(Lausanne) Le Comité international olympique a suspendu lundi le président biélorusse Alexandre Loukachenko « de toutes les manifestations et activités du CIO, y compris les Jeux olympiques », en raison de la « discrimination politique » frappant les athlètes du pays.

L’instance olympique s’était inquiétée début octobre des multiples alertes de sportifs biélorusses, qui se disaient persécutés en raison de leurs opinions politiques dissidentes, et avait ouvert une procédure officielle le 25 novembre.

Athlètes dissidents ciblés par le régime

Sa commission exécutive a conclu lundi que « la direction actuelle du comité national olympique » (CNO) du Biélorussie, présidée par le chef d’État Alexandre Loukachenko, « n’a pas protégé de manière appropriée les athlètes » contre cette « discrimination politique ».

Elle a donc exclu à titre provisoire « les membres actuellement élus de la commission exécutive du CNO » de toutes les activités du CIO, « jusqu’à nouvel ordre ou jusqu’à ce qu’une nouvelle commission exécutive » soit élue en février 2021.

Principaux sanctionnés : Alexandre Loukachenko, « en sa qualité de représentant légal du CNO », mais aussi son fils Viktor, « vice-président » de l’instance nationale, et Dmitry Baskov, qui dirige par ailleurs la fédération biélorusse de hockey sur glace.

Le CIO a également suspendu tous ses transferts de fonds au CNO, « à l’exception des paiements liés à la préparation des athlètes » pour les JO de Tokyo et ceux de Pékin (Jeux olympiques d’hiver de 2022), et versera « directement aux athlètes » les bourses olympiques.

Enfin, l’instance va « demander aux fédérations internationales de s’assurer » que tous les athlètes du pays « peuvent participer aux épreuves de qualification pour les prochains Jeux olympiques sans aucune discrimination politique ».

Quinze jours de prison pour avoir manifesté

Fin septembre, la basketteuse biélorusse Yelena Leuchanka, 37 ans, avait été condamnée à 15 jours de prison pour avoir participé aux manifestations contre Alexandre Loukachenko.  

Dès la fin août, plus de 300 sportifs de haut niveau, dont plusieurs médaillés olympiques et membres d’équipes nationales, avaient dénoncé dans une lettre ouverte le trucage des votes dans l’élection présidentielle revendiquée par M. Loukachenko, appelant à un nouveau vote.

Les signataires, réclamant également la fin des violences policières et la libération de tous les prisonniers politiques, avaient par ailleurs promis qu’ils feraient preuve de solidarité si l’un d’entre eux devait faire face à des représailles, « allant jusqu’au refus éventuel de concourir pour l’équipe nationale ».

De nombreuses figures de l’opposition biélorusse ont été arrêtées ou contraintes à l’exil depuis l’élection présidentielle remportée officiellement par Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, et le déclenchement d’un mouvement de protestation inédit qui l’a suivie.