J'ai longtemps cherché à découvrir quel lecteur se cachait derrière le pseudonyme « mikhail_boulgakov ».

Je nourris pour le compte de La Presse un blogue sur la Ligue nationale de hockey depuis 2009 ; par chance, et aussi par pur bonheur, quelques « personnages » d'impact illuminent encore davantage cet espace virtuel fréquenté chaque semaine par plusieurs centaines de milliers d'amateurs de hockey.

Emprunter le nom d'un célèbre écrivain russe sur un blogue destiné au hockey attirait déjà ma sympathie. Quel magnifique clin d'oeil au décloisonnement de l'esprit dans un milieu où les gérants d'estrade et les clichés pullulent.

Ses commentaires parfois acerbes, mais toujours ponctués de cette implacable logique et d'une rigueur exceptionnelle, m'ont souvent poussé vers une gymnastique intellectuelle encore plus soutenue.

Je crois être devenu, du moins je l'espère, un meilleur blogueur au contact de lecteurs lumineux comme «boulga».

J'ai appris au fil du temps qu'il était analyste économique, d'où son caractère très cartésien, ses analyses minutieuses et ses révélations étonnantes sur le hockey grâce aux statistiques.

Puis, ces derniers mois, le chat sortait du sac. Philippe Navarro, alias « mikhail_boulgakov », m'écrivait pour annoncer l'écriture de son livre « La puck roulait pas pour nous autres », 44 saisons de la Ligue nationale de hockey, de 1968 à nos jours, passées au peigne fin par notre homme, qui manie aussi bien la plume que les chiffres.

Michael Lewis a écrit en 2003 le célèbre « Moneyball », dans lequel il dépeint l'approche moderne analytique instaurée par le directeur général des As d'Oakland, Billy Beane, pour bâtir une puissance en dépit de moyens financiers limités.

Le milieu du hockey a toujours réagi de la même façon à « Moneyball » en arguant que la vitesse du jeu, l'émotion et l'impulsivité des joueurs empêchaient de telles analyses statistiques de s'appliquer à leur sport.

Je leur recommande fortement de lire « La puck roulait pas pour nous autres » du brillant Philippe Navarro...

Mathias Brunet