« Quand D-Vo va revenir, on va avoir six gars capables de jouer au centre. C’est le fun d’avoir ça, parce que les joueurs de centre sont importants dans cette ligue-là… » Le 23 septembre dernier, en plein camp d’entraînement, Martin St-Louis s’enthousiasmait du nombre d’options qui s’offraient à lui au poste de centre.

Quatre mois et demi plus tard, plus personne ne parle d’abondance. Blessés, Kirby Dach et Christian Dvorak (D-Vo pour les intimes) ne joueront plus cette saison. Sean Monahan vient d’être échangé. Et Alex Newhook, qui s’est blessé à une cheville à la fin du mois de novembre, n’a encore pris part à aucun entraînement complet. Il était de retour sur patins avant que s’amorce la semaine de congé du Tricolore, et on peut s’attendre à le revoir dans le courant du mois de février. À quel moment exactement ? On ne saurait le dire.

Au retour du Canadien en action, mardi prochain, on peut donc s’attendre à ce que seulement deux des six joueurs de centre du dernier camp soient en uniforme contre les Capitals de Washington : Nick Suzuki et Jake Evans.

C’est mince à un point qui dépasse l’entendement. Kent Hughes a appelé à la « résilience » de ses joueurs, vendredi, pour affronter la fin de la saison. Il a raison, ils en auront besoin.

Le directeur général du CH a probablement réussi un coup de maître en soutirant un choix de premier tour aux Jets de Winnipeg en retour de Sean Monahan, même si, dans la bulle des partisans et des commentateurs montréalais, le vétéran était perçu comme un demi-dieu.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Kent Hughes

L’exploit de Hughes est double quand on se souvient du choix de premier tour que les Flames avaient dû céder pour se débarrasser de Monahan en 2022. Grâce à l’attaquant, le DG du Canadien a donc transformé de l’air en deux choix de premier tour. C’est grandiose.

Cela n’empêche pas, nous l’avons évoqué, que le Tricolore se retrouve dans un état lamentable à la position de centre. Hughes s’est dit optimiste quant à la possibilité de revoir Newhook sous peu. Le problème, c’est qu’il n’a pas été très bon lorsqu’il a hérité de ce rôle après que Kirby Dach fut tombé au combat en tout début de campagne.

Du 17 octobre au 2 novembre, il a amassé trois points en huit matchs et affiché un différentiel de - 6, le pire de l’équipe dans l’intervalle. Son taux de succès au cercle de mise en jeu, en carrière, est inférieur à 40 %. À l’instant où Christian Dvorak a été en mesure de jouer, Newhook est retourné à l’aile. Son retour au centre se fera donc dans les mêmes circonstances qu’en octobre : à défaut de mieux.

Pas de renfort

L’attaquant de 23 ans est, au demeurant, le dernier joueur blessé dont on attend encore le retour en santé cette saison. Autrement dit, il n’y aura plus de renfort en provenance de l’infirmerie. Et à entendre parler Kent Hughes, il n’y en aura pas non plus de l’extérieur. L’aide, à moins d’une surprise, viendra du Rocket de Laval.

En décembre et en janvier, on a vu Mitchell Stephens, puis Lucas Condotta, le temps de deux matchs, piloter la quatrième unité. « On va continuer de voir ce style de joueurs » à ce poste, a annoncé Hughes. Dans le cas de Condotta, on pourrait croire que l’organisation désirait voir ce qu’il a à offrir dans la LNH. Or, son utilisation a été tellement minime pendant sa courte audition, la semaine dernière, qu’on se demande bien quelle conclusion on a pu tirer à son sujet.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Mitchell Stephens (13) lors d’un match contre les Oilers d’Edmonton

Les autres options, à l’interne, s’appellent Lias Andersson et Philippe Maillet, à moins que l’on passe en mode « expérience totale » avec Jan Mysak ou Riley Kidney. Interrogé sur la possibilité d’offrir un contrat de la LNH à Brandon Gignac, meilleur pointeur du Rocket, Hughes n’a pas dit non, mais n’a pas semblé emballé non plus.

Évaluation

En réalité, c’est l’ensemble du personnel à cette position qui sera passé en revue au cours des prochains mois.

Jake Evans aura 28 ans en juin prochain. La direction sait à quoi s’attendre de sa part. Fera-t-il encore partie des plans lorsque son contrat sera échu, en juillet 2025 ? Ou voudra-t-on s’améliorer sur le quatrième trio ? Dans la même veine, on peine à croire que Christian Dvorak, qui deviendra lui aussi joueur autonome sans compensation en 2025, appartienne à l’avenir du club.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Jake Evans

Quand on scrute encore plus attentivement l’organisation, la réserve n’est pas tellement plus florissante. Owen Beck et Filip Mesar connaissent du succès dans la Ligue junior de l’Ontario, mais à 19 et 20 ans, respectivement, ils ressemblent encore à des projets – surtout Mesar.

Bref, dans toute la hiérarchie du Canadien, le centre est assurément la position la moins garnie en matière de talent. Après Nick Suzuki et Kirby Dach, quelles sont les valeurs sûres dans ce long processus de reconstruction ? Y en a-t-il même une seule ? Beck, peut-être ?

Kent Hughes détient désormais 23 choix en vue des deux prochains repêchages, dont sept dans les deux premières rondes. Il a déjà indiqué par le passé qu’il comptait se servir de cette richesse pour conclure des transactions. Le chantier prioritaire, soudain, se précise.

Après tout, comme l’a si bien résumé son entraîneur : les joueurs de centre sont importants dans cette ligue-là.