(Zhangjiakou) Christian Gow a réussi la troisième meilleure performance canadienne de l’histoire au 15 km départ groupé de biathlon, vendredi, aux Jeux olympiques de Pékin, couronnant ainsi les meilleurs JO depuis longtemps du biathlon canadien.

La performance de l’Albertain de 28 ans, 13e rang de la compétition, est la meilleure depuis le tir groupé de Brendan Green et Jean-Philippe Leguellec, neuvième et dixième aux Jeux de Sotchi, en 2014.

Cette 13e place vient s’ajouter à la sixième du relais masculin, meilleure performance du Canada aux JO et vient couronner des Jeux où l’équipe masculine a obtenu neuf top-30 et cinq top-20.

« Ça montre où nous sommes rendus comme nation de biathlon. Nous avons travaillé très fort au cours des dernières années pour nous rendre là. Ça n’a pas tellement paru dans nos résultats en Coupes du monde — sauf quelques flashs ici et là —, mais comme équipe, nous avons vraiment assuré ici », a indiqué l’entraîneur-chef du programme national, Justin Wadsworth.

« C’est cliché, mais tout est tombé en place au bon moment, a-t-il ajouté. Ça a été possible grâce au travail acharné de notre équipe technique, d’entraîneurs et d’athlètes. C’est bon comme entraîneur de voir votre plan se mettre en place de la sorte. Maintenant, on veut surfer sur cette vague au cours des prochaines années. »

« Ça montre que nous étions bien prêts et affamés : je pense qu’on a mangé à notre faim ! Nous ne sommes pas une nation de touristes en biathlon, on l’a prouvé cette semaine », a imagé le Sherbrookois Jules Bernotte, qui a réalisé sa meilleure performance à vie avec une 18e place et a percé deux fois le top-30 au cours de ces JO.

« Je ne m’attendais pas à de bons résultats comme ça. Ça me fait du bien, ça me fait plaisir. J’ai vraiment hâte de voir si je suis capable de refaire ça en Coupe du monde. […] De savoir que tout le monde s’est arrangé pour avoir ses meilleurs résultats cette semaine et que moi, j’ai pu obtenir (cette 18e place) quand tout le monde est à son meilleur, je trouve ça le fun. C’est valorisant. »

Les Jeux ont été plus difficiles pour la délégation féminine, mais Wadsworth sent que l’équipe n’est pas à la traîne par rapport aux biathlètes masculins.

« Notre meilleure athlète, Emma Lunder, n’était pas dans sa meilleure forme ici. Malheureusement, notre deuxième meilleure athlète, Nadia Moser, s’est fracturé une cheville en décembre et n’était pas ici. Elle avait déjà obtenu des top-20. Ça a été un dur coup pour toute l’équipe, particulièrement Emma, qui perdait aussi une amie très proche.

« Je m’attends à ce que l’équipe féminine rebondisse rapidement. Peut-être pas avec quatre athlètes dès le départ, mais peut-être deux plus expérimentées qui pourront préparer deux athlètes de la relève. Espérons que dans quatre ans, nous pourrons avoir quatre femmes de haut calibre également. »

Wadsworth et son équipe ont accompli des miracles avec peu de moyens. Il espère maintenant pouvoir profiter d’un meilleur budget d’exploitation.

« Ça ne nuirait pas ! On a accompli tout cela avec presque rien. À Nous le podium nous aide, c’est certain, mais nous devons avoir l’un des plus petits budgets de tout le plateau. Si on travaille fort, les résultats y seront. Ce serait bien d’avoir un peu plus de moyens pour atteindre le prochain niveau, mais s’il faut faire sans, nous le ferons. »

L’affaire de Boe

Cette course a de nouveau été l’affaire de Johannes Thingnes Boe, vainqueur en 38 minutes, 14,4 secondes (38 : 14,4). Le Norvégien a devancé le Suédois Martin Ponsiluoma de 40,3 secondes. Ponsiluoma est d’ailleurs le seul biathlète à avoir terminé l’épreuve à moins d’une minute de Boe.

La médaille de bronze est allée Norvégien Vetle Sjaastad Christiansen (39 : 26,9), qui a complété la course à 1 : 12,5 du chrono de son compatriote.

Boe termine ainsi les Jeux de Pékin avec cinq médailles : quatre d’or — il a aussi été couronné au sprint, au relais et au relais mixte — et une de bronze à l’épreuve individuelle. Ces médailles portent son total en carrière à huit (5-2-1) en trois Jeux olympiques, qui viennent s’ajouter aux 24 (12 d’or) remportées en six Championnats du monde.

Gow (41 : 02,5) a eu le podium en ligne de mire jusqu’au tout dernier pas de tir. Parfait jusque-là, l’Albertain a raté trois cibles.

« Je me suis amené pour cette course très relax. Je voulais me donner des chances d’obtenir un podium et je l’ai fait jusqu’au dernier pas de tir. Malheureusement, ce dernier pas a été très, très difficile. Mon plan était de ne pas perdre de temps à attendre : on connaît le vent ici, il n’allait pas changer. Je pense avoir réussi une très bonne course et j’en suis très fier. C’était bien d’être à l’avant pour quatre des cinq tours. »

Il a occupé la deuxième place au classement pendant une bonne partie de la première moitié de l’épreuve.

« Certains des gars avec qui j’étais à l’avant aujourd’hui avaient le bon rythme pour moi. Mais quand Johannes s’est amené, c’était trop rapide. Je me suis bien battu aujourd’hui et j’ai découvert que je pouvais skier à ma limite pour 15 km. Ça a été une course difficile et je suis très fier de ma performance. »

Burnotte a signé un chrono 41 : 35,0 (+3 : 20,6). Troisième Canadien en lice, Scott Gow a pris le 25e rang, à 4 : 03,2 du temps de référence de Boe.

Burnotte était à ce point surpris de ses performances olympiques qu’il révisera peut-être ses plans pour le prochain cycle olympique.

« C’est drôle à dire, mais je ne pensais pas me sentir de la sorte à mon premier top-20. En fait, je ne pensais pas en faire et là, paf ! ça arrive comme ça !

« C’est certain que c’est tentant de rembarquer pour un autre cycle. Je trouvais que je commençais à tourner en rond dans le sport. Je ne pensais pas nécessairement arrêter, mais je me disais qu’il fallait que ça bouge, sinon, j’allais passer à autre chose. Là, ça a bougé pas mal !

« Je devrais finir mon baccalauréat dans une semaine ou deux et je devais entrer à l’école en septembre : on va mettre ça sur la glace le temps de clarifier tout ça. »