La première journée de l'automne avait un parfum de printemps à Roberval, lundi, quelques heures avant que le Canadien de Montréal et les Sabres de Buffalo ne s'amènent en ville pour disputer un match préparatoire de la Ligue nationale de hockey.

Un peu partout dans la municipalité québécoise de 10 000 habitants bordant le Lac Saint-Jean, on pouvait voir des voitures défiler avec des fanions décorés du logo de «Hockeyville 2008», comme l'ont fait les automobilistes montréalais avec leurs petits drapeaux du CH lors des dernières séries éliminatoires.Plusieurs commerces soulignaient le fait que Roberval était la ville championne du concours Hockeyville 2008, ce qui lui vaudra la visite de Guy Carbonneau et de ses joueurs, mardi soir, au Centre sportif Benoît-Lévesque.

Pour les habitants de cette ville située à plus de cinq heures de route de Montréal, ce match hors-concours sera un événement aussi important que peut l'être un match éliminatoire pour les Montréalais.

Claude Lizotte, un Robervalois de 73 ans, assistera à son premier match du Canadien en personne depuis 33 ans. Il s'était rendu au vieux Forum, en 1975-76, pour une rencontre entre le Tricolore et les Rangers de New York.

«On avait acheté des billets sur la rue. C'avait coûté 40 $ pour une paire», a raconté M. Lizotte à La Presse Canadienne.

M. Lizotte assistera au match de mardi en compagnie de son petit-fils de 14 ans, Alexandre Coulombe. Ce dernier en sera à son tout premier match du CH à vie.

«Je peux vous dire qu'il était bien fier de son grand-père quand il a su que j'avais des billets», a lancé M. Lizotte avec un large sourire.

«C'est une occasion unique, a dit M. Lizotte de la visite du Canadien. Quand on est rendu à un certain âge, les occasions de se rendre à Montréal se font rares. Là, ils viennent chez nous. C'est officiel que nous, les plus vieux, on ne verra plus jamais ça.

«C'est l'ambiance d'être là qui va faire l'événement.»

Et de l'ambiance, il y en aura. Le Centre sportif Benoît-Lévesque ne compte que 1237 places, mais on s'attend à ce qu'entre 5000 et 10 000 personnes se massent à l'extérieur de l'aréna pour assister à la rencontre sur écran géant.

Dans la matinée de mardi, d'autres Robervalois assisteront aux échauffements matinaux du Canadien et des Sabres.

Grâce au Village sur glace

C'est le Village sur glace de Roberval qui lui a valu le titre de Hockeyville 2008. Ce camping hivernal, où des anneaux de marche et de patinage de 1 km chacun sont construits l'hiver sur le Lac Saint-Jean, compte 325 maisonnettes, une patinoire réglementaire, une mini-patinoire et un mini-golf.

Chaque week-end de janvier à mars, de 5000 à 10 000 personnes s'y retrouvent pour socialiser, marcher et patiner. Et aussi pour jouer au hockey comme dans le bon vieux temps.

«À l'hôpital (de Roberval), ils ont constaté que le nombre de maladies et de dépressions a diminué l'hiver depuis qu'il y a le Village sur glace», a noté M. Lizotte.

Après quelques années de fonctionnement sur une base informelle, le Village sur glace est devenu un véritable phénomène en 2005, l'année du 150e anniversaire de Roberval. Le nombre de maisonnettes avait plus que décuplé en seulement deux ans. C'est alors qu'on a décidé d'en faire une entité officielle.

«C'est une ville à part entière, avec son propre maire, ses échevins, son greffier et son directeur général, a expliqué Jacques Dion, le maire du Village sur glace. C'est géré comme une municipalité, avec ses règles que tout le monde doit respecter.»

Roger Morin, un bénévole du Village, et son épouse ont eu l'idée de participer au concours Hockeyville. L'originalité et le romantisme de ce village d'hiver ont conquis les juges du concours commandité par Kraft, qui ont d'abord choisi Roberval, ainsi que 139 autres villes canadiennes, parmi les 1100 candidatures proposées.

Après avoir été élue finaliste québécoise devant Rouyn-Noranda, la ville de Roberval a remporté le tour final du scrutin, effectué par téléphone et Internet. Elle a reçu 2 198 665 votes, soit bien plus que la ville ontarienne de Kingsville (1 491 787 votes).

«Des retraités ont voté de 5000 à 6000 fois, mais nous avons aussi profité d'une belle solidarité régionale. Le maire de Saguenay (M. Jean Tremblay) a notamment donné son appui», a indiqué M. Dion.

«J'ai voté une cinquantaine de fois, mais mon épouse a voté 2500 fois», a indiqué M. Lizotte, qui a eu droit à deux billets pour le match de mardi, à l'instar des autres propriétaires de maisonnettes du Village sur glace.

Roberval, qui accueille chaque année sa part de visiteurs étrangers grâce à la Traversée du Lac Saint-Jean, a maintenant droit à un plus grand rayonnement encore.

«Je ne crois pas qu'une ville de 10 000 habitants aurait pu faire autant parler d'elle à travers le Canada sans le Village sur glace», a noté M. Dion.