Luke Tuch a été sélectionné par le Canadien au deuxième tour du repêchage de 2020. Le Tricolore doit lui offrir un contrat d’ici le 15 août, sans quoi il sera libéré. La Presse a rencontré l’attaquant à Boston afin d’en savoir plus sur ses attentes et ses intentions.

(Boston) Luke Tuch venait d’atterrir à Buffalo, le 9 décembre, quand il a été avisé que sa belle-sœur était entrée à l’hôpital afin d’accoucher de son neveu. Son frère, Alex Tuch, était blessé et avait été retiré de l’alignement des Sabres en vue du match contre le Canadien ce soir-là. « Ça s’est parfaitement aligné avec la naissance de son fils », raconte l’espoir du Tricolore.

Dans les entrailles de l’Agganis Arena de Boston, où on le rencontre le 8 janvier, Luke Tuch sourit. C’est l’effet qu’on obtient quand on lui parle de la naissance de son neveu, Tripp Michael Tuch.

L’attaquant des Terriers de l’Université de Boston se rendait à Buffalo afin de visiter son ancienne famille de pension. Il s’agit d’Andrew Peters, ancien joueur des Sabres qui travaille aujourd’hui pour l’organisation. Comme sa belle-sœur était toujours en train d’accoucher, Tuch a rejoint Peters pour un repas avant le match.

« L’accouchement a duré 27 heures, alors j’étais comme : je vais aller au match, je ne vais pas attendre ici », relate le jeune homme.

« Je pense qu’elle a eu le bébé vers 21 h ou 22 h. Il ne peut y avoir que deux visiteurs. Mon frère a vu le bébé ce soir-là et la mère de sa femme était là. Avec mon père, on a décidé d’y aller le lendemain matin. »

À défaut de rencontrer son neveu ce soir-là, il a rencontré des membres du personnel du Canadien, dont le directeur général, Kent Hughes, et le vice-président aux opérations hockey, Jeff Gorton. Eux dont les fils Jack Hughes et Jack Gorton évoluent d’ailleurs avec Tuch chez les Terriers. Tout est dans tout, comme on dit.

« C’était bien, c’était tranquille, relate-t-il. J’ai eu quelques bonnes conversations avec eux. Je les vois ici [à Boston] assez souvent. »

« Environ toutes les semaines, quelqu’un de Montréal » appelle Tuch ou assiste à un de ses matchs. Les contacts entre l’organisation et le joueur sont donc fréquents, même si le jeune homme refuse de trop s’aventurer sur le sujet.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Luke Tuch au camp de perfectionnement du Canadien, en juillet dernier

Il n’est pas rare que les joueurs signent un premier contrat une fois leur carrière universitaire terminée ; ç’a été le cas, notamment, de Jordan Harris, de Jayden Struble et de Jake Evans. Tuch en est à sa quatrième saison à l’Université de Boston et le Canadien a jusqu’au 15 août pour lui offrir un contrat, sans quoi l’attaquant sera libre de s’entendre avec une autre organisation.

« Je pense qu’en ce moment, je me concentre sur cette saison, a dit Tuch. Les choses se régleront l’été prochain. J’ai eu une très bonne relation avec Montréal dans les dernières années. J’ai été repêché il y a un peu plus de trois ans. J’essaie juste de fournir ma part d’efforts, de jouer au hockey. J’ai une bonne relation avec Montréal et on verra ce qui arrive pendant la saison morte. »

Sa « meilleure saison »

Luke Tuch connaît la campagne la plus productive de sa carrière universitaire, lui qui comptabilise 5 buts et 13 mentions d’aide en 19 rencontres. La saison dernière, sa première complète après avoir traversé la pandémie et des blessures, il avait récolté 20 points en 40 matchs.

Selon son entraîneur, Jay Pandolfo, Tuch joue actuellement « le meilleur hockey de toute sa carrière ici ».

« Il n’y a pas de doute là-dessus. Il est arrivé ici en santé cette année. Les deux derniers étés, il avait souffert de blessures à l’épaule et je pense que ç’a un peu ralenti sa progression. Cette année, il semble plus fort que jamais », note Pandolfo, que l’on rencontre dans son bureau spacieux.

Il y a des moments où il prend vraiment le contrôle du match physiquement. Il crée de l’espace pour ses coéquipiers et pour lui-même. Il joue avec l’identité qu’il doit avoir pour jouer au prochain niveau.

Jay Pandolfo, entraîneur-chef des Terriers de l’Université de Boston

Des propos appuyés par le joueur lui-même, qui affirme jouer sa « meilleure saison ». Il évolue d’ailleurs sur le même trio que celui qui est pressenti comme le futur premier choix au repêchage, Macklin Celebrini. « C’est l’occasion d’une vie de jouer avec un gars comme lui », note-t-il.

Tuch juge avoir amélioré sa vitesse et sa robustesse l’année dernière. Le Canadien voulait d’ailleurs qu’il « amène ça dans [sa] saison », ce qu’il fait.

« Ils veulent que je joue mon style rapide [fast power forward], que je joue dur et que je fonce au filet. Il n’y a plus beaucoup de joueurs qui font ça dans la LNH, qui jouent ce style robuste et qui marquent des buts autour du but.

« Le joueur que je suis ici, à l’Université de Boston, sera le joueur que je serai, je l’espère, à Montréal. »

Profiter du moment

En plus de produire davantage sur la feuille de pointage, Luke Tuch a renforcé sa confiance cette saison. C’est le résultat, croit-il, de sa participation au Championnat du monde avec l’équipe américaine pendant la période morte.

« Je sens que j’étais vraiment capable de suivre le rythme et de suivre mentalement le jeu. J’ai acquis de la confiance et je l’ai amenée dans la saison. Je pense que je pousse beaucoup le rythme cette année, je dirige le jeu. »

Jay Pandolfo salue la façon dont son capitaine adjoint mène par l’exemple et gère la pression.

« Luke est revenu [cette année] avec la mentalité de connaître la meilleure saison possible et qu’il verrait ce qui arriverait. Concernant le bruit extérieur, je crois qu’il essaie de ne pas penser à ce qui va arriver et qu’il essaie de seulement profiter du moment. C’est une des principales raisons pour lesquelles il a du succès. »

Parlant de profiter du moment, Tuch a finalement rencontré son neveu, le 10 décembre. « C’était incroyable ! », s’exclame-t-il en souriant.

Deux frères, deux chemins

PHOTO CHARLES LECLAIRE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Alex Tuch

Malgré leurs six ans de différence, Luke Tuch a une « très bonne relation » avec son frère, Alex, qui évolue avec les Sabres de Buffalo. Quant à savoir s’il se met une certaine pression de connaître le même genre de carrière que celle de son frangin, le jeune homme répond oui. « Mais je pense que la pression est un privilège », ajoute-t-il. « Depuis que je suis jeune, nous avons toujours été comparés l’un à l’autre, continue-t-il. Nous avons sensiblement la même taille et le même poids, mais je pense que nos styles sont un peu différents. Je pense que j’ai plus d’agressivité dans mon jeu et qu’il est un patineur plus fluide. Il bouge beaucoup ses pieds et il a un jeu très rapide. Mais quand il est question de ma carrière de hockey, je trace mon propre chemin. […] Je pense que nos styles sont similaires, mais aussi différents. »