(Paris) À cinq mois des JO de Paris, la « trêve » sociale espérée en France est loin d’être garantie : le CGT, un des principaux syndicats du pays, a annoncé jeudi qu’il allait déposer début avril des préavis de grève dans la fonction publique pendant la compétition.

Il y a quelques jours encore, le président du comité d’organisation Tony Estanguet souhaitait « une trêve » sociale pendant les JO (26 juillet-11 août), implorant qu’« on ne gâche pas la fête ».

Mais la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a accusé jeudi le gouvernement d’ignorer les « alertes » sur les primes et compensations des fonctionnaires qui seront mobilisés pendant les JO.

« Ça fait des mois qu’on répète la même chose et que tout le monde s’en fiche », a assuré la numéro un de la CGT. « Les Jeux, c’est des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs qui sont percutés ».

Dans son viseur : « Celles et ceux qui vont devoir travailler beaucoup plus que d’habitude avec des heures sup, des congés payés qu’ils ne pourront pas prendre. Et donc pour ceux-là, nous demandons quelles sont les conditions sociales de ce travail, comment est-ce qu’on va héberger tous les travailleurs et travailleuses qui devront venir en Île-de-France pour les JO ? », a interrogé Sophie Binet.  

Des négociations ont été engagées dans différents secteurs pour parer à un conflit social dans la police, les transports et l’hôpital afin de compenser les congés reportés et les heures supplémentaires de l’été.  

Une prime, jusqu’à 1900 euros, a par exemple été annoncée le 30 janvier par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour les policiers et gendarmes en Île-de-France. Mais la question n’est pas totalement réglée dans de nombreux autres secteurs, à l’instar des transports, de l’hôtellerie ou de la restauration.

« La grogne monte dans la fonction publique, les douanes, la RATP, SNCF, les mairies… Ce n’est pas marginal », alerte Boris Plazzi, secrétaire confédéral de la CGT responsable des JO.

« C’est incroyable », s’agace Pascal Lagrue, négociateur du syndicat Force ouvrière, « on a un gouvernement qui n’arrête pas de valoriser cet évènement mondial et dans le même temps, on a un silence radio pour négocier ».  

Tous redoutent in fine l’absence de contrepartie et un passage en force, gardant en mémoire la publication en catimini, en novembre, d’un décret décrié permettant de suspendre le repos hebdomadaire dans les entreprises qui participeront à l’organisation ou la diffusion des Jeux olympiques de Paris.