À 23 ans, Amélie Kretz est l'une des triathloniennes les plus prometteuses de la planète. Depuis 2015, elle fait partie d'un groupe d'entraînement sélect qui partage son temps entre l'Australie et l'Espagne. Dirigés par l'entraîneur néo-zélandais Jamie Turner, les Wizards de Wollongong comptent dans leurs rangs la numéro un mondiale et grande favorite pour le triathlon olympique de Rio, Gwen Jorgensen. L'Américaine de 30 ans a développé une belle complicité avec sa jeune partenaire québécoise. Elle a accepté d'en parler avec La Presse.

Q: À quel point connaissiez-vous Amélie Kretz lorsqu'elle s'est jointe à votre groupe d'entraînement en janvier 2015?

Gwen Jorgensen: Elle était venue s'entraîner avec nous à Vitoria [en Espagne] l'année précédente. Je l'ai donc connue un peu, mais pas tant que ça. [L'entraîneur] Jamie [Turner] veut toujours s'assurer que les nouvelles se fondent au groupe. Tant pour Amélie que pour Sarah-Anne [Brault, une autre olympienne québécoise] et quelques autres, j'ai dit oui, ce serait de bonnes candidates.

Q: Quel est l'avantage pour une numéro un mondiale de s'entraîner avec une athlète en devenir comme Amélie?

R: Amélie est très forte. Quand elle se présente à un entraînement, je sais qu'elle va donner son 100%. J'apprends beaucoup d'elle sur le plan psychologique quand elle arrive prête à faire le travail même si elle est fatiguée. C'est très encourageant. Il y a des jours où Am est plus forte que moi et elle me pousse. Si on fait un entraînement de vélo, je dois essayer de garder sa roue. C'est très souffrant.

Q: Quel genre de personne est-elle à l'entraînement?

R: Elle est toute une partenaire. Elle est toujours positive. Elle ne se plaint pas. Elle est simplement prête à y aller à fond. C'est exactement ce que tu souhaites d'une athlète.

Q: Amélie Kretz a 23 ans et vous en avez 30. Pouvez-vous comparer où vous en étiez au même âge?

R: À 23 ans, je ne faisais pas de triathlon! [NDLR: Jorgensen était une nageuse et une coureuse dans les rangs universitaires américains.] Dans le groupe, on m'appelle grand-maman. Et mon mari Patrick se fait appeler grand-papa. On est un peu plus vieux que les autres. Et jusqu'à ce que vous me rappeliez l'âge d'Am, j'avais oublié à quel point elle était jeune. Être avec elle me fait sentir plus jeune. C'est un autre avantage de l'avoir dans le groupe... Mais elle est plutôt mature pour son âge. Elle est très indépendante. Elle vit seule 9 mois sur 12. Elle fait toute sa cuisine, ses courses, s'occupe de l'entretien et de la mécanique de son vélo. Elle prend les choses en charge dans tous les domaines. Ça témoigne de sa maturité.

Q: Quelles sont ses principales qualités en compétition?

R: Quand elle s'y met, elle peut presque tout faire. Si elle va à une course et qu'elle a un but, il faut compter sur elle. Je l'ai vue s'entraîner et elle va seulement s'améliorer d'année en année.

Q: Une fracture de stress à un fémur a tenu Amélie Kretz à l'écart de la compétition pendant plusieurs mois l'an dernier. L'avez-vous aidée à garder le moral?

R: Les blessures sont la partie la plus difficile du sport. On y fait tous face et chacun y réagit différemment. Am a très bien rebondi. Elle a gardé une bonne attitude et elle est revenue encore plus motivée. Il faudrait poser la question à Am parce que je ne sais pas si j'ai été un facteur dans tout ça.

Q: Que peut-elle espérer pour ses premiers Jeux olympiques à Rio?

R: Am peut réussir tout ce qu'elle veut. Elle est très forte. Il est clair qu'on ne l'a pas encore vue au mieux de sa forme. Elle a montré un aperçu ici et là, mais je l'ai vue s'entraîner et elle a encore de plus belles choses à réaliser en course. Le reste du monde devrait l'avoir à l'oeil.

PHOTO OLIVIER JEAN ET MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

PHOTO OLIVIER JEAN ET MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE- Montréal, Québec --- Amelie Kretz, triathlon. Portrait Olympique pour un special sur les athletes canadiens pour les jeux de Rio de Janeiro. --- - / Tuesday/ 22/ December/ 2015 --- - Techno #