Lorsque Jesse Marsch a amorcé sa carrière, en 1996, la vidéo était loin d'être un outil utilisé par tous les entraîneurs de la MLS. Non seulement la technologie était mal adaptée à leurs besoins particuliers, mais certains d'entre eux n'en voyaient tout simplement pas l'utilité.

«Quand j'ai débuté comme professionnel, il y avait encore les VHS. Nous nous asseyions dans une salle et les entraîneurs reculaient ou avançaient la cassette frénétiquement, se rappelle Marsch. Et ce n'était pas tous les entraîneurs qui décidaient d'en montrer. Cela a beaucoup changé et les joueurs d'aujourd'hui comprennent que c'est une portion nécessaire de leur préparation.»

Dans le cas de l'Impact, la séance de visionnement a généralement lieu la veille du match. Tout juste avant le dernier entraînement, les joueurs se réunissent pour regarder quelques clips de leur prochain adversaire. En seulement 6 à 8 minutes, l'objectif est de mettre en lumières ses tendances, ses forces, mais aussi ses faiblesses.

Ces quelques minutes représentent un travail substantiel pour Preston Burpo et Denis Hamlett, qui se partagent la responsabilité de décortiquer le style de l'adversaire. L'entraîneur des gardiens se concentre sur les coups de pied arrêtés - coup franc, corner... -, alors que l'adjoint de Marsch hérite de toutes les autres facettes du jeu.

Un message clair

Pour une vidéo présentée le vendredi matin, les deux hommes entament leur réflexion dès le mardi. La journée marque alors le début de plusieurs rencontres et discussions sur l'adversaire.

«Nous réunissons toutes les informations pertinentes et nous rencontrons ensuite le reste du personnel d'entraîneurs, explique Hamlett. Nous avons ensuite une discussion entre nous sur les séquences que nous jugeons utile de montrer au groupe. Finalement, nous faisons un montage qui est montré la veille de match.»

«Cela va droit au but pour les joueurs, mais pour Denis et moi, il y a pas mal de temps investi, ajoute Burpo. Le message doit être clair, ce qui signifie que la vidéo doit être relativement courte et ne pas les ennuyer.»

Lorsqu'il était assistant de Bob Bradley à Chicago, Hamlett regardait la cassette des matchs en notant les minutes et les secondes de chaque action pertinente. Aujourd'hui, l'Impact a accès à Mambo studio de Match Analysis. Près de 2500 évènements par match sont répertoriés et classés par catégorie. Facile à utiliser, le logiciel complémente la connaissance que le personnel d'entraîneurs possède des 18 autres clubs dans la Ligue.

Par exemple, Marsch a déjà avoué avoir passé quelques soirées à regarder plusieurs matchs en même temps. Ses adjoints visionnent également le maximum de rencontres possibles. Il y a finalement les joueurs qui, en cette saison d'expansion, possèdent des CV quadrillant la majorité des équipes de la MLS.

«Nous pouvons nous appuyer sur leurs références, leurs connaissances des adversaires ou l'approche des entraîneurs. Chaque fois, nous avons eu une très bonne idée des particularités de chaque équipe», explique l'entraîneur-chef montréalais.

Les joueurs posent des questions

Les joueurs peuvent évidemment poser des questions pendant ou après le visionnement. Cela se vérifie surtout lorsque l'Impact croise un adversaire pour la première fois. Cette saison, la dernière équipe à avoir affronté l'Impact pour la première fois a été San Jose. Pour l'occasion, Hamlett avait préparé une vidéo spéciale.

«Avant ce match, j'ai compilé quelques clips de Steven Lenhart et de Chris Wondolowski pour montrer à nos défenseurs quels étaient les mouvements et les tendances des deux attaquants.

«En tant qu'entraîneurs, nous connaissions San Jose, mais les joueurs ne les avaient pas forcément suivis, souligne-t-il. Nous avons passé plus de temps dans la salle de visionnement et les joueurs ont posé davantage de questions que d'habitude.»

L'autre volet vidéo de la semaine concerne les joueurs de l'Impact eux-mêmes. Les séances de groupe se focalisant sur le dernier match montréalais sont plutôt rares. Les entraîneurs privilégient une approche individuelle. Généralement, Hamlett s'occupe des défenseurs, Mike Sorber, des milieux de terrain et Mauro Biello, des attaquants.

«Les joueurs voient les vidéos de leur dernier match de façon individuelle tout au long de la semaine. Après un entraînement, on peut leur dire: Viens avec moi, je vais te montrer une ou deux situations qui se sont présentées dans le match afin de confronter nos opinions», conclut Hamlett.