Ancien gardien de l'Impact, le sélectionneur canadien Andrew Olivieri n'a jamais disputé le moindre match au Stade olympique, théâtre du duel décisif contre la Corée du Nord, ce soir. Le Montréalais n'a pas plus connu le déménagement au stade Saputo ou les folles soirées de Ligue des champions. Son Impact à lui, au milieu de la dernière décennie, est celui des longs déplacements en autocar vers Charleston ou Rochester, dans le rôle de doublure de Greg Sutton.

«J'ai peut-être joué cinq ou six matchs, rappelle le principal intéressé à La Presse. C'était une grande époque pour l'Impact. C'est le moment où l'on a su que la MLS était quelque chose de possible avec des foules de 14 000 personnes. On savait que de belles choses attendaient le club.»

Sur le plan personnel, Olivieri dresse un constat plus lucide sur sa carrière, ensuite passée dans les rangs de Laval et de Trois-Rivières, dans la Ligue canadienne de soccer. Même s'il a été un membre de l'équipe nationale lors d'un tournoi de qualification olympique, il a rapidement imaginé et défini les grandes orientations de son après-carrière.

«On peut dire que j'ai connu une carrière très modeste. Mais pendant mes dernières années comme joueur, j'ai eu la chance de me tourner vers un rôle d'entraîneur et, même, de faire les deux en même temps. J'ai toujours aimé le soccer, le coaching, et j'ai toujours souhaité rester dans ce milieu», explique l'homme de 33 ans.

Le voir à la tête d'une équipe de haut niveau n'est donc pas surprenant si l'on regarde ses aspirations et son parcours. Elle n'étonne en tout cas pas ses anciens coéquipiers, qui voyaient déjà en lui un bon interlocuteur pour disserter sur les grands thèmes du soccer.

«Nous échangions souvent sur les problèmes tactiques rencontrés chez l'Impact, révèle son ami Patrick Leduc. Il avait des solutions innovatrices et de bonnes idées d'exercices. J'aurais eu envie de jouer dans son équipe.»

Comment Olivieri a-t-il ensuite mis le pied dans la porte du programme national féminin? Comme bien souvent, une rencontre et un coup de pouce du hasard peuvent faire basculer une vie professionnelle. Alors directeur technique de l'ARS Lac St-Louis, il s'est d'abord joint à l'équipe des moins de 23 ans, puis à la sélection senior masculine pour deux camps. Lorsque John Herdman a pris la barre de l'équipe féminine, il a immédiatement fait appel à Olivieri, précédé d'une réputation flatteuse. Mais après une série de matchs amicaux, puis les Jeux panaméricains, le Montréalais a fait part à Herdman de sa volonté de ne pas être cantonné à un rôle d'entraîneur des gardiens. 

«J'ai toujours aimé travailler avec les gardiens de but, mais j'avais l'ambition de m'occuper d'un groupe au complet, précise Olivieri. Je voulais être entraîneur-chef et responsable de la dynamique d'une équipe et d'un personnel.»

En 2012, on lui a justement proposé la tête de l'équipe des moins de 20 ans, ainsi que du programme Excel pour la tranche d'âges de 18 à 23 ans. Concrètement, Olivieri s'occupe de mettre en place les structures de développement, de faire du dépistage ou de suivre ses joueuses actuelles, malgré les distances. 

«Je n'ai pas hésité à accepter, car John m'a fait une grande impression, et ses habiletés comme leader et sa façon d'influencer les autres sont des exemples. [...] Puis, au haut niveau, les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas si grandes que ça. C'est sûr que le côté physique est différent et que cela change les capacités techniques. Mais que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, il faut avant tout s'ajuster aux différents individus.»

Dans le vestiaire des moins de 20 ans, Olivieri fait l'unanimité depuis deux ans. Sa communication, sa planification et son sang-froid sont vantés par ses troupes. 

«C'est quelqu'un de très calme, lance l'attaquante Valérie Sanderson. Tout le monde aime comment il s'exprime et tout le monde l'écoute. C'est un entraîneur modèle dans les situations difficiles, que l'on soit menées ou que l'on mène.»