Dans un coin du vestiaire des Carabins, Pat Raimondo nous montre sa bague de champion universitaire aux couleurs de l'Université McGill. Bientôt, celle-ci sera remplacée par un bijou aux teintes bleues, symbole du premier titre de l'histoire de l'Université de Montréal en soccer masculin.

«Honnêtement, en 1997, j'étais peut-être trop jeune et immature pour comprendre l'ampleur du Championnat canadien. Le titre après quatre ans [à McGill], c'était trop rapide et trop simple. On a vraiment travaillé fort pour celui-là. On a mis des heures et des heures, donc il est un peu plus spécial », reconnaît Raimondo, qui est à la barre des Carabins depuis 18 ans.

Avant cette victoire de 2-1 contre l'Université du Cap-Breton, dimanche, les Carabins avaient récolté trois médailles de bronze (2003, 2006 et 2008) et échoué en finale l'an dernier, contre ces mêmes Capers.

Avec un groupe sensiblement identique à celui de 2017 et avec l'ajout de pièces importantes - comme l'ancien milieu offensif de l'Impact Zakaria Messoudi -, les Carabins n'avaient que le titre en tête en démarrant le camp d'entraînement.

«Ça a été une motivation dès le lendemain de la défaite. On s'est dit qu'il fallait se rappeler ce sentiment qui est peut-être le pire de notre vie au niveau sportif, indique le milieu Omar Kreim, auteur de la passe décisive en prolongation, dimanche. Il fallait que ça nous serve, et tout le monde a travaillé fort au gym ou lors du camp.»

«En 2017, j'avais la perception que notre défaite en finale était une anomalie. On a appris et on savait quel état d'esprit il fallait avoir pour l'emporter. C'est incroyable, ajoute Fréderic Lajoie-Gravelle, buteur décisif. L'an dernier, on avait un peu le sentiment du devoir inachevé. Cette année, c'est le sentiment de la mission accomplie et un soulagement.»

Les Carabins ont connu une fin de saison de rêve avec deux victoires en prolongation lors de la demi-finale et la finale du Championnat canadien. Ils ont aussi remporté leurs six dernières rencontres avec une différence de buts de +14.

«Ça a été une domination dans l'ensemble, mais il y a eu des hauts et des bas comme dans chaque saison, précise l'entraîneur adjoint Wandrille Lefèvre. On a perdu au Québec contre Trois-Rivières et Laval alors qu'on pouvait, dans les deux cas, fermer le championnat. On a fait face à l'adversité et c'est peut-être ça aussi qui nous a permis de gagner lors des matchs couperets.»

La fin d'un chapitre

Plusieurs joueurs importants, dont Messoudi, Lajoie-Gravelle et peut-être Aboubacar Sissoko, vont maintenant refermer leur chapitre universitaire. Certains se concentreront encore davantage sur les études, alors que d'autres bénéficieront du lancement de la Première Ligue canadienne en 2019.

«Il y a une place au Canada pour ce championnat. On a besoin de ça parce qu'il y a énormément de jeunes joueurs talentueux au Québec et la Première Ligue est bienvenue dans la structure », estime Raimondo.

Hier matin, l'un de ces joueurs, Sissoko, a d'ailleurs été repêché par le club de Hamilton, le Forge FC. «C'est une surprise totale, je n'avais pas de contact avec cette équipe, précise le principal intéressé. Mais j'ai parlé avec le coach de Hamilton, qui a l'air d'une bonne personne. Il m'a présenté son plan, l'objectif de l'équipe, les installations, et j'ai déjà hâte de le rejoindre et de les aider.»

Avant même cette sélection, ce nouveau championnat a été, en tout cas, un sujet de conversation dans le vestiaire des Carabins. «C'est une avenue, surtout qu'ils ont un contrat de développement qui permet d'évoluer dans la Première Ligue et de retourner à l'université vers la mi-août pour y jouer, précise Kreim, étudiant en droit. C'est intéressant, mais il ne faut pas oublier que l'on est à l'université. On ne va pas arrêter l'école pour aller en Première Ligue.»

Sept équipes participeront à la première saison de ce nouveau championnat, mais aucune n'est établie au Québec.