Elles dansent, elles dansent, elles dansent ! Les joueuses de Montréal ont dansé au rythme du Bal masqué de la Compagnie Créole au centre de la patinoire après leur victoire de 3-2 contre la formation de New York. Un moment de plaisir après un match robuste. Et pas qu’un peu.

Marie-Philip Poulin l’a finalement eu, son but gagnant. « Pou, Pou, Pou », ont scandé les 6334 personnes réunies à la Place Bell, après que la capitaine a brisé l’égalité avec 6 min 14 s à jouer au match. Poulin a d’ailleurs semblé émotive au micro de l’animatrice, après avoir reçu la première étoile. « Je ne sais pas si c’est avec l’âge, je m’en viens plus émotive ! », a-t-elle lancé en conférence de presse un peu plus tard.

On savait le jeu de la LPHF physique, intense. Cette robustesse a atteint un autre niveau à plusieurs reprises, mardi soir. Notamment quand Abby Roque s’en est prise à Poulin lors d’une mise en jeu en deuxième période, alors que Montréal menait 2-0. Roque, l’agitatrice en chef de la formation new-yorkaise, y est allée d’un double-échec au visage de la Beauceronne, qui a néanmoins gardé son calme, sourire au visage. Les deux joueuses ont été chassées, à la surprise générale. Plus tard, on a vu Tereza Vanisova mettre Chloe Aurard en échec à la limite de la légalité, même si ladite limite est encore floue…

On a cependant eu une idée de ce qui n’est pas accepté quand Kati Tabin a appliqué une solide mise en échec sur Jessie Eldridge, qui voulait entrer en territoire offensif. Le genre de séquence qu’on voit dans la Ligue nationale. La foule a aimé, mais pas les officiels, qui ont envoyé Tabin réfléchir deux minutes au cachot.

L’entraîneuse-chef de la formation montréalaise, Kori Cheverie, n’a pas caché son mécontentement au sujet du « manque de constance » des officiels après le duel. Elle répondait à une question au sujet d’une collision entre une joueuse adverse et la gardienne Ann-Renée Desbiens, qui n’a pas entraîné de pénalité. Pourtant, une période plus tôt, Tereza Vanisova avait été punie pour le même genre de contact, a-t-elle plaidé.

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La gardienne Abigail Levy et Tereza Vanisova

Je pense que nous devrons rendre les choses plus claires et constantes. Parce qu’encore une fois, c’était une autre soirée inconstante.

Kori Cheverie, entraîneuse-chef de la formation montréalaise

« Je comprends les contacts épaule à épaule quand tu tasses une joueuse et qu’elle tombe, mais des mises en échec complètes, nez à nez, c’est une pénalité au hockey féminin. Juste parce que c’est près de la bande, ça ne veut pas dire que ce n’est plus une pénalité dans le livre des règlements. Je pense qu’il doit y avoir de la constance à ce chapitre. Si [les officiels] n’appellent pas des choses comme ça en début de match, ils vont l’échapper. »

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Abby Roque s’en est prise à Marie-Philip Poulin lors d’une mise au jeu en deuxième période.

L’entraîneur-chef adverse, Howie Draper, avait dit sensiblement la même chose un peu plus tôt, affirmant qu’« à un certain point », il faudra « trouver l’équilibre ». « Je pense qu’il aurait dû y avoir un ou deux appels de plus. Mais [cet équilibre], c’est une chose que nous essayons tous de trouver », a-t-il ajouté.

Les joueuses, elles, ont avoué aimer la robustesse du jeu. « C’est la première fois que le hockey féminin est plus physique, donc c’est de trouver le juste milieu entre ce qui peut être une pénalité et ce qui peut ne pas l’être, a mentionné Gabrielle David. C’est juste d’être sur la même page à travers la ligue. »

« Il y a encore des questions sur ce qu’on peut faire, ce qu’on ne peut pas faire, a ajouté Poulin. Mais en tant que joueuse, on aime que ce soit rapide, physique. Au bout du compte, je pense que les gens aiment ça. »

Soirée de premières

Une à une, les joueuses de la LPHF inscrivent leur premier but. Ce fut le cas pour deux joueuses de l’équipe montréalaise, Gabrielle David et Leah Lum, mardi soir.

David a été la première à marquer à la fin d’une bien bonne première période pour Montréal. La Drummondvilloise, à fond de train, a évité un dégagement refusé aux siennes avant de refiler la rondelle derrière le but. Jillian Dempsey, qui passait par là, l’a récupérée et l’a remise à David dans l’enclave. Cette dernière a lancé sur réception, déclenchant l’euphorie dans la place. Lum en a rajouté à peine 17 secondes plus tard afin de porter la marque à 2-0 pour Montréal en fin de première période.

Ce but de David, il est d’autant plus marquant que la jeune attaquante a été laissée de côté pour le match inaugural de l’équipe, samedi dernier, à l’Auditorium de Verdun.

« C’était triste pour moi [de rater le match inaugural], mais il faut que je passe à autre chose et que je le fasse pour l’équipe, a laissé entendre la principale intéressée. J’ai joué pour le logo devant le chandail. »

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Kori Cheverie, entraîneuse-chef de la formation montréalaise

L’athlète de 24 ans a expliqué avoir été encouragée par sa capitaine, samedi dernier. « Elle m’a dit de garder mon beau sourire », a-t-elle relaté sous les yeux de Poulin, assise à son côté. Cette dernière en a profité pour prendre le relais :

« On bâtit une culture, on s’entend bien et tu veux toujours que tout le monde joue dans un match d’ouverture à la maison, a-t-elle expliqué. Malheureusement, il y a des joueuses qui n’ont pas joué. [Gabrielle] a steppé up aujourd’hui. De la voir venir à l’aréna avec un grand sourire… Son éthique de travail sur la glace et hors glace, c’est une grosse partie de notre équipe. »

Kori Cheverie a elle aussi apprécié le travail de David, affirmant que « c’est ce que tu veux comme réponse de la part d’une joueuse ». « Elle aurait pu aller dans une autre direction, mais elle a choisi de jouer avec intensité et hargne. Elle est une bonne joueuse et elle continuera de l’être. »

Les visiteuses ont marqué en deuxième période, puis en début de troisième tiers, créant un suspense pour la fin de match. Poulin – évidemment ! – s’est chargée d’offrir à Montréal sa première victoire à domicile.