(Tokyo) Caroline Veyre a de grandes ambitions. Elle s’est assurée que tous en prennent note à son premier combat du tournoi de boxe des Jeux olympiques de Tokyo.

La Montréalaise d’origine française de 32 ans a lancé son tournoi chez les 57 kg avec éclat en huitièmes de finale. Elle a offert une performance dominante et a complètement déclassé la Croate Nikolina Cacic pour l’emporter par décision unanime.

« J’avais une excellente stratégie contre elle. Je sais aussi ce que cherchent les juges et je me sens très confortable dans ce style, a analysé Veyre après avoir obtenu deux fois un pointage de 30-25 et trois autres de 30-26. J’étais très confiante et je me suis sentie très dominante dans le ring. »

Et comment. Dès le son de la première cloche, Veyre, qui a profité d’un laissez-passer au premier tour, s’est lancée à l’assaut de son adversaire, qui n’a jamais été dans le coup. Elle a donné le ton en touchant son adversaire de plusieurs combinaisons précises et vives. Dans la deuxième partie de ce premier round, elle a notamment touché Cacic de trois crochets consécutifs après l’avoir emprisonnée dans les câbles.

« Je savais qu’elle m’offrirait plusieurs ouvertures, car elle ne porte pas sa garde assez haute, a expliqué Veyre. Je me devais d’en profiter le plus tôt possible. Elle s’est rapidement fatiguée par la suite. »

La Croate a bien tenté de s’adapter au deuxième round. Sa stratégie de tenir Veyre à distance de jabs était louable, mais n’a tout simplement pas fonctionné. Veyre s’est retrouvée dans la bulle de la Croate, qui, débordée, n’a trouvé pour solution que de s’agripper à son adversaire, entraînant une déduction d’un point de la part de l’arbitre, le Marocain Bachir Abbar.

Veyre a poursuivi le travail au troisième round, ne laissant aucune chance à son adversaire de faire bonne figure sur les cartes de pointage.

« Pour nous, elle a suivi le plan de match qu’on avait établi. Elle a bien exécuté, elle a été très active rapidement, malgré l’inactivité des derniers mois, a analysé l’entraîneur Daniel Trépanier. C’était l’adversaire idéale pour bien briser la glace. Ça regarde vraiment bien pour la suite des choses. »

« Je suis contente d’avoir eu cette première adversaire, une fille avec de longs bras, une longue portée. Il y en a plusieurs dans ma catégorie, a ajouté Veyre. L’Italienne (Ima Testa, son adversaire en quarts) est du même moule. C’est la même stratégie que je vais devoir réutiliser, mais encore de meilleure façon, parce que c’est une boxeuse qui est encore meilleure. C’est ce que les juges recherchent : ils veulent voir de l’activité, de la pression. C’est ce que je vais faire. »

Testa a causé une surprise en montrant la sortie à la quatrième tête de série, l’Irlandaise Michaela Walsh, par décision unanime. Ce duel aura lieu mercredi.

La boxe : un hasard

Veyre vise maintenant la plus haute marche du podium olympique d’un sport qu’elle a découvert par hasard au début de sa vie d’adulte. Déménagée avec sa mère à Montréal après que celle-ci eut subi des traitements contre un cancer du sein au début des années 2000, rien ne la destinait à une carrière dans le ring.

« J’ai toujours été très sportive, mais la boxe est arrivée par hasard dans ma vie. Un ami m’a amené dans un cours de kickboxing, que je n’ai pas aimé du tout. Mais ils offraient des cours de boxe : c’est comme ça que j’ai commencé.

« Je ne connaissais rien de la boxe. Je croyais que c’était comme dans Rocky : on se tape dessus et c’est celui qui tombe le premier. J’ai eu la piqûre, car il y a toute une stratégie, il faut être tactique dans le ring et intelligente. C’est toute cette stratégie qui m’a allumée. Je suis vraiment une personne obsédée par la technique. C’est ce que j’adore avec la boxe. »

Médaillée d’or aux Jeux panaméricains de Toronto, en 2015, Veyre a été incapable de se qualifier pour les Jeux de Rio de Janeiro en raison d’une blessure à l’épaule.

Elle ne compte pas rater sa chance cette fois-ci.