Dick Pound, membre vétéran du Comité international olympique, croit que seul « un véritable bouleversement » pourrait forcer le report des Jeux olympiques de Pékin. « À presque tous les égards, la flèche a quitté l’arc », a-t-il affirmé.

Dans une entrevue accordée à USA Today, mardi, Dick Pound s’est dit convaincu que les Jeux olympiques de Pékin auront bel et bien lieu malgré la flambée de cas de COVID-19 à travers le monde. Il n’a néanmoins pas totalement fermé la porte à la possibilité d’annuler ou reporter l’évènement.

« Je pense qu’il y aura une incertitude autour des Jeux dans le public tant que le navire naviguera, mais pour le moment, les amarres sont larguées et le bateau quitte le quai, à moins qu’Armageddon ne se produise et que les autorités de santé publique disent que nous devons fermer tous les pays, a-t-il lancé. Dans ce cas, ça changerait tout le paradigme. »

L’homme de 79 ans est le premier membre du CIO à même évoquer la possibilité que l’évènement n’ait pas lieu à compter du 4 février. Questionné à savoir quelles étaient les chances que cela se produise, il a répondu « très minces ».

« C’est fou d’essayer de mettre un chiffre là-dessus, a-t-il ajouté. C’est une possibilité qui ne peut pas être totalement écartée, mais il n’y a pas des pays entiers qui disent que nous ne devrions pas y aller. C’est dommage qu’un athlète X soit hors de combat, mais vous avez encore quelques centaines d’athlètes qui ne le sont pas. »

« L’inquiétude concerne toutes les personnes qui ne sont pas encore en Chine, si, une par une, elles doivent se retirer et que vous perdez un bobeur ici, un patineur là, a-t-il indiqué. Si vous en arriviez au point où il n’y avait que des athlètes chinois, alors non, ce ne serait pas les Jeux olympiques et ils ne seraient pas reconnus comme tels. »

Concernant David Shoemaker

« Nous sommes inquiets », a affirmé lundi le chef de la direction du Comité olympique canadien, David Shoemaker. « Nous sommes confiants sur le fait que ces Jeux puissent encore se dérouler en toute sécurité, mais nous prenons les choses au jour le jour », a-t-il ajouté.

Interrogé à ce sujet, Dick Pound a soutenu qu’il était normal que les PDG de comités olympiques nationaux reconnaissent l’ampleur de la situation.

« Si j’avais été dans ses souliers, c’est ce que j’aurais dit, a-t-il soutenu. Si tu es le PDG d’un comité olympique national, tu dois être capable de ne pas ignorer la possibilité que les Jeux soient annulés. »

« Il n’y a pas d’indication que ça va arriver, a continué Pound. Mais nous n’avons jamais expérimenté quelque chose de cette nature auparavant. [Le variant Omicron] fait certainement le tour du monde, et de plus en plus de personnes voyagent, donc plus de personnes sont en mesure d’attraper ou de propager le virus, alors oui, bien sûr, vous devez dire “nous sommes préoccupés par la santé et la sécurité de notre équipe” ».

Rien ne se déroule dans la normalité dans le monde du sport canadien récemment. Certaines importantes compétitions préolympiques, comme les sélections canadiennes de longue piste, ont dû être annulées, ce qui chambarde les façons de faire habituelle.

Il y a deux semaines, la Ligue nationale de hockey et l’Association des joueurs (AJLNH) se sont entendues pour renoncer à la participation des joueurs aux Jeux olympiques. La semaine dernière, la fédération canadienne de Bobsleigh a placé 10 de ses athlètes et trois membres de son personnel sur le protocole de la COVID-19. Mardi, le couple de patineurs artistiques canadien formé de Vanessa James et Eric Radford a révélé avoir obtenu un diagnostic positif pendant le temps des Fêtes et a indiqué qu’il ignorait s’il serait en mesure de prendre part aux prochains essais olympiques. Et la liste continue.

« Il y aura certainement des athlètes en compétition [dans les prochaines semaines] et des cas surgiront, a mentionné Dick Pound. La question est : combien seront-ils et cela équivaut-il à un tsunami qui nous dit que ce n’est plus possible de tenir les Jeux olympiques ? »