(Pékin) Brad Gushue se tenait aux côtés de la surface glacée, les mains sur les hanches et une moue au visage tout en jetant un regard vers le tableau indicateur.

Un autre bout lui avait échappé. Une autre défaite venait de s’ajouter au dossier.

La dernière pierre de Gushue pour égaler le score — et peut-être même gagner le match — a raté la cible. Cette bourde a causé une défaite de 7-4 du Canada aux mains de la Suède lors du volet préliminaire du tournoi de curling masculin des Jeux olympiques de Pékin.

Surtout, elle a frustré le skip canadien, qui était à la recherche de réponses.

« Je suis très mécontent, pour être honnête. Ç’a été une piètre performance de ma part. J’en assume le blâme à 100 %. Il y a longtemps que j’avais aussi mal joué », a analysé Gushue.

Le skip de l’équipe masculine du Canada a présenté un taux d’efficacité de 47 % sur ses tentatives de placement et a terminé le match avec un taux global d’efficacité de 57 %. Ce sont, de loin, les statistiques les plus basses parmi les huit joueurs sur la glace.

J’ai le sentiment d’avoir laissé tomber l’équipe. [Mes équipiers] ont joué suffisamment bien pour nous permettre de gagner, ou à tout le moins, avoir une chance — ce qui était le cas à la fin — mais j’ai manqué trop de tirs aujourd’hui.

Brad Gushue, skip canadien

La fin du match chez les hommes a ressemblé à celle du duel entre ces deux mêmes pays chez les femmes, qui s’est terminé par une victoire de 7-6 de la Suède contre le quatuor de Jennifer Jones.

Comme ce fut le cas chez les hommes, l’équipe suédoise a connu des difficultés au 10e bout et le Canada est venu près d’en tirer profit. Anna Hasselborg et ses coéquipières ont pu s’en tirer lorsque Jones a dû se contenter d’un seul point alors qu’elle avait la chance d’en amasser trois.

Du coup, les deux quatuors canadiens se retrouvent avec deux revers chacun depuis le début du volet préliminaire. Un troisième échec risque de placer l’une ou l’autre des équipes — ou les deux — dans une situation où il n’y aura plus de place pour une défaite.

« Je n’ai tout simplement pas obtenu les résultats. Je dois être un peu plus efficace », a admis Gushue.

De son côté, Jones a tenté une sortie par ricochet dans le but d’inscrire trois points et de se sauver avec la victoire, en supposant que le Canada aurait une deuxième pierre près du milieu pour créer l’égalité si ça ne fonctionnait pas.

PHOTO LILLIAN SUWANRUMPHA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Jennifer Jones a une fiche de 1-2 depuis le début du tournoi.

La supposition s’est avérée coûteuse. La dernière pierre de Jones a un peu courbé et la mesure a confirmé que la pierre suédoise installée dans l’anneau de huit pieds était plus près du centre.

« J’étais surprise que la mesure n’aille pas en notre faveur, a exprimé la Canadienne Kaitlyn Lawes. Je suis encore sous le choc. J’aurais parié ma maison que nous avions un deuxième point sur cette séquence. »

Les Suédoises étaient sous pression, plus tôt au 10e bout. Sara McManus a aidé sa troupe en effectuant un délicat frappé roulé qui s’est presque arrêté sur le bouton.

Hasselborg a envoyé sa dernière pierre à l’arrière de l’anneau de huit pieds, près de deux pierres canadiennes. Jones a frappé la pierre du milieu et la sienne s’est arrêtée un peu profondément.

« J’étais très heureuse d’avoir cette occasion et malheureusement, elle a courbé par un demi-pouce, a observé Jones. Il n’en manquait pas beaucoup. Je pensais que nous avions obtenu un deuxième point et que nous nous dirigions vers un bout supplémentaire. »

La Suède a porté à 2-1 sa fiche lors de ce tournoi à la ronde tandis que le Canada a glissé à 1-2.

« Nous avons assurément joué de chance, a expliqué l’entraîneur de la Suède, Wayne Middaugh. Je ne rate pratiquement jamais ce coup. C’était vraiment une chance pour nous. »