Après les universités, ce sont les équipementiers qui ont commencé à s’intéresser à cette Québécoise en pleine ascension. Un baccalauréat en kinésiologie en poche, Simone Plourde a jugé que le moment était venu de faire le saut chez les professionnelles, même si elle pouvait encore disputer deux saisons dans la NCAA.

« C’est tellement un hit or miss, il y a un risque de courir une autre saison. Tu ne veux pas perdre ta valeur. La mienne était élevée, j’ai décidé de passer aux choses un peu plus sérieuses. Avec l’année olympique qui approchait, je voulais tenter ma chance et me concentrer à 100 % là-dessus. »

Elle s’est donc entendue avec Nike sur un contrat jusqu’en 2028. En parallèle, le coach américain Pete Julian l’a invitée à se joindre au Nike Union Athletics Club, situé sur le terrain du siège social mondial de la célèbre marque au crochet, près de Portland, en Oregon. Les avantages offerts par ce groupe prestigieux, composé de seulement 12 coureurs, l’ont séduite, comme sa coéquipière à Utah, Emily Venters.

Julian était l’adjoint d’Alberto Salazar au défunt Nike Oregon Project, fermé après la suspension de quatre ans de ce dernier pour pratiques dopantes. Salazar a ensuite été radié à vie par le United States Center of SafeSport en raison d’inconduites émotionnelles et sexuelles.

Évidemment, j’avais ça en tête. J’ai dû bien effectuer mes recherches à ce sujet et j’en ai parlé avec Pete. La réalité, c’est que ce sont deux personnes complètement différentes. Il n’a juste rien à voir avec l’histoire d’Alberto.

Simone Plourde

« À l’époque, quelques athlètes [du Oregon Projet] ont rejoint Union Athletics, mais il n’y en a plus aucun aujourd’hui, précise l’athlète. J’ai une tête sur les épaules. Si jamais quoi que ce soit de ce genre-là arrivait dans ce groupe, je sors de là. Mon contrat avec Nike serait toujours valide. »

Après une visite des installations à la fine pointe à Portland, en juin, la coureuse a gagné l’or à la Classique de Montréal, améliorant de plus de deux secondes son record québécois. Elle était chaussée de pointes trop petites après avoir égaré les siennes durant le voyage…

Deux semaines plus tard, Plourde a enregistré un chrono de 4 min 06,47 – un autre sommet – à la Classique Harry Jerome, à Vancouver. Médaillée d’argent aux championnats canadiens, elle s’est qualifiée pour ses premiers Championnats du monde, à Budapest, où elle s’est arrêtée en série avec le 40e temps (4 min 07,04).

Aux portes des Jeux olympiques

Six mois après son déménagement à Portland, Simone Plourde se sent dans la forme de sa vie. En février, elle a réussi le troisième chrono canadien de l’histoire au mille en salle dans le cadre des prestigieux Millrose Games, à New York. « J’ai fini septième sur 16 alors que j’étais celle avec le temps d’inscription le plus lent. J’ai battu [la championne canadienne] Lucia Stafford et [l’Américaine] Josette Andrews, des coureuses de grande renommée que je ne pensais jamais devancer, honnêtement. »

Son chrono lui a valu une participation à ses premiers Mondiaux en salle, à Glasgow, où elle a regretté d’avoir couru dans le deuxième couloir dans sa série, ce qui a augmenté la distance parcourue. « À ce niveau-là, tu ne peux pas te permettre de commettre ce genre d’erreur. Ça a été de l’apprentissage. »

PHOTO FOURNIE PAR SIMONE PLOURDE

Simone Plourde (2) à ses premiers Mondiaux en salle, à Glasgow

Pour l’heure, elle fait partie des athlètes qualifiées pour le 1500 m des Jeux olympiques de Paris en vertu de son classement mondial. Idéalement, elle réussirait le standard automatique de 4 min 2,50, mais elle croit en ses capacités d’améliorer son statut dans la course aux points.

« J’essaie de garder les pieds sur terre le plus possible et de seulement penser à la compétition à venir. C’est sûr qu’il y a beaucoup de stress associé à une année olympique. Honnêtement, j’ai confiance. »

Quelle que soit la piste, Simone Plourde est prête pour le prochain virage.

Paris passera par Montréal

PHOTO FOURNIE PAR SIMONE PLOURDE

Souriante après un autre record au 5000 m vendredi soir en Californie

Simone Plourde avait raison d’affirmer qu’elle était dans la forme de sa vie. Deux jours après l’entrevue, elle a réussi un autre record personnel, cette fois au 5000 m, au Bryan Clay Invitational, où elle a lancé sa saison extérieure vendredi soir en Californie. Quatrième de l’épreuve, elle a inscrit un chrono de 15 min 13,57, soit près de huit de secondes de mieux que son temps réalisé à la même compétition un an plus tôt.

« C’est un pas dans la bonne direction », s’est réjouie celle qui abordait cette épreuve davantage comme un entraînement. « On est seulement en avril, la saison extérieure ne fait que débuter et cette course est un bon indicateur du travail effectué dans les dernières semaines. L’objectif était de rester le plus détendu possible et finir fort sur le dernier kilomètre. »

À noter l’énorme marque personnelle de Florence Caron, 17e en 15 min 32,22, elle qui a retranché plus de deux minutes à un temps réalisé en 2022. L’athlète de La Malbaie a fait tomber un record de Penn State vieux de 46 ans et s’est installée au troisième rang québécois de tous les temps derrière Émilie Mondor (14 min 59,68) et Plourde. À souligner également la troisième place de Charles Philibert-Thiboutot la veille au 10 000 m, avec une amélioration de plus de 16 secondes de son propre record provincial (27 min 54,66). Son coéquipier Jean-Simon Desgagnés, 8e sur 3000 m steeple aux derniers Championnats du monde, a pour sa part enregistré un sommet personnel au 5000 m (13 min 33,38) pour s’installer à la troisième place au palmarès québécois.

Après un stage en altitude de quelques semaines en Utah, Simone Plourde s’attaquera à des épreuves de 1500 m, dont potentiellement celui de la Prefontaine Classic, à la fin mai, où elle est première substitut. Elle devrait ensuite prendre part au 1000 m de la Classique de Montréal, une semaine avant les sélections olympiques présentées à la même piste du complexe sportif Claude-Robillard.