(Tokorozawa) La boxeuse Arisa Tsubata jongle avec deux types de gants. Ceux qu’elle porte sur le ring pour se qualifier aux JO de Tokyo et ceux de son travail d’infirmière à l’hôpital, où elle côtoie un adversaire d’un autre genre : le coronavirus.

Cette femme de 27 ans s’occupe majoritairement de patients cancéreux, mais souligne que la COVID-19 était une menace constante dans son hôpital au plus fort de la pandémie au Japon ce printemps, quand le système de santé du pays était au bord de la rupture.

Se battre contre la COVID-19

« Dans un établissement médical, nous sommes toujours confrontés au risque infectieux », rappelle-t-elle à l’AFP. « Mes collègues et moi avons travaillé avec le stress d’être éventuellement contaminés » par le nouveau coronavirus.

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L’hôpital de la ville de Saitama, où travaille Arisa Tsubata dispose d’un gymnase, où elle peut s’entraîner.

Comme pour la plupart des athlètes de haut niveau du monde entier, la pandémie a bouleversé son entraînement sportif. Mais le report à l’été 2021 des Jeux olympiques de Tokyo a joué en sa faveur.

« C’est un avantage pour moi, car cela me donne plus de temps pour m’entraîner », explique-t-elle. Tout en avouant avoir eu du mal à s’en réjouir pleinement, le report ayant été provoqué par la propagation du terrible coronavirus.

Arisa Tsubata a seulement commencé la boxe il y a deux ans et a fait des progrès fulgurants. En octobre 2019, elle est devenue championne du Japon dans la catégorie poids moyen, ce qui lui avait valu une place dans l’équipe nationale.

Mais cumuler sa carrière sportive naissante avec son métier d’infirmière n’a rien de simple. Elle a seulement livré son premier combat international lors d’un stage d’entraînement intensif au Kazakhstan au début de cette année.

« Cela m’a fait prendre conscience à quel point j’étais inexpérimentée […]. Cela m’a fait peur », confesse-t-elle.

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Kim Clavel est plus expérimentée que sa consoeur infirmière Arisa Tsubata, comme l'a constaté Natalie Gonzalez le 21 juillet à Las Vegas.

Aussi la fédération japonaise de boxe avait décidé de ne pas la faire participer au dernier tournoi de qualification olympique qui devait initialement se tenir en mai à Paris, ce qui aurait brisé son rêve de participer aux JO de Tokyo.

Le report des Jeux à l’été 2021 lui a donné un sursis inespéré. « Je veux m’entraîner beaucoup plus et convaincre la fédération que je peux participer au tournoi de qualification final », dit-elle.

« Repartir au combat »

Sa motivation de départ en se lançant dans la boxe était plus triviale : perdre du poids.

« Quelques années après être devenue infirmière, j’avais pris plus de dix kilos » confie-t-elle en s’esclaffant.

« J’avais le projet de partir en vacances à Hawaii avec mes amis un été, mais je me suis dit qu’avec un corps pareil je n’allais pas prendre beaucoup de plaisir. C’est comme ça que j’ai commencé la boxe ».

D’après son entraîneur, Masataka Kuroki, Arisa Tsubata est une boxeuse subtile qui apprend vite, avec un sens inné de l’attaque.

Mais « elle doit encore acquérir plus de technique en défense. Il faut que son bas-ventre devienne plus agile et plus ferme pour repousser des coups par en dessous », estime M. Kuroki, interrogé par l’AFP.

Née d’un père japonais et d’une mère tahitienne, Arisa a été élevée seulement par son père, avec trois de ses frères et sœurs, après la séparation de leurs parents.

Son père avait encouragé Arisa à devenir infirmière, n’ayant jamais imaginé auparavant qu’elle se battrait un jour pour participer aux Jeux olympiques. Il collectionne aujourd’hui avec fierté les articles sur sa fille aînée dans les médias.

Arisa Tsubata dit vouloir participer aux JO pour tous ses collègues à l’hôpital qui la remplacent pendant ses entraînements, et pour les patients qui l’encouragent à accomplir son rêve olympique.

« Je veux être du genre à repartir sans cesse au combat, quel que soit le nombre de coups que je reçois », affirme-t-elle.

« Je veux montrer à ceux qui me soutiennent que je peux travailler dur et participer aux JO, grâce à eux ».