(Tokyo) J’adore observer les séances d’échauffement avant les compétitions. Les judokas qui glissent sur le tatami et répètent des balayages ou des projections de base. Les plongeurs qui exécutent des figures simples les yeux fermés. Les nageurs qui font de petits exercices, pataugent sur le dos, répètent leur départ. Tout a l’air si facile.

Mercredi matin, avant les finales, une nageuse faisait son activation couchée sur une serviette en bordure du bassin. Ça m’a rappelé mon mal de dos qui s’est réveillé avec moi ce matin. Probablement un relent de mes deux longues journées au judo sur une chaise un peu sèche.

Je me suis donc cherché un coin tranquille pour faire des étirements. Dans un contexte olympique, où tout déplacement est contrôlé par quatre bénévoles et deux agents de sécurité, ce n’est pas si évident.

J’ai fouiné un peu pour me faufiler. Une porte dérobée ici, un couloir là, une barrière non verrouillée et me voilà à l’extérieur devant ce qui devait être l’entrée principale du magnifique Centre aquatique de Tokyo.

Un jardin gazonné quadrillait l’esplanade. Surtout, il n’y avait personne. Personne, personne.

À part dans ma chambre d’hôtel – et encore, Bernard vient toujours cogner à ma porte –, cela ne m’était pas arrivé de me retrouver seul dans un endroit depuis le début de notre séjour dans la capitale japonaise. Encore moins à l’extérieur.

Le soleil tapait fort, même à travers les nuages, mais une brise rendait le tout parfaitement endurable. D’un côté, un canal rappelle que l’on est sur une île artificielle donnant sur la baie de Tokyo. De l’autre, des autoroutes surélevées devant quelques-uns des innombrables gratte-ciel.

Je me suis étendu sur une bordure de granit pour détendre mes fascias, une recette éprouvée de mon ostéopathe.

J’ai respiré. Je n’ai pensé à rien. Des fois, ça fait du bien. L’absence de spectateurs, en particulier des gens de l’endroit, est infiniment triste à ces Jeux olympiques. Mais pour ce petit moment de solitude, j’avoue que je ne m’en suis pas plaint.