(Zurich) Sepp Blatter, l’ancien tout-puissant président de la FIFA, entendu par un procureur suisse lundi à Zürich dans l’affaire du paiement suspect qui menace également Michel Platini, sera à nouveau mardi face à la justice pour ce qui pourrait être son ultime audition.

L’audition de lundi matin ne devait durer que 90 minutes en raison de l’état de santé du Suisse, âgé de 85 ans et hospitalisé en décembre et janvier derniers pour subir une lourde opération cardiaque.  

Mais Blatter, accompagné de son avocat, n’est sorti du bureau du procureur fédéral que vers 11 h 30 (5 h 30 HAE), bien plus tard que prévu.

Visiblement souriant et décontracté, il a annoncé que son audition allait se poursuivre mardi. Pour aujourd’hui, « il n’y a pas beaucoup de nouvelles à annoncer », a-t-il déclaré aux journalistes. L’audition s’est déroulée « dans un bon esprit », a-t-il dit avant de s’engouffrer dans une voiture, en saluant de la main les médias présents à Zürich où se trouve aussi le siège de la FIFA.

Son porte-parole Thomas Renggli a précisé à l’AFP que l’audition avait démarré à 8 h 45 (2 h 45 HAE), en présence d’un avocat de la FIFA : « M. Blatter est content, cela s’est bien passé. Il espère que demain il pourra finir ».

Ce dossier, qui a mis l’ancien patron du football mondial et Platini au ban de leur sport, porte sur le paiement par la FIFA de 2 millions de francs suisses (1,8 m EUR) au triple ballon d’or français début 2011, sans justification écrite, sur ordre de Blatter.

Il s’agit de l’ultime étape avant la clôture de cette enquête ouverte en 2015 contre les deux hommes, poursuivis pour « gestion déloyale », « abus de confiance », « escroquerie » et « faux dans les titres ».

Platini avait été entendu une dernière fois mi-mars. Il attend désormais la décision du parquet, qui pourrait soit prononcer un non-lieu soit ouvrir la voie à un procès devant le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone.

Blatter et Platini martèlent sans relâche qu’il s’agit d’un reliquat de paiement pour un travail de conseiller effectué par le Français en 1999-2002.

Selon les deux hommes, l’accord entre eux remonte au printemps 1998 : Sepp Blatter, entré à la FIFA en 1975 comme directeur du développement, mais dépourvu de légitimité sportive, cherchait alors l’appui de l’ex-champion pour prendre la tête de l’instance.

Mais la FIFA, dirigée depuis 2016 par Gianni Infantino, déplore de son côté l’absence de contrat écrit mentionnant à l’époque une telle rémunération, et en réclame le remboursement à Platini.

Commentaire

Interrogé sur le rendez-vous de lundi, le parquet a simplement rappelé que selon le Code pénal, « dans les procédures importantes et complexes, les personnes prévenues sont entendues une dernière fois avant la clôture de l’instruction et invitées à s’exprimer sur les résultats de celle-ci ».  

« La mise en œuvre d’auditions finales ne permet pas de tirer des conclusions quant à l’issue de la procédure pénale (classement, ordonnance pénale, mise en accusation) », précisent les autorités.

Dans un communiqué transmis par son porte-parole avant son audition, l’homme qui a dirigé le football mondial de 1998 à 2015 disait « attendre avec impatience et optimisme cette audition finale, avec l’espoir que cette histoire prendra fin bientôt ».

« Après tout, ce dossier remonte à quelque chose qui s’est passé il y a dix ans », écrivait-il, réaffirmant que le versement des 2 millions de francs suisses à l’ex-meneur de jeu de Nancy, Saint-Étienne, la Juventus et l’équipe de France, était en tous points légal.

« Je ne peux que me répéter : (le versement) est basé sur un contrat oral qui définissait les activités de conseil de Platini pour la FIFA entre 1998 et 2002 », explique Blatter, ajoutant que le délai dans le versement était lié au fait « que dans un premier temps la FIFA n’était pas en mesure de payer la totalité de la somme, et que Platini ne l’a réclamée qu’en 2010 ».

Pour sa part, le parquet a souligné que la présomption d’innocence s’appliquait à toutes les parties et précisé qu’il n’était pas en mesure de donner un calendrier pour la suite de cette affaire.