(Munich) Digérer une Coupe du monde est souvent compliqué. Encore davantage pour un joueur qui vient de participer pour la toute première fois à une compétition d’une telle envergure, comme Alphonso Davies.

Depuis son retour de vacances, au début de janvier, au Bayern Munich, l’international canadien ne parvient pas à retrouver sa meilleure forme. C’est la première fois dans sa jeune carrière qu’il doit traverser ce genre de passage à vide.

« Phonzy n’est qu’un humain », a confié Karl-Heinz Rummenigge, ancien président du club de Bavière qui avait été à l’origine de la venue de Davies à Munich en janvier 2019.

« Jusque-là, il nous avait habitués à enchaîner les grands matchs sans jamais véritablement connaître de baisse de régime. Avec cette saison si particulière marquée par la Coupe du monde en plein milieu, beaucoup de grands joueurs traversent actuellement un passage à vide, à l’image de Neymar à Paris, de Karim Benzema au Real Madrid ou de Kevin De Bruyne à Manchester City. C’est la même chose pour Davies. Les explications sont nombreuses : les changements fréquents de climat, un calendrier surchargé, etc. »

L’ex-patron du Bayern et attaquant de l’Allemagne dans les années 1980 oublie aussi un autre aspect : les changements de position de Davies opérés par son entraîneur Julian Nagelsmann.

S’il ne hausse pas prochainement son niveau de jeu, il risque d’ailleurs de perdre sa place de titulaire, surtout que Nagelsmann modifie régulièrement son schéma tactique. Récemment, en Coupe d’Allemagne, l’entraîneur du Bayern a aligné seulement trois défenseurs et Davies en a été la principale victime pour se retrouver en deuxième choix.

« Phonzy a montré des signes inhabituels ces dernières semaines avec un certain manque de concentration, mais aussi parce qu’il manque encore de jus », a noté le coach allemand.

« Mais à son jeune âge [22 ans], j’estime que c’est complètement normal. Il a très vite su s’imposer dans l’un des meilleurs clubs du monde. Il faut d’abord digérer ce nouveau statut. On ne peut pas exiger de lui qu’il soit intraitable tous les trois jours, c’est impossible. Je comprends qu’il ait de temps en temps un passage à vide, qui n’en a pas ? Nous lui laissons le temps de gérer ce moment plus compliqué. Je suis intimement convaincu qu’il va apporter une belle réponse très rapidement en se montrant encore plus fort. »

Davies aurait-il trop joué ces derniers mois ?

« Je ne pense pas, a répondu Nagelsmann. Il est tellement déterminé et consciencieux que parfois, il en fait un peu trop. Il a le cœur à la bonne place et il veut influencer le cours des choses, donner son maximum, quitte à parfois dépasser les limites. Parfois, c’est un peu trop, quand il rate par exemple le bon moment pour faire une passe. Mais tout cela n’est qu’une question d’expérience, de maturité, et je n’ai aucun doute qu’il est sur le bon chemin pour bientôt corriger ces petits défauts. »

Compétition

À moins qu’il ne soit quelque peu perturbé par les mouvements au sein de son équipe cet hiver avec une concurrence plus ardue, puisque le plus célèbre des clubs d’Allemagne a recruté ces dernières semaines le Portugais João Cancelo (Manchester City) et le Néerlandais Daley Blind (Ajax Amsterdam), tous les deux capables d’évoluer au poste de Davies. Qu’en pense l’intéressé ?

« Cette première Coupe du monde depuis 36 ans pour le Canada avait valeur de test et nous avons montré que nous pouvions rivaliser avec de grandes nations et que nous n’avions pas peur. Sur un plan plus personnel, j’ai bien récupéré même s’il m’a fallu un certain temps d’adaptation pour retrouver le rythme et ma forme. »

Aujourd’hui, je sens que je retrouve progressivement mon meilleur niveau, même si je ne suis pas encore à 100 %. Je ne suis pas inquiet.

Alphonso Davies

En tête du championnat d’Allemagne, qualifié en quarts de finale de la Coupe d’Allemagne et en huitièmes de finale de la Ligue des champions, Davies reste très ambitieux.

« Je veux tout gagner et continuer à enrichir mon palmarès. Je suis dans un club qui veut gagner chaque match, même à l’entraînement. J’adore cette mentalité », a-t-il ajouté dans un grand sourire, lui qui a marqué un joli but de la tête le 1er février à Mayence (4-0) en Coupe d’Allemagne, juste après être entré en jeu, histoire de montrer à son entraîneur sa force de caractère.

Malgré sa forme délicate, Davies réalise dans le sud de l’Allemagne sa saison la plus accomplie en matière de matchs disputés depuis son arrivée en provenance de Vancouver il y a quatre ans.

Sur les 25 matchs disputés par le Bayern en championnat, en Ligue des champions et en Coupe d’Allemagne, il a été 22 fois titulaire. Au contraire des années précédentes, son corps le laisse enfin en paix. « J’espère vraiment que ça va continuer et que je ne vais pas me blesser. Je croise les doigts », a lancé Davies dans le magazine officiel du club, 51.

À l’heure de croiser la route de Lionel Messi, qu’il défiera dans de nombreux duels ce mardi au Parc des Princes à Paris à l’occasion du huitième de finale aller de la Ligue des champions, Davies aura l’occasion de montrer au monde du soccer que sa crise est désormais derrière lui et qu’il a définitivement tourné la page de la Coupe du monde.

« Phonzy adore ce genre de grand rendez-vous sur la scène internationale où tous les projecteurs sont braqués. Il sait se sublimer et se transcender. Peut-être ce grand match face au Paris Saint Germain arrive-t-il au bon moment pour lui. En tout cas, il conserve toute ma confiance. Pour moi, il est le meilleur arrière gauche du monde », a conclu Nagelsmann.