Une organisation sportive internationale matraquée par un scandale lié à des allégations de corruption. Le président qui fait face à des pressions pour qu'il démissionne. Le département de la Justice des États-Unis et le FBI qui mènent l'enquête. Des commanditaires qui réclament des réformes.

La FIFA en 2015?

Voilà, plutôt, la crise qui a confronté le Comité international olympique (CIO) à la fin des années 1990. Mais le CIO est parvenu à réagir rapidement pour redorer son image et mettre en marche des réformes qui ont aidé à restaurer la crédibilité de l'organisation et la confiance portée envers elle.

Maintenant, le CIO est perçu comme un modèle à suivre pour la FIFA, qui essaie de se dépêtrer du plus gros scandale de ses 111 ans d'histoire. Or, selon l'homme qui a aidé à nettoyer le CIO, la tâche sera beaucoup plus difficile pour l'organisation qui supervise le soccer mondial.

«C'est un fouillis total, a résumé Dick Pound, lors d'une entrevue téléphonique accordée à l'Associated Press, depuis Montréal. «C'est peut-être trop tard.»

Pound, un avocat originaire de St. Catharines, en Ontario, a dirigé l'enquête interne en lien avec les allégations qui ont secoué le CIO jusque dans ses assises. L'affaire, qui a été révélée en décembre 1998, tournait autour de nombreuses faveurs associées à la candidature victorieuse de Salt Lake City en vue de l'obtention des Jeux d'hiver de 2002.

Le coût de ces cadeaux s'est élevé à environ 1 million de dollars - des peccadilles si l'on compare à la somme de 150 millions de dollars avancée par le département de Justice dans son enquête sur des allégations de pots-de-vin, de racket, de blanchiment d'argent et de fraude électronique à la FIFA sur une période de plus de deux décennies.

Si l'ampleur des allégations touchant la candidature de Salt Lake City était beaucoup moins importante, la crise était au moins tout aussi grave pour le CIO. L'organisation devrait répondre à des critères d'excellence plus élevés à cause des valeurs et idéaux associés aux Jeux olympiques.

L'enquête de Pound a mené à l'expulsion de six membres du CIO, la démission de quatre membres et de sévères avertissements pour plusieurs autres. Contrairement au dossier touchant la FIFA, personne n'a fait face à d'accusations criminelles.

Le CIO a fait appel à des experts pour restructurer l'organisation. Environ un an plus tard, le CIO adoptait une réforme en 50 points qui, entre autres, interdisait les visites de membres dans les villes candidates. La réforme a aussi mené à la création d'un comité d'éthique indépendant et à l'ajout de limites aux mandats.

«Nous avons traité cette affaire avec sérieux et fait ce que nous devions faire, a déclaré Pound. Je ne sais pas si la FIFA est désireuse, ou même capable de poser le même genre de gestes.»