Maxence Parrot s’est envolé vers la Chine, samedi, avec le moral gonflé à bloc. Le planchiste a remporté une médaille aux X Games, le 22 janvier dernier, et surtout, il sent qu’il est un meilleur athlète et un meilleur homme depuis qu’il a vaincu le cancer.

L’athlète de Bromont a appris, quelques mois après son retour des Jeux de PyeongChang, qu’il était atteint d’un lymphome de Hodgkin, une forme rare de cancer. C’est une bosse au niveau du cou qui l’a amené à consulter sa médecin de famille, à l’époque.

« J’avais 24 ans, j’étais un athlète, j’étais en santé, je ne fumais pas. Puis, on m’a appris, du jour au lendemain, que j’avais le cancer. C’est certain qu’à partir de ce moment, tu apprécies trois fois plus la vie, tu ne tiens plus rien pour acquis, tu apprends à aimer les petites choses. Ça change énormément de choses », raconte l’athlète qui enchaîne les exploits.

Entre décembre 2018 et juin 2019, Parrot a reçu 12 traitements de chimiothérapie qui lui ont sapé passablement d’énergie. Sa masse musculaire et sa capacité cardiorespiratoire ont diminué. Son humeur a aussi joué au yo-yo pendant cette période qu’il décrit comme « la plus grosse épreuve de [sa] vie ».

Sur ses réseaux sociaux, il a quand même raconté les hauts et les bas de sa maladie. En plus d’être un modèle pour de nombreux planchistes, il est aussi devenu une source d’inspiration pour des personnes atteintes d’un cancer.

« J’ai commencé à recevoir des centaines, peut-être même des milliers de messages de personnes qui avaient une maladie ou qui vivaient un challenge. Souvent, elles me disaient que mon expérience les motivait, les inspirait », raconte celui qui a accumulé 14 médailles aux X Games.

Certains m’ont même dit que sans moi, ils ne savent pas comment ils seraient passés à travers leur maladie. Ce genre de messages me touche droit au cœur.

Maxence Parrot

C’est d’ailleurs en lisant ces nombreux messages que Parrot a eu l’idée de tourner un documentaire sur sa propre bataille. Max : le combat d’une vie est maintenant offert sur son site internet en échange d’une contribution volontaire. La moitié des fonds sera remise à la Société de leucémie et lymphome du Canada (SLLC), l’autre partie servira à payer le tournage du film.

« Grâce aux dons et à la recherche, les chances de survie [pour les personnes atteintes d’un lymphome de Hodgkin] sont de plus de 80 % », souligne l’athlète de 27 ans, qui s’implique depuis trois ans comme porte-parole de la SLLC.

Même s’il sait qu’il est un modèle pour des petits et des grands, Parrot ne ressent pas une pression supplémentaire d’offrir de bonnes performances ou de bien paraître en public.

« J’essaie d’être authentique le plus possible. Je montre ma vraie personne. Et j’imagine que le monde qui me suit aime la personne que je suis. » L’automne dernier, il a d’ailleurs reçu la médaille de l’Assemblée nationale pour souligner sa persévérance.

Des Jeux sans sa famille

Pendant ses traitements, Parrot a toujours su qu’il remonterait sur sa planche. Il a d’ailleurs stupéfait les amateurs, deux mois après sa rémission, en décrochant l’or au grand saut, aux X Games, à Oslo.

Le 22 janvier dernier encore, il s’est surpassé en réalisant un saut qu’il n’avait jamais présenté en compétition (cinq rotations tête en bas ponctuées de trois vrilles – front side triple cork 1800).

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Deux mois après sa rémission, Maxence Parrot a décroché l’or au grand saut, aux X Games, à Oslo.

Parrot ne sait pas s’il fera ce saut à Pékin, sur l’impressionnante rampe aménagée en ville – et non à la montagne. « Ça va dépendre du saut là-bas, des conditions de neige, de ma stratégie », dit-il, laissant planer le mystère.

Dans les jours qui précèdent une compétition, Parrot s’isole dans une sorte de bulle pour se concentrer. Sa famille n’a pas fait le voyage ni vers Sotchi ni vers PyeongChang, où il a gagné la médaille d’argent en descente acrobatique. Mais cette fois-ci, à Pékin, son père (un ex-champion de saut en ski nautique), sa mère et ses sœurs étaient déterminés à le voir concourir dans ses deux épreuves, le grand saut et la descente acrobatique.

« Je voulais absolument que mes parents viennent. On en parle depuis au moins deux ans », explique celui qui a visité la Chine à 13 reprises, pour des compétitions. Mais la pandémie a eu raison de leur projet.

Quand il était petit, Parrot avait davantage les yeux tournés vers les X Games que les Jeux olympiques. À 9 ans, il a d’ailleurs acheté sa première planche à neige avec son argent de poche amassé en tondant des pelouses.

« C’était un de mes rêves de jeunesse de participer aux X Games. Mais il reste que les X Games, c’est une fois par année. Les Jeux olympiques, tous les quatre ans, c’est sûr que c’est plus spécial », affirme celui qui compte s’entraîner et passer le plus de temps possible avec sa famille avant son départ.

Pour les Jeux olympiques, le planchiste vise l’or dans ses deux épreuves, rien de moins. Et avec sa détermination, rien n’est vraiment impossible.