Entretien en cinq (courtes) manches avec Félix Auger-Aliassime à propos de Tokyo et des Jeux olympiques.

Dans sa valise, à l’aller

Les raquettes occupent sans conteste la tête des articles qu’usent en plus grande quantité les joueurs de tennis professionnels. Cela va de soi. Mais si on devait parier sur la deuxième place, les valises ne seraient pas un mauvais choix. Au tennis, on parcourt littéralement le globe 11 mois par an. À la question « y aura-t-il quelque chose de particulier dans tes bagages pour Tokyo ? », la réponse la plus prévisible était donc « non ». Et pourtant.

« C’est vrai qu’on a l’habitude de faire et défaire les valises chaque semaine, réfléchit d’abord le Québécois. Je n’apporte rien de très particulier avec moi… mis à part que normalement, à chaque endroit où je vais, j’aime toujours avoir mon beurre d’arachides [il rit] au déjeuner. J’imagine qu’au Japon, ça risque d’être compliqué à trouver. Donc, je me dis que je vais peut-être l’apporter. C’est une possibilité. C’est probablement la chose la plus unique que je vais apporter ! »

Le traîne-t-il invariablement ?

« Non, justement, parce que dans la plupart des villes où je vais, j’arrive à le trouver en épicerie. Mais, par exemple, quand je vais jouer des tournois en Chine, j’apporte toujours mon beurre d’arachides parce que je sais que je ne le trouverai nulle part là-bas. »

… Et au retour

Auger-Aliassime aime bien manger japonais. « Comme beaucoup d’entre nous », souligne-t-il.

Cela dit, on a reculé aussi loin que possible sans trouver trace d’un tournoi au Japon dans le parcours de Félix Auger-Aliassime. Il confirme. Il n’y a jamais joué. Ni même posé les pieds, d’ailleurs. Mais il en a beaucoup entendu parler.

J’ai une tante au Québec qui a vécu, je pense, deux ans au Japon et qui m’avait raconté plein de belles choses sur les gens. Des histoires qu’elle me racontait, j’avais toujours une belle image du pays et l’envie d’y aller. Ça va être une belle expérience.

Félix Auger-Aliassime

Bien qu’en raison des mesures sanitaires, il ne pourra découvrir Tokyo. Pas cette fois.

Pour les raisons évoquées précédemment, il aurait été étonnant que le tennisman admette une intention de rapporter quelque chose pour lui de ce voyage. Il le fera peut-être pour des proches, par contre. Pour cette tante, notamment.

« Et ma grand-mère adore les cartes postales de partout dans le monde, enchaîne-t-il. Elle les a collectionnées pendant de nombreuses années. »

Il y a bien un souvenir avec lequel aimerait sans doute revenir le joueur de 20 ans. En or, argent ou bronze. Sait-on jamais.

« Un rêve d’enfant »

PHOTO TOBY MELVILLE, REUTERS

Félix Auger-Aliassime célèbre sa victoire contre Alexander Zverev en huitièmes de finale au tournoi de Wimbledon.

Les Jeux olympiques ne cadrent pas dans le paysage habituel des joueurs de tennis. Ils ne reviennent que tous les quatre ans et ne revêtent assurément pas l’importance d’un titre en Grand Chelem pour la quasi-totalité d’entre eux. Il est donc justifié de se demander ce que les JO représentent vraiment à leurs yeux. Quelle importance leur accordent-ils ?

« C’est vrai que c’est particulier. Et c’est dommage parce que c’est un peu dû à certaines politiques, pour tout dire », fait valoir le Québécois.

Il parle du fait que, depuis les derniers Jeux, le tournoi olympique ne confère plus de points au classement du circuit ATP, ce qu’il déplore.

Mais, points ou pas, sa motivation pour les JO n’en est pas altérée.

« Pour moi, c’est un rêve d’enfant qui devient réalité malgré tout, lance-t-il. Oui, il y a ma carrière et mon classement, tout ça, mais de les avoir regardés quand j’étais plus petit en me disant qu’un jour j’aimerais y être, et que là, c’est à la porte, c’est incroyable. C’est une grande fierté. Je compte y aller à toutes les éditions que je pourrai. »

Souvenirs en vrac

Félix Auger-Aliassime n’a que 20 ans. Ainsi, lui demander de fouiller dans ses souvenirs olympiques est presque bête. Sinon, douloureux. En cours de discussion, on glisse l’affaire Ben Johnson… qui s’est déroulée 12 ans avant la naissance du joueur.

Des deux, voire trois, dernières présentations des Jeux olympiques d’été, il cite néanmoins comme souvenirs marquants les deux médailles d’or d’Andy Murray. Dont celle de 2012, sur le gazon de Wimbledon, contre Roger Federer.

PHOTO RUSSELL CHEYNE, ARCHIVES REUTERS

Andy Murray de retour dans sa ville natale de Dunblane, en Écosse, après avoir remporté la médaille d’or lors du tournoi olympique à Wimbledon, en 2012

Les exploits de la nageuse canadienne Penny Oleksiak à Rio.

Et ceux des plongeuses Meaghan Benfeito et Roseline Filion, qu’il se rappelle avoir vues en direct.

Puis, de façon plus générale, il poursuit avec le faste des cérémonies d’ouverture. Et ce qu’elles signifient.

« Ça regroupe tout le monde, pas juste de notre sport, mais de partout dans le pays, la province. C’est ce qui est fort avec les Jeux olympiques. »

De Grasse et Bolt

Auger-Alissiame est de la génération qui a grandi en contemplant les réalisations des Usain Bolt et Michael Phelps, « qui ont marqué leur sport ». Il se reprend : « Qui ont changé leur sport. »

On lui demande si, de ses souvenirs olympiques, l’un se démarque. S’il a un « héros olympique ».

« J’aime beaucoup l’athlétisme, donc je me souviens de la médaille d’argent d’Andre De Grasse et de la médaille au relais aussi. »

PHOTO OLIVIER MORIN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

André De Grasse et Usain Bolt, lors de la finale du 200 m aux Jeux de Rio, en 2016

Cette deuxième place du Canadien au 200 m des Jeux de Rio de 2016 vient tout en haut de son palmarès.

« Avec cette mythique photo aux côtés d’Usain Bolt. Je trouve que c’était vraiment un beau moment de voir quelqu’un de chez nous côte à côte avec le plus grand sprinter de l’histoire. »