Porté aux nues dans certaines régions du monde, le schéma tactique en 4-3-3 a toujours été une source de division en Amérique du Nord. Les déclarations de l'ex-joueur John O'Brien ont relancé le débat sur sa pertinence au sein des équipes nationales américaines et des formations de la MLS.

La trame de départ de l'article publié dans Soccer America se retrouve à Nashville lors de l'élimination surprise de l'équipe olympique américaine contre le Salvador, en mars dernier. Le schéma en 4-3-3 du sélectionneur Caleb Porter s'est immédiatement retrouvé au centre de salves venues de toutes parts.

En résumé, ses détracteurs estimaient que les joueurs américains ne détenaient pas un bagage technicotactique suffisamment développé pour bien le pratiquer. Et qu'ils n'en possédaient pas une bonne compréhension, notamment en phase défensive.

«Combien de joueurs ont déjà évolué dans un 4-3-3 aux États-Unis et à quel moment de leur cheminement l'ont-ils appris, se demande également l'aide-entraîneur de l'Impact, Mike Sorber. C'est un débat qui amène des questions intéressantes.»

Parmi les joueurs concernés, la question n'a cependant pas lieu d'être posée. Le défenseur de l'Impact Zarek Valentin était un membre de l'équipe américaine lors du tournoi de qualification olympique. En avouant qu'il s'agissait de sa «formation préférée» - puisqu'elle permet aux latéraux de s'exprimer offensivement -, il a rapidement tenu à rétablir quelques faits.

«Je ne pense que notre élimination soit causée par le 4-3-3 ou le coaching. Cela est plutôt dû à une mauvaise exécution de certains jeux. Si l'on regarde le match contre Cuba (6-0), nous nous en sommes bien sortis, puis contre le Canada, nous avons été faibles sur deux coups de pied arrêtés.»

Valentin rappelle que cette tactique a également donné de bons résultats dans plusieurs catégories de jeunes. Il ne faut pas aller plus loin qu'Ottawa pour trouver la trace d'une telle performance.

«Mon frère a battu le Brésil [lors du mondial des moins de 20 ans en 2007] en jouant dans un 4-3-3. Je ne dirais pas que c'est un mythe d'affirmer que nous ne pouvons gagner avec ce système, mais c'est quelque chose que nous devons faire de façon plus constante.»

Il reste que le 4-3-3, voire le 4-2-3-1 qui offre une meilleure assise défensive, n'a jamais été le schéma le plus utilisé en Amérique du Nord. Cette année, en MLS, le Toronto FC, le Sporting Kansas City et les Rapids du Colorado sont quelques-unes des exceptions au milieu d'un océan de 4-4-2.

Le cas torontois, depuis le début de l'ère Aron Winter, est souvent utilisé pour illustrer l'inefficacité du système. «N'importe quelle équipe peut gagner avec n'importe quel système, estime plutôt Sorber. Il s'agit davantage des joueurs qui sont à ta disposition que du système.»

Sous-entendu, Toronto ne serait pas forcément plus efficace avec un autre schéma tactique. A contrario, le Galaxy aurait aussi pu être champion l'an dernier avec un seul attaquant axial.

Une question de transition

En soi, il n'existe pas de schéma tactique offensif ou défensif. Ce sont davantage les principes de jeu d'une équipe qui lui confèrent son identité. Sauf que le 4-3-3 est très majoritairement utilisé par des clubs techniques qui préconisent une bonne possession du ballon et un pressing très soutenu en phase défensive. Cela comporte quelques inconvénients.

«Tu es assez exposé défensivement et si tu ne retiens pas le ballon, tu es clairement à la merci des contre-attaques, analyse O'Brien. Dans le 4-3-3, tu dois être conscient que même en possession, tu dois être prêt en cas de perte du ballon.»

Voilà donc le secteur de jeu qui peut le plus poser problème à de jeunes joueurs.

«L'aspect le plus intéressant est le jeu de passes avec la possibilité de faire des combinaisons en triangle. Mais j'admets que la façon de jouer ce système met beaucoup de pression sur la défense, ajoute Valentin. Nous avons montré comment bien utiliser un 4-3-3, et quelles en sont ses faiblesses.»

Ce débat a par ailleurs mis de l'avant les progrès enregistrés aux États-Unis sur le plan tactique. Peu d'observateurs auraient osé élever la voix dans un passé pas si lointain.

«Dans mon cas, il y a deux décennies, je n'ai pas été initié à la tactique avant d'avoir 20 ans, assure Sorber. Il n'y avait pas vraiment de discussion tactique aux États-Unis alors que les jeunes joueurs abordent aujourd'hui davantage le positionnement tactique.»

La preuve de tout ce changement est que le directeur technique national des catégories de jeunes, Claudio Reyna, tente d'unifier le système de jeu de toutes les équipes. Sa tactique privilégiée? Le 4-3-3... Cela promet d'autres débats enlevants.