Une explosion de joie a accueilli samedi soir la victoire de l'Égypte sur l'Algérie au Caire (2-0), un match précédé de vives tensions et qui a vu les Pharaons sauvegarder à la dernière minute leurs chances d'une qualification au Mondial-2010.

Une défaite avec un seul but d'écart aurait suffi à l'Algérie pour se qualifier pour la Coupe du monde en juin en Afrique du Sud et éliminer l'Égypte. Les Pharaons ont d'ailleurs mené 1-0 pendant la majeure partie de la rencontre, mais leur 2e but inscrit dans le temps additionnel a ouvert la voie à un match d'appui entre les deux équipes mercredi à Omdurman, près de Khartoum (Soudan).

Concerts de klaxons et supporteurs en délire brandissant des drapeaux égyptiens ont immédiatement envahi les rues de la capitale, dont les artères d'ordinaire lourdement embouteillées s'étaient vidées durant la rencontre.

«Égypte, Égypte!», ont crié en choeur les quelque 70 000 spectateurs égyptiens au stade international du Caire, tandis que des feux d'artifice illuminaient le ciel, alors que quelques minutes plus tôt, ces mêmes supporteurs, la mine lugubre, s'apprêtaient à partir avant la fin du match.

«Je savais qu'ils allaient marquer à la dernière minute, ça c'est l'Égypte», s'est exclamé l'un d'eux à la sortie du stade.

«C'est un rêve», a affirmé avec émotion un autre fan des Pharaons, Hani, tandis que son compatriote Mohammed proclamait: «Nous méritions de gagner contre l'Algérie. Nous sommes les Pharaons!».

Le président égyptien Hosni Moubarak, dont les deux fils Gamal et Alaa étaient dans les tribunes, a adressé ses félicitations aux joueurs.

Les célébrations d'après-match se passaient apparemment dans le calme, alors que les craintes de violences étaient vives en raison du climat tendu des jours précédents. Jeudi soir, le bus qui transportait la sélection algérienne avait été lapidé par des supporteurs égyptiens à l'aéroport du Caire.

Les traces de l'agression étaient d'ailleurs visibles pendant la rencontre sur deux des trois joueurs algériens blessés, qui portaient des pansements à la tête.

Les esprits s'étaient encore échauffés quand les médias et les services de sécurité égyptiens ont soutenu que l'équipe d'Algérie avait mis l'attaque en scène. En Algérie, la presse a en revanche évoqué un «guet-apens».

Dans cette ambiance survoltée, alimentée par la rivalité souvent houleuse entre ces deux pays phares du football africain et arabe, la FIFA avait demandé aux autorités égyptiennes de prendre «toutes les mesures de sécurité» pour que le match ait lieu.

Les autorités égyptiennes ont ainsi imposé des mesures de sécurité draconiennes. Des unités de la police anti-émeute ont été déployées dans et à proximité du stade, jusqu'aux tribunes, et un cordon de sécurité a été établi autour de l'enceinte.

Les autorités des deux pays avaient multiplié les appels au calme au cours des derniers jours.

La jubilation des Égyptiens était d'autant plus intense que la tâche s'annonçait très difficile pour leur sélection. Mais les deux équipes terminent finalement à égalité de points (13) et avec la même différence de buts (+5).

L'Algérie n'a pas participé à un Mondial depuis 1986, l'Égypte depuis 1990.