Si le CF Montréal avait un message à passer à la ligue avant son entrée en éliminatoires, il ne pouvait trouver meilleure façon de s’en faire le porte-voix.

Le onze montréalais a anéanti l’Inter Miami, chez lui, en l’emportant 3-1 dans le cadre du jour décisif de la MLS. Un match dont la conclusion ne faisait plus de doute après seulement huit minutes de jeu.

Cette victoire n’a pas été suffisante pour aller ravir le premier rang de la Conférence de l’Est à l’Union de Philadelphie, qui l’a aussi emporté face à Toronto. Au même moment, Orlando City est revenu de l’arrière contre le Crew de Columbus pour gagner et s’emparer du septième rang. Les Lions sont ainsi devenus les adversaires du CF Montréal lors du tournoi d’après-saison. Ils s'affronteront le 16 octobre prochain, à 20 h, au stade Saputo.

« Bravo, a commencé par affirmer Wilfried Nancy lors de la conférence d’après-match. Je viens de le dire aux gars. Ils ont construit quelque chose depuis l’année dernière. Et maintenant, ils referment ce chapitre-là en apprenant tous les jours. En étant compétiteurs tous les jours. En prenant du plaisir tous les jours. »

Moi, j’ai pris énormément de plaisir à voir mon équipe jouer pendant toute l’année.

Wilfried Nancy

On le comprend. Son équipe vient de compléter la meilleure saison de son histoire en MLS. Vingt victoires en 34 matchs. Une seule défaite depuis le 16 juillet. Elle a battu au passage plusieurs records d’équipe et de la ligue. Seulement que dimanche, le CF Montréal est allé chercher une 11victoire sur la route, et une 7e consécutive à ce chapitre, les deux nouvelles meilleures marques de la MLS.

À l’aube des éliminatoires, et au meilleur de sa forme, le Bleu-et-noir doit avoir l’ambition d’aller chercher la Coupe MLS, selon son meneur de jeu Djordje Mihailovic.

« Je me rappelle ma première entrevue que je vous ai donnée, raconte l’Américain, auteur d’un but et d’une passe décisive dimanche. J’ai dit que je voulais gagner la coupe. Ce n’était pas des paroles en l’air. […] On a la qualité et le plus grand nombre de victoires dans l’Est. On est une des meilleures équipes de la ligue, pas que de la conférence. »

« Il faut être sereins »

PHOTO RICH STORRY, USA TODAY SPORTS

Samuel Piette, du CF Montréal, et Robert Taylor, de l’Inter Miami

Samuel Piette s’est dit « fier », en tant que cocapitaine, d’être au centre des succès de son équipe cette année.

« C’est ma plus belle saison en carrière, a confirmé le Québécois. Et d’avoir la chance de faire ça à Montréal, avec le club de ma ville, c’est encore plus spécial. J’espère qu’il va y en avoir d’autres pour moi ici. »

En tant que leader, il pense devoir aider ses coéquipiers à garder les deux pieds sur terre. Parce que « cet autre championnat » qui commence, dixit Nancy, il peut se terminer rapidement. Rappelons qu’il n’y a pas de match aller-retour dans le format actuel des éliminatoires de la MLS. C’est une rencontre par ronde.

« Il faut être sereins envers tout ça, avise Piette. Oui, on a prouvé à toute la ligue et à nous-mêmes qu’on est capables d’aller jusqu’au bout. Oui, il y a l’ambition d’aller chercher cette coupe-là. Mais autant pour moi que pour le reste de l’équipe, il faut être calme, ne pas regarder trop loin. Un match à la fois. »

Un écart tangible

L’issue du match n’a pas mis de temps à devenir évident. Dès la 5minute, Ismaël Koné s’est interposé devant le gardien Drake Callender, a mis le pied judicieusement sur le ballon devant le filet et remis à Djordje Mihailovic. L’Américain n’avait qu’à enfiler l’aiguille devant un filet ouvert.

Trois minutes plus tard, Mihailovic s’est immiscé à travers trois défenseurs de Miami, puis a envoyé le ballon vers Lassi Lappalainen à gauche. Cette belle combinaison permettait au Finlandais de doubler l’avance du CFM. La confiance retrouvée de Mihailovic tombe à point, d’ailleurs, avant d’entamer le parcours éliminatoire.

On a ensuite été témoin du gouffre qui sépare les deux équipes. Balle au pied, Montréal ne subissait aucune pression. Tellement qu’il a trouvé le moyen d’endormir la défense floridienne.

À la 36e, après une de ces longues séquences offensives tranquilles, Victor Wanyama a répondu à l’appel de Kei Kamara, seul en pointe. Le milieu défensif, campé dans sa zone, a repéré son attaquant tout juste à la limite du hors-jeu. Il a envoyé le ballon à travers deux lignes, en plein dans les jambes du grand sierraléonais. Changement de rythme soudain : Kamara est parti en sprint et, le compas dans l’œil, a marqué le 3-0.

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Kei Kamara, du CF Montréal, entouré de Damion Lowe et Indiana Vassilev, de l’Inter Miami

Devant un CFM qui a continué d’appliquer la pression, l’Inter Miami n’a pas offert une bien meilleure opposition en deuxième période. Son seul but est venu du pied de Joel Waterman, un but contre son camp bien malheureux qui a privé les visiteurs d’un rare jeu blanc.

Outre les tout premiers matchs du calendrier, Montréal a affiché cette aisance de façon constante en 2022. Wilfried Nancy attribue cette mentalité à la « continuité » depuis l’an dernier.

« Les premières semaines d’entraînement, j’ai vu que le groupe était en avance sur des concepts et des choses qu’on avait mis en place. »

« Aujourd’hui, on peut dire que Montréal a un style de jeu, et on est reconnu dans la ligue par rapport à ça. »