(Tokyo) Roi du sprint mondial en quête de couronne olympique, l’Américain Caeleb Dressel a livré une superbe bataille jeudi pour remporter le 100 m nage libre des Jeux de Tokyo, détrônant son rival australien Kyle Chalmers.

Avalant l’aller-retour en 47 sec 02/100e, nouveau record olympique, le double champion du monde de la distance a résisté au retour de Chalmers (4708), titré lors des JO 2016 de Rio, pendant que le Russe Kliment Kolesnikov prenait le bronze (4744).

Supersonique dans l’eau, placide en dehors, le Floridien de 24 ans a pris son temps : ému, il est resté accoudé à la ligne d’eau, puis a laissé les larmes couler sur le podium, savourant ce premier or individuel après trois titres en relais.

« Je ne voulais pas l’admettre, mais maintenant que c’est fait, je peux le dire : c’est très différent. Vous ne pouvez compter sur personne. Il n’y a que vous dans l’eau, personne pour vous tirer d’affaire. C’est vraiment dur, donc je suis heureux d’avoir réussi », a-t-il reconnu.

Car la pression ne manquait pas sur les épaules de l’Américain, seulement sixième à Rio sur 100 m mais qui avait pris l’année suivante les commandes de la planète sprint, cumulant treize couronnes mondiales et devenant lors des Mondiaux-2019 de Gwangju le nageur le plus rapide de l’histoire sur l’aller-retour hors combinaison (4696).

Chalmers revient de loin

Titré dès son premier plongeon dimanche avec le 4x100 m américain, Dressel vise encore quatre médailles d’or supplémentaires : il a signé le meilleur temps des séries jeudi soir sur 100 m papillon (5039, nouveau record olympique), et enchaînera à partir de vendredi sur 50 m nage libre, 4x100 m quatre nages et 4x100 m quatre nages mixte.

Plutôt longiligne pour un sprinteur, mais propulsé par des jambes puissantes et explosives, le Floridien est comme souvent sorti de l’eau en tête après une coulée éclair, virant devant Kolesnikov et Chalmers.

Mais sur la deuxième longueur, l’Australien de 23 ans a rappelé son goût pour le « combat de chiens » des derniers mètres, le cerveau embrumé par l’effort et les remous, sans parvenir à arracher la victoire à la touche.

« C’est tellement génial de nager contre Kyle, à chaque fois on s’en tire vraiment bien. C’est vraiment excitant de nous regarder, Kyle et moi, nous battre côte à côte », commentait l’Américain.

La médaille d’argent de Chalmers récompense son travail acharné pour s’extirper d’une olympiade compliquée, avec trois opérations du cœur pour soigner une arythmie, un premier retour en 2019 pour devenir vice-champion du monde (4708), puis une opération à l’épaule fin 2020.

« Si les Jeux avaient eu lieu l’an dernier (comme prévu avant la pandémie, NDLR), je ne serais pas là », a expliqué Chalmers, racontant avoir « absolument tout donné » pour remporter la finale la plus rapide de l’histoire.

Ledecky lance son 800 m

Le Russe Kliment Kolesninov, 21 ans, a de son côté ajouté le bronze du 100 m à l’argent conquis mardi sur 100 m dos. Surtout, le Moscovite au bonnet rose, coiffé ainsi pour que sa grand-mère le reconnaisse à la télé, a confirmé son potentiel impressionnant, lui qui avait peu nagé le crawl pendant trois ans.

Et si les sprinters ont affolé les chronos, la finale du relais 4x200 m féminin a été plus spectaculaire encore, les Chinoises (7 : 4033), les Américaines (7 : 4073) et les Australiennes (7 : 4179) battant toutes les trois le record du monde.

Il s’en est cependant fallu d’un cheveu pour que la sextuple championne olympique Katie Ledecky, dernière relayeuse, ne ramène les Américaines sur les talons des Chinoises. Guère émoussée par son programme gargantuesque, elle a d’ailleurs replongé le soir pour signer le meilleur temps des séries du 800 m (8 : 1567).

Pour l’histoire, l’Américain Robert Finke avait ouvert le bal en devenant le premier champion olympique du 800 m nage libre, nouvelle course au programme des Jeux, en coiffant sur le fil le champion du monde italien Gregorio Paltrinieri.

Auteur de progrès fulgurants cette année, l’Australien Izaac Stubblety-Cook s’est offert le 200 m brasse, avant que la Chinoise Zhang Yufei ne remporte l’or du 200 m papillon après avoir décroché mardi l’argent du 100 m papillon.