Djordje Mihailovic se sentait « au sommet du monde », mercredi matin, après l’annonce de son transfert éventuel vers l’AZ Alkmaar aux Pays-Bas. Jusqu’à ce qu’il doive en redescendre brutalement.

Son père a attendu la fin de son entraînement au Centre Nutrilait avant de le contacter. Et de lui annoncer que sa grand-mère s’était éteinte le matin même.

« C’est difficile », a commenté Djordje Mihailovic, jeudi, lors d’un point de presse. Il aborde le sujet lui-même avant de répondre à une première question sur son transfert en Europe.

« La journée d’hier a été douce-amère. […] Ç’a été dur à gérer. Au matin, tout allait bien. Puis mon père m’a annoncé la mauvaise nouvelle alors que je retournais à la maison. »

Dans les circonstances, il y a néanmoins un aspect plus positif : le prochain match du CF Montréal est à Chicago, contre le Fire. Chez lui.

« C’est une coïncidence que mon prochain match soit à la maison. C’est bien, parce que je serai en mesure de voir mon père. »

« Il a fait un choix de carrière »

Olivier Renard a confirmé, jeudi au Centre Nutrilait, que le transfert de Djordje Mihailovic était le plus important jamais réalisé par le CF Montréal sur le plan financier. Si le directeur sportif du club ne peut citer le montant exact, il indique que la somme « serait dans les eaux » de celle qui a circulé dans les médias – soit plus de 6 millions de dollars américains.

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Olivier Renard, directeur sportif du CF Montréal

Il fait remarquer qu’en MLS, « c’est une obligation de la ligue d’être transparent » au chapitre des chiffres. Contrairement aux clubs européens.

Renard peut toutefois confirmer que dans l’éventualité où Mihailovic serait revendu par l’AZ, un « pourcentage » reviendrait au CF Montréal.

Par ailleurs, l’AZ Alkmaar était-il le club qui offrait la meilleure offre ?

« Il y avait des clubs qui pouvaient monter plus haut, révèle Renard. Je n’en ai pas toujours parlé avec Djordje parce qu’il y avait des clubs de championnat où je ne le voyais pas jouer […] Peut-être qu’on aurait pu gagner quelque chose en plus, mais ce n’était pas le principe. »

S’il ne sait pas exactement ce qu’il a signé là-bas, Renard se dit « persuadé qu’il aurait pu avoir plus ailleurs ». « Il a fait un choix de carrière, lui aussi. »

L’Europe en tête

Mihailovic souhaitait bien boucler la boucle de son parcours à Montréal avant de réaliser son rêve de jouer en Europe.

« Je ne me serais pas senti bien si j’avais quitté Montréal en milieu de saison, a commenté le joueur. Surtout au vu de la façon dont on joue. Je suis vraiment content que les deux clubs se soient entendus. »

Il s’agit là d’un propos qui en dit long sur le cheminement de Mihailovic dans la métropole.

« Tout le monde savait que Djordje avait l’envie de partir en Europe, rappelle Renard. Chicago avait été franc avec nous [lors de son acquisition en 2020], en disant que c’était un joueur qui avait l’Europe en tête. »

« Je l’ai toujours dit. Ce n’est pas une prison ici. Il n’y a pas d’obligation de rester. […] Il est très reconnaissant par rapport à ce que le club a fait. C’est ce qu’on veut faire avec nos joueurs. »

« J’ai trompé ma femme »

Et il y a une personne en particulier qui l’a aidé à faire ce cheminement : Wilfried Nancy.

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Wilfried Nancy, entraîneur-chef du CF Montréal

« J’aimerais remercier Will, parce qu’il a été dur envers moi, souligne Mihailovic. Mais il m’a aussi pris sous son aile. Il m’a offert un parfait équilibre entre la dureté et le soutien. Je ne regretterai jamais d’être venu à Montréal, parce que ça m’a fait prendre deux ou trois pas de plus dans ma carrière. »

Et vous, Wilfried, quelle est votre relation avec Djordje Mihailovic ?

Il prend un moment pour répondre.

« J’ai trompé ma femme », lâche-t-il, provoquant l’hilarité générale.

« C’est une relation professionnelle, mais aussi une relation que l’on vit dans un couple. Il y a eu des moments où je devais être brutalement honnête avec lui. Il y a eu des moments où je devais être proche de lui. Beaucoup d’exigence pour le joueur, et après, beaucoup d’empathie et de bienveillance avec la personne. »

Nancy parle d’un « projet super intéressant » avec Mihailovic. Et se dit « très, très fier » de le voir s’envoler, aujourd’hui.

« Je suis content, ça veut dire que je ne suis pas trop mal comme entraîneur », indique-t-il.

« Je félicite mon staff. C’est une belle histoire. […] Avec mon personnel, on a trouvé le levier pour l’aider à progresser. »

Le club a-t-il sablé le champagne après que la transaction a finalement été conclue ? Pas encore, dit Olivier Renard.

« Si jamais il y a un jour du champagne, ce sera pour ce que l’équipe a réalisé » au terme de la saison.

« Après, est-ce que c’est à lui que je vais servir le premier verre ? Peut-être. »