Spectaculaire, mais surtout dramatique. Rempli d’artifices, mais ultimement marqué de succès et de gloire. Ainsi ont été les premiers mois de Ryan Reynolds et de Rob McElhenney à la tête d’un club gallois, jadis anodin.

Leur arrivée à titre de propriétaires de Wrexham AFC a eu l’effet d’un électrochoc. Après plus de 15 années à être cantonnés en cinquième division et dans l’oubli populaire, les Red Dragons ont été sacrés champions de la National League samedi et ont ainsi obtenu la promotion en quatrième division.

« Il est indéniable que si nous accédons à la quatrième division la saison prochaine, nous devrions viser la promotion [en troisième division] », a lancé l’attaquant de pointe Ollie Palmer à l’Associated Press avant le duel décisif contre Boreham Wood.

« Quand je suis arrivé ici, j’ai dit que je voulais ramener le club là d’où je venais, c’est-à-dire en troisième division. Nous avons un effectif fantastique. Nous avons une équipe digne de la troisième division, personne ne peut s’en cacher. »

C’est là que résident la beauté et la cruauté du soccer européen. Une petite équipe peut faire une ascension jusqu’en première division si les résultats sont présents. Mais elle peut également dégringoler tout aussi rapidement.

Des propriétaires dépensiers

Le succès de Wrexham n’est pas le fruit du hasard. Depuis que les deux acteurs ont acquis l’équipe en 2021 pour la modique somme de 2,5 millions de dollars – du moins, modeste pour un club sportif –, elle a connu une ascension fulgurante.

L’acteur de Deadpool et son acolyte ont pris le relais d’une propriété appartenant à ses partisans depuis 2011. Immédiatement, les propriétaires ont délié les cordons de leurs bourses pour faire des acquisitions qui allaient leur permettre de progresser dans les échelons du soccer britannique.

En premier lieu, ils ont acquis un entraîneur-chef de renom en Phil Parkinson, qui a notamment piloté des équipes de deuxième division. Ils ont ensuite convaincu plusieurs joueurs, dont leur prolifique buteur Paul Mullin, de passer à une division inférieure pour les aider dans leur quête vers les plus hauts sommets.

À noter que c’est un plan ambitieux, car la masse salariale du club s’est avérée fort supérieure à celle de ses rivaux. Une promotion était impérative si Wrexham ne voulait pas se transformer en gouffre financier.

Ils sont d’abord arrivés un peu à court en 2021-2022 avec une deuxième place en championnat et une fin hâtive, quoique rocambolesque, en éliminatoires. La saison suivante a été la bonne alors que le club a réussi à battre le record de points du circuit. Ils ont notamment soutiré une victoire essentielle en fin de saison à leur plus proche poursuivant grâce à un arrêt de l’ancienne gloire de Manchester United Ben Foster, sur un penalty à la 97minute de jeu.

Celui qui est pressenti pour être l’un des nouveaux propriétaires des Sénateurs d’Ottawa dans la LNH a aussi fait l’acquisition du stade de Wrexham, le Racecourse Ground. Aussitôt propriété du club, de grands chantiers ont été érigés. La feue section des supporteurs, abandonnée et délabrée, a été démolie et sera remplacée par de nouveaux gradins avant le début de la saison 2024-2025.

Cette amélioration permettra au club d’accueillir 5000 partisans supplémentaires lors des jours de match afin de porter le total à 15 000. Un agrandissement justifié en raison de la forte demande pour les billets et du nombre de matchs joués devant une salle comble.

Rendre le pays de Galles désirable

Par contre, le plus grand tour de force de Reynolds et de McElhenney a été la popularisation du club. Certes, les propriétaires sont des acteurs hollywoodiens, mais une fois en poste, ils ont tout fait pour favoriser la visibilité du club.

Grâce à la série documentaire Welcome to Wrexham – dans laquelle les propriétaires jouent un rôle prépondérant –, les joueurs du club sont devenus des vedettes plus grandes que nature. Le club lui-même a vu son nombre d’abonnés exploser et même coiffer celui d’un club en Premier League.

Le succès a été tel lors de la première saison du documentaire qu’une deuxième édition sera offerte pour couvrir la saison victorieuse du club.

Encore une fois, question d’accroître sa popularité, la formation galloise disputera des matchs amicaux pendant l’été. Elle se mesurera notamment au Manchester United et à Chelsea, deux clubs qui n’ont pas besoin de présentation. Elle croisera également le fer avec des clubs de la MLS lors de cette tournée nord-américaine.

Ce club représentant une petite municipalité d’à peine 40 000 personnes est désormais un phénomène mondial. Reste à voir si l’engouement tiendra... et jusqu’où les poches de Reynolds permettront au club de se hisser.