Pour la première fois, du bout des lèvres, le capitaine Jonathan Toews évoque un scénario de reconstruction, ou du moins de réinitialisation, à Chicago.

Les temps sont durs pour les équipes championnes. Trois clubs seulement ont remporté la Coupe Stanley plus d'une fois depuis 2012.

Aujourd'hui, les Kings de Los Angeles, les Blackhawks et les Penguins de Pittsburgh sont menacés de rater les séries éliminatoires.

Les Penguins sont les mieux positionnés du groupe. Ils ont l'habitude de nous surprendre après les Fêtes. Chicago et Los Angeles, par contre, sont parmi les trois pires équipes de l'Association de l'Ouest.

«Nous sommes proches de revenir dans la course et nous devons y croire», a confié Toews aux journalistes de Chicago.

Toews a cependant admis du même souffle que de rater les séries pour une deuxième saison consécutive ne serait pas dramatique si la situation pouvait servir l'équipe à long terme.

Quand Gary Bettman et la LNH ont instauré le plafond salarial en 2005, ils voulaient justement permettre aux meilleures équipes de ne pas dominer outrageusement sur des décennies, et donner la chance à d'autres de remonter au sommet.

Chez les Blackhawks, les salaires de Jonathan Toews, Patrick Kane, Duncan Keith, Corey Crawford et Brent Seabrook occupent 52% de leur masse salariale. Ils sont tous âgés de 30 ans ou plus. Crawford deviendra joueur autonome sans compensation le 1er juillet 2021. Les autres pas avant 2023. (Source capfriendly.com)

À Los Angeles, Anze Kopitar, Ilya Kovalchuk, Dustin Brown, Drew Doughty et Jonathan Quick sont les cinq joueurs les mieux payés. Leurs salaires obstruent 43% de la masse salariale du club. Seul Doughty a moins de 30 ans.

Le contrat de Kovalchuk, 35 ans, est déjà un boulet. Il touchera 6,2 millions cette année et lors des deux prochaines saisons. Le Russe a été blanchi à ses 11 derniers matchs et le nouvel entraîneur Willie Desjardins l'a rétrogradé au sein du quatrième trio récemment.

Les Penguins sont en moins vilaine posture que les deux autres. Mais la chute pourrait être aussi brutale dans un an ou deux. Sidney Crosby, Evgeni Malkin, Phil Kessel, Kris Letang et Patric Hornqvist sont les cinq joueurs les mieux payés du club. Ils ont tous plus de 30 ans. Leurs salaires occupent 46% de la masse salariale. On ne voit pas qui pourrait prendre la relève de Crosby, Malkin et Brassard à moyen et long terme.

Le Lightning et les Predators de Nashville, au contraire, n'ont pas eu à surpayer leurs vedettes à la suite d'une conquête, ou encore larguer de bons jeunes joueurs pour se conformer au plafond. Dans les deux cas, ils ont seulement deux joueurs payés plus de six millions annuellement, et le mieux rémunéré ne touche pas plus de 8,5 millions.

On comprend un peu mieux pourquoi les Maple Leafs de Toronto négocient de façon aussi féroce avec leur jeune vedette William Nylander. Avec John Tavares déjà à 11 millions par année, Auston Matthews et Mitch Marner à l'aube d'une sérieuse augmentation de salaire, ils ne peuvent se permettre de donner huit ou neuf millions au jeune Suédois, aussi bon soit-il.

Déjà, Morgan Rielly à cinq millions et Nazem Kadri à 4,5 millions par saison jusqu'en 2022 représentent des aubaines.

En cette ère de plafond salarial, le DG moderne a très peu de marge de manoeuvre et chaque décision importante peut devenir catastrophique. Un club doit aussi compter sur un repêchage foisonnant.

Des Brayden Point, repêché en troisième ronde en 2014, 33 points en 26 matchs à Tampa, Nikita Kucherov, David Pastrnak et Charlie McAvoy, repêchés tous deux après le 13e rang par les Bruins, valent de l'or.

Le DG des Blackhawks, Stan Bowman, en désespoir de cause, a tenté un coup de circuit en échangeant le jeune Nick Schmaltz pour obtenir le troisième choix au total en 2015, le centre de 21 ans Dylan Strome.

Celui-ci a obtenu deux points à ses deux premiers matchs à Chicago, avec une fiche de -3. Schmaltz a aussi deux points à ses deux premiers matchs. À suivre.

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