(Pékin) À son dernier saut, Laurie Blouin avait encore une chance. Si elle faisait aussi bien qu’à son deuxième saut, elle décrochait le bronze.

« Même moi, dans les airs, je me disais : ouais, ça y va ! Mais finalement, ça y a pas été… »

Un mauvais atterrissage lui a fait perdre l’essentiel de ses points pour ce troisième saut, décisif. Elle a terminé huitième, un rang derrière l’autre Canadienne de la finale, Jasmine Baird.

Sauf que Baird, 22 ans, faisait sa première finale olympique, et une septième place est satisfaisante. Pour Blouin, 12e au grand saut en 2018 mais médaillée d’argent la même année au slopestyle, les ambitions étaient plus élevées. Elle a terminé quatrième cette année au slopestyle et pointait aussi au quatrième rang après les qualifications au grand saut.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Jasmine Baird

Mais sa huitième place « est moins pire qu’une quatrième », a-t-elle dit après la compétition.

« J’aime mieux une neuvième place où je tombe que de manquer le podium après avoir fait mon meilleur saut. »

Après son deuxième très bon saut, d’ailleurs, on a pu l’entendre, même en lisant sur ses lèvres, envoyer un sincère « kin, tabarnac ! » revanchard à ce grand saut qui l’avait fait chuter au premier essai.

L’épreuve n’en est qu’à sa deuxième présence aux Jeux olympiques, et les athlètes sentent le besoin de plaider sa cause. Chaque saut spectaculaire réussi, chaque manœuvre qui pousse un peu plus loin le niveau vient ancrer un peu mieux la crédibilité du grand saut, présent depuis longtemps aux X Games.

Ce n’est pas pour rien que toutes les compétitrices se sont réjouies de l’audace de la Japonaise Reira Iwabuchi, première à tenter un « triple cork » en compétition olympique – la norme pour les femmes est le double.

Ça n’a pas payé au final, puisque Iwabuchi a terminé quatrième, mais une nouvelle frontière a été franchie. « Ça dit beaucoup sur l’évolution de notre sport, c’est tellement un beau saut. »

« J’ai déjà essayé ça à l’entraînement sur coussin d’air », a dit Blouin sans donner l’impression de vouloir ressayer tout prochainement, préférant perfectionner « d’autres sauts plus techniques ».

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Anna Gasser

L’Autrichienne Anna Gasser, 30 ans, numéro 1 mondiale cette année, repart avec l’or du grand saut pour la deuxième fois de suite.

À 25 ans, Blouin a encore plusieurs années de perfectionnement devant elle, et clairement l’intention de continuer.