(Lausanne) Adieu Bilbao et Dublin, bonjour Séville : à moins de deux mois de l’Euro, l’UEFA a enfin bouclé vendredi la liste de ses villes-hôtes et promet un tournoi « sûr et festif », avec des spectateurs accueillis par chacun des 11 pays concernés.

Munich, qui était aussi sur la sellette, conserve finalement les quatre rencontres prévues en Bavière, dont le choc Allemagne-France attendu le 15 juin, même si les autorités munichoises assurent ne pas avoir garanti la présence de spectateurs dans les gradins, prérequis pourtant posé par l’UEFA.

Imaginé par l’ancien président de l’UEFA Michel Platini, ce format paneuropéen inédit devait initialement se tenir dans 13 villes de 13 pays, puis douze après l’éviction de Bruxelles fin 2017 face aux obstacles à la construction de son grand stade.

Repoussé d’un an en raison de la crise sanitaire, et prévu désormais du 11 juin au 11 juillet, l’Euro restait entouré d’un flou inédit : en exigeant mi-mars que chaque rencontre se tienne en public, l’UEFA a encore compliqué son organisation.

Et après avoir accordé plusieurs sursis, le comité exécutif de l’instance a finalement écarté Bilbao et Dublin des villes-hôtes, faute de garanties sur l’accueil de spectateurs, réattribuant à Séville les matchs prévus au Pays basque et partageant ceux de Dublin entre Saint-Pétersbourg et Londres.

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Le Gazprom Arena de Saint-Pétersbourg

« On recommence »

« Nous avons travaillé d’arrache-pied avec les associations organisatrices et les autorités locales afin de garantir un cadre sûr et festif pour les matchs », s’est réjoui le président de l’UEFA Aleksander Ceferin, promettant une « grande fête du soccer ».

Le refus d’organiser les rencontres de l’Euro devant des tribunes vides contraste avec la grande prudence des organisateurs des Jeux olympiques de Tokyo (23 juillet-8 août), l’autre grand évènement de l’été, qui ont repoussé à juin l’heure de fixer les jauges de chaque enceinte et ont d’ores et déjà interdit les spectateurs étrangers.

À quelques semaines de l’évènement, la course contre la montre démarre par ailleurs pour les équipes engagées, les partisans et les médias, dans l’incertitude depuis des mois, et qui devront encore composer avec les restrictions de voyage et les quarantaines.

« Il y a un peu de travail devant nous, on recommence — camp, voyages, toute la logistique », reconnaissait d’ailleurs sur Twitter le Polonais Zbigniew Boniek, vice-président de l’UEFA, avant même la décision officielle.

Dans le détail, Saint-Pétersbourg, qui figurait déjà parmi les villes organisatrices, récupérera donc trois nouveaux matchs du premier tour, soit Pologne-Slovaquie, Suède-Slovaquie et Suède-Pologne.

« Nous n’avons aucun doute sur le fait que la pelouse résistera au calendrier serré », et la ville à « l’arrivée d’équipes et de supporteurs supplémentaires », a commenté vendredi le président du comité d’organisation russe, Alexeï Sorokine.

Munich contredit l’UEFA

De son côté, Londres reprendra le huitième de finale programmé à Dublin, qui s’ajoutera aux sept rencontres que la capitale britannique devait accueillir dans le mythique stade de Wembley, dont les demi-finales et la finale.

Non prévue dans l’organisation initiale, Séville récupérera les quatre rencontres prévues à Bilbao, exclue mercredi par l’UEFA pour avoir fixé des conditions sanitaires trop drastiques à l’accueil de public.

Face au risque que l’Espagne perde l’organisation de ces matchs, « c’est un succès d’une valeur inestimable que d’avoir pu sauver la place [de ville-hôte] dans notre pays », s’est félicitée la Fédération espagnole de football.

Depuis plusieurs semaines déjà, Budapest, Saint-Pétersbourg, Bakou, Amsterdam, Bucarest, Glasgow, Copenhague, Rome et Londres avaient toutes promis des jauges comprises entre 25 % et 100 %.

À Munich, « les autorités locales » prévoient pour leur part « 14 500 spectateurs au minimum » par rencontre, a assuré l’UEFA, bien que le Parlement allemand ait adopté cette semaine une loi renforçant les pouvoirs de l’État fédéral face à la crise sanitaire.

Cet engagement sur la présence de public a néanmoins été contredit aussitôt par le maire de la ville, Dieter Reiter : « il n’y a eu jusqu’à ce jour aucune promesse de quelque sorte pour garantir des spectateurs », a-t-il assuré, renvoyant la balle dans le camp de l’UEFA.

L’autre dossier au menu était l’éphémère Super Ligue, lancée par douze clubs dissidents pour supplanter la Ligue des champions puis abandonnée en 48 heures sous la pression populaire et politique : l’UEFA s’est bornée vendredi à examiner ses « options », sans plus de précisions sur les possibles sanctions envisagées.

Les 11 stades retenus

Amsterdam (Pays-Bas), Johan-Cruyff Arena (54 000 places)

Bakou (Azerbaïdjan), stade olympique (69 000 places)

Bucarest (Roumanie), National Arena (54 000 places)

Budapest (Hongrie), stade Ferenc-Puskas (68 000 places)

Copenhague (Danemark), stade Parken (38 000 places)

Glasgow (Écosse), Hampden Park (51 000 places)

Londres (Angleterre), stade de Wembley (90 000 places)

Munich (Allemagne), Allianz Arena (70 000 places)

Rome (Italie), stade olympique (68 000 places)

Saint-Pétersbourg (Russie), stade de Saint-Pétersbourg (61 000 places)

Séville (Espagne), stade olympique (57 000 places)