moitié de saison est à la hauteur de la première, un appel en équipe nationale ne devrait pas se faire attendre.

Outre Sirois, les défenseurs centraux Rudy Camacho et Gabriele Corbo ont été particulièrement bons pour permettre aux Montréalais de triompher avec leur plus grande force, la défense. Le milieu de terrain Mathieu Choinière a également été l’un des piliers de la formation, surtout en début de saison. Le Québécois a été moins influent dans les dernières semaines, principalement après avoir enchaîné pratiquement tous les matchs des siens, mais mérite son lot de louanges.

Les génies en herbe

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Ariel Lassiter

Quand le CFM a échangé Kamal Miller et une somme d’allocation générale à l’Inter Miami contre Bryce Duke et Ariel Lassiter, pratiquement personne ne parlait de ce dernier. Le Costaricain est arrivé à Montréal dans des prédispositions qui n’étaient pas gage de succès. Le club n’allait nulle part et sa position favorite, soit celle d’ailier, n’est pas utilisée dans le schéma tactique d’Hernán Losada.

Or, pour la première fois de sa carrière, Lassiter a assumé le rôle de latéral gauche et a connu des réussites sur-le-champ. L’offensive des Montréalais connaît plusieurs ratés depuis le début de la saison, mais son émergence dans le couloir gauche a permis au CFM d’être dangereux sur les deux flancs et de profiter du talent offensif de ses latéraux pour marquer. Lassiter, qui a usurpé le poste de Lassi Lappalainen, s’est montré décisif en première moitié de saison.

L’attaquant Sunusi Ibrahim, qui n’avait pas marqué en MLS depuis novembre 2021, a vécu une sorte de renaissance grâce au Championnat canadien. Il a, à nouveau, terminé au premier rang des buteurs de la compétition cette année et s’est servi de cette poussée pour venir bousculer la hiérarchie des attaquants. Son jeu reste à peaufiner, mais quand il est sur le terrain, les choses bougent.

À ce point-ci de sa carrière à Montréal, le registre du jeu de Zachary Brault-Guillard est bien connu. Il a tout de même réussi à tirer son épingle du jeu lors de ses entrées et de ses titularisations, offrant une saine compétition pour le poste convoité de latéral droit.

La moyenne et la médiane

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Joel Waterman

Joel Waterman a eu une première partie de saison haute en couleur. Il a d’abord perdu son partenaire à droite en Alistair Johnston, puis on lui a demandé de pourvoir des besoins au centre et à la gauche de la charnière centrale, où il était moins en confiance.

Il n’a d’ailleurs pas reçu d’appel pour l’équipe canadienne compte tenu des prestations moyennes. Maintenant que le poste à gauche est assumé par Corbo, Waterman pourra redorer son blason pour le restant de la campagne dans son poste naturel.

Bryce Duke a été fort intéressant et divertissant à ses premières sorties, mais a connu des performances en dents de scie dans les dernières semaines. Un rythme de matchs plus raisonnable devrait l’aider à prendre toute sa place.

Aaron Herrera, remplaçant de Johnston, a été plutôt stable, mais a vu son nombre de minutes diminuer compte tenu des récents succès de Brault-Guillard. Celui qui ira défendre les couleurs du Guatemala dans les prochains jours devra prouver pourquoi la direction a investi en lui maintenant qu’il est au plus fort de cette lutte.

Il serait dur de critiquer Romell Quioto, toujours meilleur buteur du club en MLS bien qu’il ait raté 10 rencontres en raison de blessures. Cependant, à sa dernière année de contrat, c’est un bien mauvais moment pour être sur la touche.

Finalement, Mason Toye revient d’une opération à un genou. Il a inscrit deux buts contre son ancien club, mais la prudence et la santé prévaudront dans son cas.

Les déceptions

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Victor Wanyama

Seul joueur désigné du club, Victor Wanyama doit en porter beaucoup sur ses épaules cette saison. Il est d’ailleurs au deuxième échelon pour le nombre de minutes au compteur. Toutefois, le milieu défensif kényan n’atteint pas exactement ses propres standards en 2023.

Statistiquement, selon FBref, c’est la pire saison de Wanyama à Montréal pour plusieurs indices clés. À noter que le système de jeu de Losada est moins axé autour de l’ancien de Tottenham et qu’il joue avec un partenaire plus offensif en Choinière, mais ultimement l’adjoint au capitaine est assurément moins influent. Par tranche de 90 minutes, il est à son plus bas pour les possessions progressives, les passes progressives, le nombre de passes tentées et réussies et pour le pourcentage de passes réussies. C’était seulement quelques statistiques en possession du ballon.

Il connaît aussi des ratés pour ses actions défensives, réussissant moins de tacles qu’auparavant et en ratant bien plus. Ce n’est donc pas nécessairement une diminution au volume, mais plutôt une inefficacité dans les duels.

Est-ce une saison catastrophique ? Absolument pas. Wanyama fait partie de la catégorie de joueurs qui peuvent en fournir davantage lors de la seconde portion du calendrier, car on l’en sait capable.

Les milieux de terrain offensifs Ahmed Hamdi et Matko Miljevic font également partie des joueurs qui pourraient accomplir plus de tâches. L’un de ces deux joueurs souvent laissés dans les gradins, respectivement sixième et septième salariés du club, devra se lever et s’imposer au poste névralgique qu’est celui de numéro 10.

Les cadres désenchantés

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Samuel Piette

Quand il est question d’une première moitié de saison à mettre derrière soi, le nom du nouveau capitaine Samuel Piette fait surface. Limité à 172 minutes de jeu en raison de deux blessures, le Repentignois n’a pas connu le début de règne qu’il souhaitait.

C’est aussi compte tenu de son absence que Mathieu Choinière a obtenu une vraie audition comme milieu de terrain, chose qui ne serait pas arrivée si Piette était demeuré en santé. Toujours à l’écart, on ne sait pas encore quel sera son rôle à son retour.

Lassi Lappalainen et James Pantemis sont aussi des candidats logiques puisqu’ils se sont fait damer le pion en tant que titulaires. Le nom de George Campbell pourrait être ajouté à cette liste, lui qui n’a pas su saisir l’occasion de la séquence de 10 matchs en 33 jours pour confirmer sa place dans la charnière centrale.

Devront rester pour la récupération

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Chinonso Offor

Voici le groupe de jeunes joueurs qui ont été lancés, à tort ou à raison, dans la gueule du loup. Chinonso Offor en est l’exemple le plus frappant. Acquis comme « projet », dixit Olivier Renard, vice-président et chef de la direction sportive du CF Montréal, l’attaquant a quelques outils intéressants dans son coffre. Sa fougue et son gabarit spécifiquement sont des points forts, mais à la mi-saison, certains aspects de son jeu sont encore trop déficients pour qu’il soit dans un onze de départ de la MLS.

L’attaquant nigérian est le joueur qui a raté le plus de contrôles dans le circuit, ce qui confirme ce que nos yeux voient, des ennuis balle au pied. Il a néanmoins prouvé qu’il a son rôle à jouer pour l’équipe, mais il n’est pas encore prêt à être au centre de l’animation offensive.

Cette conclusion vaut pour Nathan Saliba, Sean Rea et Ilias Illiadis, qui ont tous apporté certaines qualités, mais qui devront être patients avant d’obtenir des minutes de façon constante.

Logan Ketterer, Jojea Kwizera, Ousman Jabang, Róbert Thorkelsson et Jules-Anthony Vilsaint n’ont pas été classés compte tenu d’un nombre de minutes trop faible.