(Tokyo) Un an plus tard que prévu en raison de la pandémie du coronavirus, l’empereur du Japon Naruhito a officiellement déclaré ouverts les Jeux olympiques de Tokyo, vendredi.

Le clou de la soirée a suivi quelques instants plus tard lorsque la joueuse de tennis japonaise Naomi Osaka a allumé la vasque olympique, après un relais de la flamme à l’intérieur du stade mettant en vedette d’anciens grands sportifs du pays, un athlète paralympique, une infirmière, un médecin et un groupe de six étudiants.

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Debout au pied d’une scène, flambeau dans les mains, Osaka a reçu la flamme de l’une des étudiantes, et s’est dirigée vers le centre de la scène.

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Naomi Osaka a allumé la vasque olympique.

Un escalier a surgi, la vasque s’est ouverte et Osaka a marché jusqu’au sommet de la scène, les drapeaux olympique et japonais, à sa gauche, agités par la brise qui soufflait. Elle a ensuite allumé la vasque pendant que le ciel de Tokyo s’illuminait de feux d’artifice.

Osaka, qui a connu une première moitié d’année mouvementée avec un triomphe aux Internationaux d’Australie en février, puis son retrait des Internationaux de France dans la controverse, n’a pas caché ses émotions dans l’heure qui a suivi le moment où elle a allumé la vasque.

« Certainement la plus grande réalisation athlétique et le plus grand honneur que je n’aurai jamais la chance de vivre », a écrit Osaka sur son compte Twitter.

« Je suis incapable de trouver les mots pour décrire les sentiments que je ressens en ce moment, mais je sais que j’ai en moi beaucoup de gratitude et de reconnaissance. Je vous aime, merci », a-t-elle ajouté, tout en insérant dans son message une émoticône en forme de cœur.

Auparavant, Seiko Hashimoto, présidente du Comité organisateur de Tokyo, avait souhaité la bienvenue aux athlètes. Elle leur a relaté tout ce que le Japon a vécu pendant la planification des Jeux, incluant la relance du pays après un tremblement de terre dévastateur et la lutte contre la pandémie qui se poursuit.

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Le président du CIO Thomas Bach et la présidente du Comité organisateur de Tokyo Seiko Hashimoto

Thomas Bach, président du Comité international olympique, a également pris la parole et affirmé que les Jeux démontraient une fois de plus « le pouvoir unifiant du sport ».

Aujourd’hui est un moment d’espoir. Oui, c’est très différent de ce que nous avions tous imaginé. Mais chérissons ce moment. Enfin, nous sommes tous ici, ensemble.

Thomas Bach, président du CIO

Entrée des athlètes

Ces moments solennels sont survenus presque quatre heures après le début d’une cérémonie d’ouverture tenue devant des gradins dans lesquels ne se trouvaient que des dignitaires.

La cérémonie s’est amorcée avec une seule athlète — une femme — dans le centre du stade olympique, agenouillée. Alors qu’elle se redressait, l’ombre derrière elle a graduellement pris la forme d’une semence, qui croissait pendant qu’elle marchait.

La cérémonie d'ouverture en images
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Une vidéo dans laquelle sont apparus plusieurs athlètes a ensuite été diffusée, rappelant d’abord le moment, en 2013, où la candidature de Tokyo a été retenue pour les Jeux de 2020 avant de passer à des images d’un monde réduit au silence par la pandémie.

Le tout a été suivi de feux d’artifice, un éclat de lumière d’une vingtaine de secondes, comme pour annoncer que ces Jeux olympiques étaient enfin sortis de la noirceur.

Comme le veut la tradition, la Grèce, berceau des Jeux de l’ère moderne, a été le premier pays à faire son entrée dans le stade, environ 40 minutes après le début de la cérémonie.

L’équipe représentant les Réfugiés olympiques a suivi la Grèce. Les autres pays se sont succédé dans un ordre correspondant à l’alphabet japonais. Comme le veut aussi la tradition, le Japon, pays-hôte, a clôturé ce volet de la cérémonie en marchant dans le stade autour de 22 h 30, heure de Tokyo.

Environ 30 minutes après l’arrivée de la Grèce, 30 athlètes du Canada, incluant les porte-drapeaux Miranda Ayim et Nathan Hirayama, ainsi que six membres du personnel de l’équipe de mission, ont fait leur entrée dans le stade.

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Les porte-drapeaux canadiens Nathan Hirayama et Miranda Ayim

Parmi les 30 athlètes se trouvaient les joueurs de tennis québécois Félix Auger-Aliassime et Leylah Annie Fernandez ainsi que la joueuse de badminton Michelle Li.

Après l’arrivée de la délégation japonaise, plusieurs chanteurs se sont relayés pour interpréter Imagine  la chanson composée par l’ex-Beatle John Lennon et Yoko Ono il y a 50 ans.

Selon le CIO, 206 délégations — 205 nations et l’équipe représentant les réfugiés — devaient prendre part à la cérémonie d’ouverture.

Ambiance inédite

Tokyo a adopté une approche réservée pour lancer ces Jeux olympiques, saisissant l’ambiance entourant des Jeux qui ne font pas l’unanimité, qui ont été repoussés d’une année et qui demeurent incapables de demeurer à l’abri de la pandémie.

En fait, certaines épreuves ont commencé il y a deux jours, mais la cérémonie de vendredi soir (heure du Japon) a officiellement lancé ces Jeux, malgré l’omniprésence de l’ombre de la COVID-19.

Tard en après-midi, des citoyens de Tokyo s’étaient rassemblés à l’extérieur du stade, souhaitant pouvoir absorber un brin de l’atmosphère qui se dégageait des environs, compte tenu du fait que la cérémonie n’était pas accessible au grand public. Des manifestants mécontents du fait que les Jeux allaient quand même avoir lieu se trouvaient aussi à proximité.

La cérémonie, habituellement une occasion de se défouler et de célébrer après des années d’attente et d’anticipation, ressemblait davantage à une répétition générale qu’à l’exercice officiel puisque très peu de personnes ont pu l’apprécier sur place.

Les prestations ont été de haut calibre, mais les décibels provenant des applaudissements n’ont représenté qu’une fraction du niveau habituel à cause des gradins presque totalement déserts.

La participation des spectateurs était évidemment hors de question cette fois-ci, mais la traditionnelle entrée des délégations dans le stade est demeurée un moment fort de la soirée, même sans les cris de la foule.

Vêtus de l’uniforme aux couleurs de leur pays, les athlètes qui ont pu entrer dans le stade portaient tous un masque. Ils ont agité leurs bras et leurs mains vers les gradins déserts et tenté de savourer le plus possible le moment, aussi étrange cela pouvait-il paraître.

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La délégation de la Mongolie

Marnie McBean, chef de mission de la délégation canadienne, se tapait dans les mains en marchant près de l’avant du groupe lors de l’entrée des athlètes du pays dans le gigantesque stade.

Les yeux brillants et les joues relevées trahissaient les sourires que l’on ne pouvait voir derrière les masques.

« Aujourd’hui, le monde entier se réunira pour l’ouverture officielle des Jeux olympiques à Tokyo, au Japon. C’est un moment pour célébrer l’excellence, l’esprit sportif et le dévouement des athlètes au Canada et à travers le monde », a affirmé le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, dans une déclaration officielle.

Le journaliste Gregory Strong de La Presse Canadienne a contribué à cet article