Qui est Carlos Alberto Parreira? D'un côté, le champion du monde 1994 (avec le Brésil) s'apprête à établir un nouveau record de participations au Mondial (six), mais de l'autre, son histoire mitigée avec l'Afrique du Sud et son style défensif ont écorné son aura.

Le sélectionneur des Bafana Bafana ne cadre pas avec le cliché du Brésilien soucieux de spectacle. Sa formation universitaire, ses stages en Angleterre et en Allemagne, ses lectures footballistiques abondantes l'ont porté très jeune à privilégier théorie, méthode et discipline.

C'est ainsi qu'il a remporté le Mondial-1994 (aux tirs au but). Et qu'importe le style, que certains au Brésil qualifiaient de «jogo feio» (jeu moche): la reconquête du titre suprême après vingt-quatre ans de disette faisait taire les mauvaises langues.

Lesquelles se sont libérées en 2006, lorsque sa Seleçao se fait éliminer sans gloire dès les quarts de finale par la France (1-0). Et une phrase le poursuit, qui, apocryphe ou non, symbolise sa philosophie de jeu: «Un but est tout juste un détail». Rédhibitoire, au Brésil.

S'il a réussi à qualifier des nations moins huppées pour le Mondial (Koweit en 1982, Emirats arabes unis en 1990, Arabie saoudite en 1998), elles n'ont avec lui jamais dépassé le premier tour.

L'Afrique du Sud connaîtra-t-elle le même sort? Qualifiée d'office en tant qu'organisateur, elle a la pression. Surtout après avoir été absente de la Coupe d'Afrique des nations 2010, ce qui fait mauvais genre.

«Ping-pong»

Pourtant, tout avait bien commencé pour Parreira. Engagé en janvier 2007, il est considéré comme l'homme idoine pour préparer le Mondial à la maison. Mais la cassure s'amorce avec une CAN-2008 ratée (trois matches sans victoire assortis d'une élimination au premier tour).

Il démissionne en avril 2008 pour se rendre au chevet de son épouse, malade. Sur ses recommandations, son adjoint Joel Santana lui succède mais l'intermède s'achève sur une série de matches amicaux catastrophiques après une Coupe des Confédérations en demi-teinte (4e mais une seule victoire contre la Nouvelle-Zélande).

Parreira revient alors, après un semestre à Fluminense, son club de coeur au Brésil, ponctué par un limogeage. Ce n'est plus le messie: on apprécie son expérience de la Coupe du monde, tout en le soupçonnant de revenir comme mercenaire, attiré par un contrat léonin. Ce qu'il réfute.

Depuis, les Bafana Bafana se traînent dans les matches amicaux contre de modestes adversaires. Parreira se dédouane de la pénurie offensive: «Il y a un problème avec l'attaque en Afrique du Sud. Au Brésil, on n'a pas fait Bebeto et Romario. On les a trouvés et on les a utilisés». Et il accuse la faiblesse du championnat local, «c'est comme du ping-pong, personne ne garde le ballon».

Mais lui qui estime avoir hérité du «groupe le plus ouvert» reste cependant optimiste: «Nous progressons dans la conservation du ballon. Maintenant, il nous faut marquer des buts. Mais on n'a pas besoin d'en marquer dix pour gagner un match de Coupe du monde. Un seul peut suffire».

On ne se refait pas.