Vingt-quatre heures ne représentent qu'un grain de sable dans les 30 années bien remplies de la vie d'Alexandre Burrows.

Mais les heures qui ont défilé entre le coucher du soleil le 26 avril dernier et le lever du jour le lendemain ont permis au hockeyeur de Pincourt de pratiquement combler tous ses rêves professionnels, et au jeune homme qui se cache sous l'uniforme numéro 14 des Canucks de vivre un moment grandiose dans sa vie personnelle.

Le 26 avril à Vancouver, dans le cadre d'un terrifiant match décisif opposant les Canucks aux Blackhawks de Chicago, Alexandre Burrows s'est retrouvé au centre de tous les faits saillants de la rencontre. Tous! Les bons, les moins bons et même les mauvais...

Dès les premiers instants du match, Burrows a soulevé la foule et calmé un peu ses coéquipiers en donnant les devants à son équipe 163 secondes seulement après la mise en jeu initiale.

Tôt en troisième, Burrows a obtenu un tir de pénalité. Au lieu de doubler l'avance des siens, il a gaspillé l'occasion en or que les Hawks venaient de lui offrir. Les ennuis n'ont fait que commencer: en fin de troisième période, Burrows a été pris à contrepied lors d'une attaque à cinq des Canucks. Les Hawks ont contre-attaqué. Jonathan Toews, avec moins de 2 minutes à écouler au match, a nivelé les chances et propulsé le match en prolongation.

De zéro à héros

Envoyé dans la mêlée pour commencer la période supplémentaire, Burrows a écopé d'une pénalité bête après 24 secondes seulement. La tête basse, le coeur gros, il s'est rendu au banc des pénalités. «Je n'étais pas fier de moi, mais j'avais confiance. Je savais que les gars feraient le travail», a raconté Burrows sans être très convaincant.

Un arrêt de Roberto Luongo aux dépens de Patrick Sharp a gardé les Canucks dans le coup et évité à Burrows la responsabilité d'une défaite qui aurait noirci une autre saison du tonnerre, soulevé des tas de doutes et entraîné plusieurs changements après une troisième élimination consécutive aux mains des rivaux venus de Chicago.

Moins de 3 minutes après son retour au jeu, Burrows a intercepté avec la main une rondelle que le défenseur Chris Campoli a tenté de dégager par la baie vitrée, il l'a déposée sur la glace et tirée de toutes ses forces pour marquer le but en or.

«Je ne sais pas combien de buts en prolongation dans un septième match de séries j'ai marqués dans le sous-sol chez mes parents ou dans la rue avec mes amis, mais là, c'était pour vrai. Je venais de réaliser le rêve de tout joueur de hockey», a raconté avec émotion le héros de ce match.

De la victoire à Victoria...

Après avoir célébré comme il se devait ce but historique, Burrows s'est aussitôt rendu à la maison, où l'attendait sa compagne Nancy, enceinte de la petite Victoria, qui était sur le point de naître.

«Nancy était demeurée à la maison pour éviter le stress du match. Mais tôt le lendemain matin, elle m'a réveillé pour me dire que les contractions étaient commencées. Que la petite arrivait», a ajouté l'oeil pétillant de fierté celui qui est devenu papa pour la première fois.

À l'hôpital, la petite Victoria a suivi le plan de match. «Nous étions prêts. Je voulais être là. Participer. Et je l'ai fait. Je venais de vivre des moments extraordinaires comme joueur. Toutes mes épreuves, tous mes sacrifices venaient d'être récompensés par ce but. Mais là, je donnais naissance à ma fille. Je suis fier de ce que j'ai accompli comme joueur ce soir-là. Mais rien ne pourra égaler la sensation de prendre son premier enfant dans ses bras», a raconté Burrows.

Et s'il avait eu à choisir. Si Victoria n'avait pas attendu le but gagnant et avait annoncé sa venue quelques heures avant le match, de quelles émotions Burrows se serait-il privé?

«Le hockey, c'est important. Mais ça demeure un jeu. À 80 ans, j'aurai plein de souvenirs de hockey, mais je n'aurai eu qu'une fois la chance d'assister à la naissance de mon premier enfant. Je crois qu'on est rendu à huit naissances cette année. Les gars ont tous accompagné leur blonde. J'aurais fait pareil.»

Entraîneur-chef des Canucks, Alain Vigneault aurait-il donné son aval même dans le cadre d'un match décisif de séries? «La décision lui serait revenue. Mais j'étais content de savoir que la petite n'arriverait pas le soir du septième match», a convenu l'entraîneur-chef avec un sourire.