Centième frustrante pour Zinédine Zidane: pour le 100e match de sa jeune carrière d'entraîneur, son Real Madrid a dilapidé deux buts d'avance et concédé un nul surprise face au Legia Varsovie (3-3) mercredi en Ligue des champions, ratant une première opportunité d'accéder aux huitièmes.

Dans un stade Wojska Polskiego complètement à huis clos, le Real menait pourtant 2-0 après une demi-heure de jeu grâce à Gareth Bale (1re) et Karim Benzema (35e).

Mais les Madrilènes ont trop gâché offensivement, à l'image d'un Cristiano Ronaldo d'une rare maladresse, et ils ont laissé Varsovie revenir grâce au Belge Vadis Odjija (40e) et au Serbe Miroslav Radovic (58e). Le Français Thibault Moulin a même donné un avantage éphémère au Legia (83e) avant que le Croate Mateo Kovacic ne vienne à la rescousse (85e). Et Lucas Vazquez (90e»4) a trouvé la transversale sur l'ultime action du match.

Ce n'était clairement pas le scénario attendu pour ce duel entre le grand Real, 11 fois champion d'Europe, et le modeste Legia, bon dernier du groupe F. Et la «Maison-Blanche» (2e, 8 pts) va devoir attendre la prochaine journée pour briguer son billet dans une poule très ouverte avec également le Borussia Dortmund (1er, 10 pts) et le Sporting Portugal (3e, 3 pts).

A l'évidence, Zidane se souviendra de ce match, son centième sur un banc depuis ses débuts avec la réserve du Real à l'été 2014. L'atmosphère était étrange, avec des tribunes entièrement vides en raison de récents débordements du public polonais, et le scénario a été imprévisible.

Largement vainqueur à l'aller (5-1), le Real présentait une équipe ultra-offensive avec quatre attaquants associés: le trio Bale-Benzema-Ronaldo et l'avant-centre Alvaro Morata.

Ronaldo pas en veine

Au début, cela a payé: au bout d'une cinquantaine de secondes, Gareth Bale ouvrait le score d'une demi-volée surpuissante en pleine lucarne (1re minute). Soit, selon la presse espagnole, le but le plus rapide de la longue histoire du Real en C1. Et l'occasion pour Bale de fêter en beauté sa prolongation de contrat jusqu'en 2022.

Le Gallois a ensuite offert une passe décisive à Benzema sur le deuxième but madrilène, d'un petit ballon en retrait (35e).

Mais au final, quelle maladresse du Real, qui a outrageusement dominé au nombre d'occasions (27 au total) ! Les hommes de Zidane auraient dû tuer le match, notamment sur une tête de Raphaël Varane sauvée sur la ligne (17e), ou sur l'une des nombreuses occasions d'un Cristiano Ronaldo pas très en veine.

Alors qu'il pensait avoir lancé sa saison le week-end dernier avec un triplé contre Alaves (4-1) en Liga, le Portugais n'a rien réussi malgré un déluge de situations favorables. Stagnant à 96 buts en Ligue des champions (tours préliminaires compris), le Portugais va donc devoir attendre pour espérer devenir le premier homme à 100 buts en C1.

Et le club polonais, à son rythme, a fini par revenir dans le match. D'abord sur un missile en pleine lucarne d'Odjija (40e), ensuite sur une bonne frappe de Radovic (58e).

Bref, en musclant son attaque, Zidane a dégarni son milieu, trop friable avec les seuls Kroos et Kovacic. Et la défense continue de montrer des signes de fébrilité: c'est le 10e match consécutif où l'équipe merengue encaisse au moins un but.

Le bilan aurait pu être encore plus sombre si Kovacic n'avait pas sauvé les siens. Le bilan aurait aussi pu être meilleur si Vazquez avait arraché la victoire in extremis. C'est tout le charme de la vie d'entraîneur, et Zidane continue d'en faire l'expérience.

Séville corrige le Dinamo

Malgré l'absence sur blessure de Samir Nasri, Séville a logiquement surclassé le Dinamo Zagreb réduit à dix (4-0) et est quasiment qualifié pour les 8es de finale de la Ligue des champions mercredi.

Du haut de ses dix points, le club andalou est seul en tête du groupe H et a pratiquement la qualification en poche. Les Sévillans auraient même pu être qualifiés dès cette quatrième journée, si la Juventus Turin (2e, 8 pts) n'avait pas été tenue en échec in extremis par Lyon 1-1 (3e avec 4 points).

Les Andalous peuvent rejoindre la phase finale dès le 22 novembre en cas de match nul ou de victoire face aux Turinois.

Face aux Croates du Dinamo, les hommes de Jorge Sampaoli n'ont pas eu besoin de forcer pour l'emporter. Luciano Vietto a ouvert la marque dès la 31e, puis le match a rapidement été plié avec l'exclusion de Petar Stojanovic juste avant la pause. Sergio Escudero, à la conclusion d'un joli une deux (66e), Steven N'Zonzi, de la tête (80e), et Wissam Ben Yedder (87e), de près, se sont chargés de corser l'addition.

Un 8e de finale de Ligue des champions ne serait pas anodin pour l'actuel quatrième du championnat d'Espagne. Le club andalou n'a plus atteint ce stade de la compétition depuis la saison 2009-2010 et une élimination contre le CSKA Moscou.

La qualification viendrait récompenser la constance du club au plus haut niveau, avec un palmarès impressionnant en Europa League ces dernières années: trois titres d'affilée en C3 de 2014 à 2016, sous l'ère Unai Emery, parti cet été au Paris SG.

Elle marquerait aussi d'une pierre blanche les premiers mois réussis du nouvel entraîneur du club andalou Jorge Sampaoli, l'ancien sélectionneur du Chili.

Autre personnalité à avoir réussi ses débuts sous les couleurs sévillanes, le Français Samir Nasri. Le milieu de terrain offensif, arrivé en provenance de Manchester City, n'était pas sur la pelouse contre le Dinamo, à cause d'une blessure musculaire à la cuisse gauche survenue samedi en Liga.

Mais celui qui fait figure de métronome de son équipe, avec trois buts toutes compétitions confondues, récupère plus vite que prévu, a prévenu son entraîneur. Et il est maintenant tout près d'un 8e de finale de Ligue des champions.

La Juventus frustrée et accrochée par Lyon

La Juventus se croyait déjà qualifiée en 8e, mais les Turinois ont laissé revenir Lyon à 1-1 in extremis mercredi lors de la 4e journée de Ligue des champions et voient la première place du groupe s'éloigner.

C'est donc Séville qui caracole en tête du groupe H avec 10 points grâce à la correction infligée au Dinamo Zagreb (4-0). La Juve compte 8 unités et Lyon 4 à deux journées de la fin de cette phase de groupe.

Le champion d'Italie n'était pas dans un grand jour et a encaissé son premier but de la saison en Ligue des Champions, sans jamais parvenir à enfoncer le clou, malgré l'ouverture du score sur penalty de Gonzalo Higuain (13e).

L'égalisation lyonnaise est arrivée à la 85e minute sur une tête de Tolisso qui prolongeait un coup franc de Ghezzal, sans doute le premier coup de pied arrêté correctement frappé par les Lyonnais.

Avec deux matches nuls à domicile en deux matches, les Italiens se sont mis en posture fâcheuse dans l'optique de la première place.

Sans jamais surclasser l'OL, les bianconeri semblaient pourtant avoir la maîtrise du match, mais la sortie sur blessure de Bonucci et le passage à une défense à trois en milieu de deuxième période a fragilisé l'édifice.

Les cadeaux de la charnière

Dans un premier temps, la Juventus avait tout de même profité de la jeunesse et de l'inexpérience d'une bonne partie des troupes lyonnaises et notamment de la très jeune charnière Diakhaby-Mammana.

L'ouverture du score est ainsi venue dès la 13e minute quand Diakhaby, naïf comme on l'est à 19 ans, a poussé des deux mains Mandzukic dans le dos en pleine surface.

Le penalty était transformé par Higuain, qui marquait sur le coup son 100e but depuis qu'il joue en Italie, et la Juventus semblait alors prête à dérouler.

Marchisio a touché l'extérieur du poteau (25e) et les Lyonnais ont beaucoup couru, c'est vrai, mais ils n'ont pas non plus été soumis à une pression terrible de la part d'une Juve un peu mollassonne et où Pjanic cherche toujours sa place.

Les Turinois auraient surtout pu et dû plier la partie à la 38e minute quand Mammana, naïf comme on l'est à 20 ans, a offert le ballon à Mandzukic à 30 mètres des buts de Lopes.

Le Croate servait Higuain au point de penalty et, inexplicablement, l'Argentin frappait nettement au-dessus et graciait l'OL.

Les Lyonnais ont alors eu le mérite de ne rien lâcher et en ont été récompensés. Au bout du compte, ils ne parviendront peut-être pas à être aussi forts que Séville et la Juventus et finiront peut-être en Europa League. Mais il vaut mieux le savoir après six journées qu'après quatre.

Monaco et Falcao touchent au but

Un nul contre Tottenham suffit à Monaco pour rejoindre les 8es de finale de la Ligue des champions, grâce à son carton contre le CSKA Moscou (3-0), avec un doublé de Falcao, mercredi pour la 4e journée.

Le projet européen de l'ASM a repris corps, deux ans après un quart de finale contre la Juventus Turin. Monaco a conforté sa place de leader du groupe E (8 points) devant le Bayer Leverkusen (6 pts), vainqueur à Tottenham (1-0), qui ne compte que 4 points.

Au pire, la place en 16e de finale d'Europa League est déjà assurée, le CSKA étant hors course.

La doublette Radamel Falcao-Valère Germain, auteur du premier but et de la passe décisive sur le troisième, a abattu les Moscovites en une seule mi-temps.

Deuxième du Championnat, la meilleure attaque de France (30 buts marqués) a fait parler la poudre, après les nuls arrachés dans les dernières minutes contre le Bayer et à l'aller à Moscou (1-1 les deux fois).

Solide et inspirée derrière son duo, l'équipe de Leonardo Jardim a profité des déboires du CSKA, qui vient de subir sa sixième défaite en neuf matches toutes compétitions confondues.

Valère Germain a d'abord profité d'un mauvais alignement de la défense de l'ancien club de l'Armée Rouge pour marquer (13), grâce à un bon contrôle puis un contre favorable face au gardien Igor Akinfeev.

Falcao réussit le K.-O.

Une bêtise de Danijel Subasic a failli compromettre l'avantage de l'ASM, mais il s'est rattrapé en détournant la frappe de Zoran Tosic (16). Le gardien croate a encore évité l'égalisation devant Carlos Strandberg (25).

Le CSKA s'était rebellé, mais Falcao l'a douché en marquant le deuxième but (28), profitant d'une montée rageuse de Benjamin Mendy, avec grand-pont et centre au second poteau.

Le Colombien a réussi le K.-O. sur une action de classe conduite avec Valère Germain. Falcao a gagné un duel, servi son partenaire, qui lui a remis dans un tempo parfait, et a tourné autour de son défenseur pour abattre Akinfeev d'une pichenette (41).

En seconde période Monaco a essayé en dilettante d'enfoncer le clou et Falcao de réussir un triplé, pour effacer ses deux dernières années quasiment blanches, mais il est passé de peu à côté (62). Le Colombien, revenu depuis dix jours à la compétition après une commotion cérébrale, avait donné tout ce qu'il avait quand il a cédé sa place à Guido Carrillo (74).

Les Moscovites ont pourtant bien joué par séquences, mais cette équipe traverse une crise de confiance patente, à l'image du récupérateur suédois Pontus Wernbloom, ridiculisé par Benjamin Mendy sur le deuxième but et dévoré par l'envie du «Tigre» Falcao sur le troisième.

Seul le Serbe Zoran Tosic a dessiné quelques schémas d'attaque intéressants.

Tottenham à nouveau renversé à Wembley

À Wembley, Tottenham n'y arrive pas: pour son deuxième match délocalisé dans la mythique enceinte, le club du Nord de Londres s'est incliné mercredi soir contre Leverkusen (1-0), lors de la 4e journée de la Ligue des champions.

L'opération est mauvaise pour les «Spurs», déjà défaits sur la même pelouse contre Monaco en ouverture de la C1. Ils occupent la troisième place du groupe E (4 pts), derrière le leader Monaco (8 pts), vainqueur au CSKA Moscou (3-0), et Leverkusen (6 pts), désormais en bonne position pour aller chercher une qualification pour les huitièmes.

Pour les Anglais, c'est maintenant le sixième match de suite sans victoire toutes compétitions confondues (quatre défaites, deux nuls). Contre les Allemands, les hommes de Mauricio Pochettino, heureux d'avoir pu ramener le match nul à l'aller (0-0) n'ont rien montré ou presque. Dominateurs physiquement, ils se sont souvent précipités en jouant vite et sans inspiration, à l'image des nombreux tirs de loin d'Eriksen.

Et ils ont manqué de réalisme en ne convertissant pas leurs moments forts, alors qu'Eriksen (48), Walker (60), Davies (82) ne cadraient pas leurs frappes. Pire, sur coup franc, Dier trouvait une transversale bien rageante (84).

En face, le trio offensif Chicharito-Mehmedi-Brandt, sans être transcendant, a posé de vrais problèmes. Notamment en contre-attaque, sur les nombreux ballons oubliés en route dans la hâte londonienne.

Mais, les hommes de Roger Schmidt n'ont, eux, pas eu besoin de beaucoup d'occasions pour s'imposer.

Un tir d'Aranguiz dévié par deux défenseurs londoniens arrivait dans les pieds de Kampl, qui trompait Lloris à bout portant (65). Chanceux, mais efficace.

Les partisans de Tottenham pourront se réjouir d'avoir battu le record pour un match d'un club anglais avec 85 512 spectateurs.

Les partisans d'Arsenal eux aussi peuvent se réjouir avant le derby dimanche en Premier League: au vu de la forme des «Gunners» et de celle médiocre de leurs voisins du nord de Londres, c'est le bon moment pour affronter les «Spurs».

Dortmund qualifié pour les 8es, sans Aubameyang

Sans son buteur Aubameyang suspendu par le club, le Borussia Dortmund s'est qualifié pour les 8es de finale de la Ligue des Champions, grâce à une victoire laborieuse 1 à 0 mercredi à domicile contre le Sporting de Lisbonne.

Dortmund reste en tête de son groupe, avec désormais deux points d'avance sur le Real Madrid, tenu en échec à Varsovie par le Legia (3-3).

Les deux clubs devraient se disputer la première place lors de la dernière journée, le 7 décembre à Madrid.

Le Sporting n'est pas mathématiquement éliminé, mais doit battre le Real et espérer une victoire de Dortmund à Madrid.

Dortmund, qui traverse une passe difficile en championnat, savait qu'une victoire lui ouvrirait les portes des 8es de finales, et lui permettrait de passer l'hiver sans être trop rongé par le doute.

Surprise pourtant à l'annonce des équipes: pour ce match décisif, le buteur fétiche Pierre-Emerick Aubameyang n'était pas sur la feuille de match. Écarté du groupe «pour des raisons internes», selon l'entraîneur Thomas Tuchel, qui s'est totalement refusé à expliquer les raisons de sa décision.

Tout juste a-t-il accepté de dire que la mise à l'écart du ballon d'or africain serait limitée à cette soirée de Ligue des Champions, et qu'il retrouverait sa place dans le groupe dès jeudi.

C'est donc le Colombien Adrian Ramos qui débutait le match en pointe, l'équipe se présentant dans son 4-1-4-1 habituel.

«Les retours de Raphaël Guerreiro et de Gonzalo Castro pourraient être un facteur très important», avait espéré Thomas Tuchel, «ce sont les meilleurs passeurs en Bundesliga et c'est ce qui nous manque depuis plusieurs matches. Nous manquons de précision».

Mais c'est Ramos qui se montrait le premier digne de la confiance de son coach, en ouvrant le score dès la 12e minute, de la tête à la reprise d'un centre de Ginter.

Les jaunes se sont-ils ensuite endormis sur leur but d'avance? Le rythme a en tous cas baissé, les mauvaises passes ont commencé à se multiplier, et l'on a retrouvé le Borussia qui est actuellement en difficulté en championnat: de la bonne volonté et de l'énergie, mais un manque de rigueur et de réalisme qu'il paye comptant.

Le remplacement de Dembélé par André Schürrle dès la mi-temps a certes apporté une présence physique devant qui manquait, en l'absence d'Aubameyang, mais n'a pas apporté plus de rigueur au jeu du Borussia. Et les jaunes, qui auraient pu tuer le match bien plus tôt, ont dû trembler jusqu'à la dernière seconde pour assurer leur courte victoire, synonyme de qualification.