Le médecin de la délégation olympique canadienne croit que les Jeux olympiques de Tokyo, qui ont été repoussés à l’été prochain en raison de la pandémie, pourraient avoir lieu même sans vaccin contre la COVID-19. À condition que d’importantes modifications au plan initial soient apportées.

Bien que l’effort planétaire afin de développer un vaccin soit sans précédent, le Dr Mike Wilkinson ne s’attend pas à ce qu’il soit disponible pour une campagne de vaccination massive d’ici à la cérémonie d’ouverture, le 23 juillet 2021.

PHOTO DARRYL DYCK, THE CANADIAN PRESS

Le médecin de la délégation olympique canadienne, le Dr Mike Wilkinson (au centre), ne s’attend pas à ce qu’un vaccin contre la COVID-19 soit disponible pour une campagne de vaccination massive d’ici à la cérémonie d’ouverture, le 23 juillet 2021. Des JO sans vaccins sont possibles, mais il faudrait d’importantes modifications, dit-il.

« Je crois qu’il faut planifier ces JO sans vaccin », a évoqué Wilkinson lors d’une conférence téléphonique organisée par le Comité olympique canadien.

« Les vaccins sont habituellement longs à développer, même lorsqu’on accélère la cadence des tests et des essais cliniques comme c’est le cas actuellement », a-t-il d’abord expliqué.

« Je crois qu’on pourra y participer de manière sécuritaire sans vaccin, mais je crois qu’il faudra apporter d’importantes modifications au plan opérationnel initial des JO, la manière dont nous gérons notre personnel, nos équipes et nos athlètes présents aux JO, et la manière dont nous devrons agir, personnellement et collectivement », a-t-il poursuivi.

Qu’il y ait des spectateurs dans les gradins ou non à Tokyo, ça, Wilkinson n’est pas prêt à y répondre.

« Si j’étais un membre du comité organisateur de Tokyo, je ferais tout en mon possible afin que des spectateurs puissent assister aux compétitions, a admis Wilkinson. La question, c’est comment y parvenir de manière sécuritaire ? »

Les Jeux olympiques de Tokyo devaient commencer il y a près de deux mois, mais la pandémie de coronavirus a provoqué son report — ainsi que celui des Jeux paralympiques — en mars dernier.

Le Canada avait annoncé qu’il n’enverrait pas d’équipe deux jours avant cette décision, citant des préoccupations sanitaires et de sécurité.

Wilkinson, médecin de la délégation olympique canadienne, a depuis pris la tête d’un groupe canadien chargé de l’élaboration de listes d’évaluation des risques pour le retour à l’entraînement et à la compétition, en utilisant les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé sur les rassemblements de masse et le sport comme modèles.

Jadis, alors qu’il était le directeur des services médicaux aux Jeux olympiques de 2010 à Vancouver et Whistler, en C. -B., le virus de la grippe H1N1 avait menacé les plans du Canada d’accueillir la planète entière.

« Nous avions aussi dû développer un plan en vue des JO avec ou sans vaccin, s’est souvenu Wilkinson. Peu avant le début du relais de la flamme, le vaccin avait été développé et était disponible au Canada.

« C’était pratiquement une répétition pour ce que nous vivons présentement », a-t-il ajouté.

Même si un vaccin contre la COVID-19 devient disponible avant les JO, Wilkinson assure qu’il ne deviendra pas obligatoire pour les membres de l’équipe canadienne.

« Il n’y a pas de médicament obligatoire, a-t-il martelé. Mais nous devrions fortement le recommander.

« Si vous rendez la vaccination obligatoire, que faisons-nous des gens qui ont des allergies aux agents de conservation, qui peuvent subir un choc anaphylactique, etc. ? »

La délégation canadienne se fiera beaucoup sur les recommandations de Wilkinson l’an prochain, afin de déterminer s’il sera sécuritaire de se rendre à Tokyo.

« En fin de compte, ma responsabilité est d’assurer la santé et la sécurité des athlètes, a-t-il rappelé. Plus tôt on prendra une décision, si une décision doit être prise, mieux ce sera.

« Cependant, ce sera une décision qui, comme ce fut le cas en mars, doit prendre en compte les athlètes et tous nos partenaires. Je dois admettre que j’ai été extrêmement fier de la manière dont les athlètes et la commission des athlètes ont été impliqués dans le processus décisionnel. »

Wilkinson est aussi conscient du fardeau que représente l’incertitude chez les athlètes, qui planifient toute leur vie en fonction de ce moment, de leur présence aux JO de Tokyo.

« Le stress mental est énorme », a reconnu Wilkinson, en citant la cheffe de mission canadienne Marnie McBean, qui considère que la situation actuelle est le test ultime de ténacité pour un athlète qui aspire à se rendre à Tokyo.

« La réalité actuelle force à développer de nouvelles habiletés, mais elle force également à demander beaucoup d’aide mentalement et physiquement afin d’être prêt (pour les JO) », a-t-il conclu.