La finale de la Ligue des champions, cet après-midi (14 h 45) à Munich, n'a ni le glamour d'un Manchester United-FC Barcelone ni la puissance dramatique d'un énième Clasico. Mais ce Bayern Munich-Chelsea est toutefois entouré de nombreuses intrigues, interrogations et belles histoires.

Des défenses décimées

Toute finale qui se respecte comporte son lot de joueurs absents. Cette année, ce sont surtout les défenses qui vont en pâtir. Du côté de Chelsea, le capitaine John Terry et Branislav Ivanovic, suspendus, suivront le match des tribunes. La révélation munichoise David Alaba, sur le côté gauche, et Holger Badstuber, en défense centrale, ont également récolté le carton jaune de trop lors de l'âpre duel contre le Real Madrid. Ailleurs sur le terrain, les milieux Ramires, Raul Meireles (Chelsea) et Luiz Gustavo (Bayern) sont également suspendus.

La revanche des attaquants

S'ils sont les porte-étendards offensifs de leur équipe respective, le Munichois Mario Gomez et le Londonien Didier Drogba ont connu quelques bas au sein de leur club actuel. Recruté à prix d'or en 2009, Gomez a par exemple connu une première année difficile au terme de laquelle Louis van Gaal lui avait même indiqué qu'il ne comptait plus sur lui. De son côté, Drogba a dû lutter contre le recrutement boulimique de Chelsea dont Fernando Torres est la dernière gourmandise. Cette année en Ligue des champions, Gomez est le deuxième buteur de la compétition derrière Lionel Messi, tandis que Drogba a été énorme, dans ses performances autant que dans ses efforts, lors des matchs décisifs. Deux hommes à surveiller bien entendu.

L'ombre de Mourinho

Jose Mourinho a beau être parti depuis 2007, son ombre plane encore et toujours sur Stamford Bridge. Près de la moitié de l'équipe type de Chelsea, cette saison, était présente à l'époque du titre anglais de 2005-2006. Avec un noyau de joueurs qui s'inscrit dans une telle période de temps, il est logique que Chelsea n'ait pas 36 façons de jouer. Depuis le départ de l'entraîneur portugais, Carlo Ancelotti a ainsi brièvement implanté un 4-4-2 en losange alors qu'Andre Villas-Boas prônait un pressing plus haut sur le terrain. Résultat? Ancelotti est revenu au 4-5-1 alors que Villas-Boas a fait marche arrière avant d'être remplacé par Roberto Di Matteo. Il reste que cette équipe vieillissante, déjà loin de son apogée, n'aura plus guère d'occasions de remporter un tel trophée.

Dépendance du duo Ribéry-Robben

Malgré la présence de plusieurs internationaux allemands, dont Gomez et Bastian Schweinsteiger, le Bayern reste dépendant de ses ailiers Arjen Robben et Franck Ribéry. En effet, on imagine mal une victoire munichoise sans une bonne performance de l'un de ces deux joueurs. Absent lors de la finale 2010 perdue contre l'Inter Milan, le Français est le meilleur passeur de la compétition (cinq) et celui qui a été victime du plus de fautes (42). Même s'il a connu des moments d'extrême tension au cours des dernières semaines, ce duo oubliera ses querelles le temps de 90 minutes. Avec un objectif commun: remporter le précieux trophée devant son public, ce qui n'est plus arrivé depuis 1965 à San Siro (Inter Milan).

Duel d'entraîneurs inattendu

Adjoint d'Andre Villas-Boas jusqu'au mois de février, Di Matteo a été propulsé à l'avant-scène en redressant la saison de Chelsea. En quelques semaines, il a dirigé une équipe victorieuse en FA Cup et finaliste en Ligue des champions après avoir éliminé le grand FC Barcelone. Son homologue bavarois, Jupp Heynckes, a déjà joué un rôle similaire en 2009 après le passage raté de Jürgen Klinsmann. Cette année, il a également redonné la confiance et l'envie à un groupe victime de l'autoritarisme de Van Gaal. Qui entrera dans l'histoire? L'entraîneur par intérim qui pourrait être, malgré tout, remercié dans quelques semaines? Ou l'un des rares instructeurs à s'épanouir à Munich, et qui a déjà soulevé ce trophée en 1998 avec le Real Madrid?

Une saine gestion

Chelsea a cédé son fauteuil d'acheteur compulsif à Manchester City au cours des dernières années. Le propriétaire Roman Abramovitch est toutefois capable de quelques folles dépenses, comme les 105 millions qui ont servi à recruter Fernando Torres et David Luiz, en janvier 2011. À l'opposé, le Bayern Munich est un modèle de gestion qui pourrait immédiatement se conformer aux règles du fair-play financier de l'UEFA. Avec Uli Hoeness comme président, le Bayern est un club aux ambitions internationales, mais avec un budget équilibré et sans excès. «Je préfère échouer mais ne pas mettre en péril les finances du club», a-t-il déjà déclaré.

Prédiction : Bayern Munich 2, Chelsea 1