Ivanie Blondin chausse les patins depuis sa plus tendre enfance et, très tôt, elle a affiché son caractère très compétitif. Mais ce n'est qu'à l'âge de 20 ans qu'elle a véritablement trouvé sa voie. Elle a alors délaissé le patinage de vitesse courte piste pour le longue piste.

Cette décision l'a réconciliée avec le sport et permet aujourd'hui à l'Ottavienne de 27 ans de viser le podium aux prochains Jeux olympiques de PyeongChang.

«J'avais deux ans quand j'ai commencé à patiner. C'était sur la patinoire que mon père faisait derrière la maison. Puis, mes parents m'ont inscrit à des cours de patinage artistique. Mais je n'étais pas très gracieuse, admet-elle en riant. J'étais plutôt attirée par la vitesse. Mon entraîneur a alors parlé à mes parents et leur a recommandé que j'essaie le patinage de vitesse.»

C'est ainsi qu'à 14 ans, elle a assouvi son besoin de vitesse et de compétition en chaussant les patins à longues lames. Elle a immédiatement adoré l'expérience. Mais son aventure a failli tourner au cauchemar.

Il y a d'abord eu les commotions cérébrales, cinq en trois ans, qui l'ont mis à mal. Elle avoue qu'elle était très mal en point après la dernière.

C'est sans compter que le courte piste est la chasse gardée des patineurs québécois depuis belle lurette.

«Je suis francophone, mais de l'Ontario. Comme le courte piste est vraiment plus l'affaire des Québécois, les décisions n'allaient pas toujours dans mon sens, explique-t-elle sans amertume. Je m'entraînais vraiment fort et je performais bien. C'était très frustrant.»

Et il y a aussi que les épreuves de courte piste se jouent sur de courtes distances - 500 m, 100 0m, 1500 m - alors que Blondin est plus une athlète de longue distance.

«Le longue piste me convenait davantage», reconnaît-elle.

Une battante

Au circuit de la Coupe du monde, Blondin a fait sa renommée grâce à son brio dans l'épreuve du départ de groupe, discipline qui fera ses débuts au programme olympique à PyeongChang. Elle a même été sacrée championne du monde de la spécialité en 2016, un point tournant dans sa carrière.

«Je suis très fière de cette performance. Ça n'allait pas super bien mentalement et physiquement pour moi à ce moment-là. J'avais connu un bon début de saison 2015-16 mais, une fois aux mondiaux, j'ai ressenti une grande fatigue.»

Après une contre-performance au 3000 mètres, elle a décidé de faire l'impasse sur le 5000 mètres.

«Je n'avais plus de gaz dans le réservoir. Et le fait d'avoir réussi à passer au travers et de gagner le départ de groupe, malgré mon état, j'ai vraiment vécu un grand moment.»

Blondin avoue d'ailleurs que son caractère combatif contribue à sa réussite dans cette épreuve.

«Dès que j'embarque sur la glace, je suis prête à faire tout ce qu'il faut pour gagner. Je n'ai pas peur de jouer du coude, de pousser au risque de tomber. Mon expérience du courte piste me donne un avantage. Je suis agile, mais aussi tactique. Je sais me positionner au moment où le sprint va être lancé.»

Même s'il faut compter sur elle pour un podium au départ de groupe, elle vise encore plus haut, surtout depuis qu'elle a décroché la médaille de bronze du 5000 mètres aux Championnats du monde de distances individuelles à Gangneung, en Corée du Sud, l'an dernier.

«J'envisage la possibilité d'aller chercher des médailles au 3000 m, au 5000 m et dans la poursuite», estime Blondin, des objectifs qui comblent d'aise ses entraîneurs qui ont toujours cru qu'elle avait ce qu'il faut pour briller sur ces distances.

Sa médaille d'or acquise au 3000 mètres, le week-end dernier, à Erfurt, en Allemagne, lors de la dernière Coupe du monde avant le rendez-vous olympique a conforté ses ambitions.

Et son expérience des Jeux de Sotchi en 2014 - 24e au 3000 m, 14e 5000 m et 5e poursuite par équipes - lui sera d'un précieux atout.

«Je n'aime pas dire que je n'étais pas prête à Sotchi, mais je ne suis plus la même athlète aujourd'hui. J'ai beaucoup appris. Ce qu'il faut faire pour mieux performer et apprendre de ses erreurs.

«Avant, j'avais tendance à focaliser davantage sur le résultat. Maintenant, je sais qu'il faut me concentrer sur tout ce que je dois faire pour atteindre le résultat.»