Bon coup du collègue Richard Labbé, qui a réussi à joindre le DG des Rangers, Glen Sather, pour lui parler de l'échange de Scott Gomez, dans une chronique publiée aujourd'hui dans La Presse.

Richard offre aussi son analyse de la transaction et parle d'un coup de maître de la part de Sather, et peut-être de l'un des pires échanges de l'histoire du Canadien.

Je ne suis pas aussi tranchant. Sather a en effet réussi à se débarrasser d'un salaire imposant tout en obtenant quelques espoirs en retour. Il voulait avant tout libérer de l'argent pour acquérir Marian Gaborik sur le marché des joueurs autonomes. Sauf que malgré la présence de Gaborik, les Rangers ont raté les séries éliminatoires la saison dernière. Ils ont peiné à marquer des buts parce qu'ils n'avaient pas de centre offensif digne de ce nom. Ça viendra éventuellement parce que le jeune Derek Stepan semble bien vouloir se développer. Mais Sather s'est débarrassé de Gomez l'an dernier sans réelle solution de rechange. Cet hiver, les Rangers s'accrochent au septième rang. Ils détiennent trois points d'avance sur les Hurricanes, neuvièmes, mais ceux-ci ont deux matchs de plus à disputer.

À long terme, par contre, c'est une transaction qui lui servira puisque Ryan McDonagh semble bien se développer et deviendra sans doute un top quatre, peut-être mieux, comme l'avait prédit Trevor Timmins. Après 26 matchs, McDonagh a amassé six aides et montre une impressionnante fiche de +12.

Du point du vue du Canadien, il faut remettre les choses dans leur contexte. Saku Koivu allait quitter l'équipe parce que Bob Gainey voulait changer la dynamique au sein de l'équipe. Tomas Plekanec venait de connaître une affreuse saisons, seulement 39 points. Il n'y avait pas de centre numéro un, et on se demandait s'il y en avait un numéro deux. Il y avait un sérieux vide à combler. Gainey a obtenu Gomez, puis embauché Mike Cammalleri et Brian Gionta. Cammalleri a déclaré lors de son embauche qu'il était venu à Montréal entre autres parce que l'équipe avait montré son sérieux en acquérant Gomez. Il est impossible de prouver hors de tout doute si Cammalleri parlait avec son coeur ou s'il cherchait seulement la bonne formule pour plaire à ses nouveaux patrons.

Gomez a connu un lent départ l'an dernier, mais en deuxième moitié de saison, il a été l'un des centres les plus productifs de la Ligue. Libéré d'une pression qui aurait pu l'accabler dans un rôle de premier centre, Tomas Plekanec a connu sa meilleure saison en carrière. En séries par contre, le chef de file s'appelait Gomez. Halak a été magistral, mais le Canadien aurait eu de la difficulté à atteindre la carré d'as sans Gomez, qui a joué comme un premier centre, autant offensivement que défensivement.

L'ancien centre des Rangers connait une saison difficile cette année à Montréal. Dur de le défendre. Et c'est vrai qu'il traine un lourd contrat. Mais les centres offensifs ne courent pas les rues, et je me demande bien qui occuperait son poste s'il n'y était pas. Il ne produit pas comme les fans le souhaiteraient, mais il n'est pas une nuisance comme certains le pensent. Il peut encore se ressaisir à temps dans le dernier droit comme il l'a fait l'an passé. Bref, c'est mieux que rien parce que malgré tout, le Canadien est à sept points du premier rang de son Association avec une fiche de 36-23-7.

Par contre, je cherche encore à comprendre comment Bob Gainey a pu offrir un son choix de première ronde en 2007 (McDonagh) alors que Glen Sather cherchait à larguer un salaire pour libérer de l'espace au sein de sa masse salariale. C'est plutôt le contraire qu'on observe généralement en de telles circonstances. Du point de vue extérieur, Bob Gainey semble avoir très mal négocié.