Évaluer la progression d’une équipe, c’est une chose. Évaluer la progression d’une équipe dont plusieurs joueurs sont appelés à « jouer au-dessus d’où ils devraient jouer normalement », c’en est une autre.

Kent Hughes a dressé, lundi matin, son bilan de la première moitié de la saison du Canadien. Une saison, rappelons-le, dont la progression individuelle et collective a été le thème dicté par la direction avant le début du camp d’entraînement.

Le directeur général du club a ciblé certains éléments qui lui ont plu jusqu’ici. Il a noté le « jeu complet » de Nick Suzuki ; en prenant du galon sur le plan défensif, il « continue de devenir un joueur de 200 pieds », a estimé le gestionnaire.

Juraj Slafkovsky a également progressé, à ses yeux. Jayden Struble aussi, lui qui est « probablement arrivé plus tôt que ce qu’on prévoyait ».

Hughes a aussi vu des améliorations « à cinq contre cinq », qu’il a toutefois peu détaillées.

Au chapitre des déceptions, au premier chef, il a nommé « les blessures, encore cette année ».

Kirby Dach est tombé au combat en première période du deuxième match de la campagne. On a rapidement appris qu’il raterait le reste du calendrier. Cette saison à l’eau est évidemment un coup dur pour le joueur, mais elle complique aussi le travail de ses patrons. « On sait que le potentiel est là, mais on aimerait l’évaluer sur la glace. »

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Kirby Dach

Il a aussi été question d’Alex Newhook, qui, « juste au moment où il développait une certaine chimie avec Suzuki », a été victime d’une entorse à une cheville qui lui a imposé une convalescence de quelque trois mois. Si tout se passe comme prévu, on devrait le revoir d’ici la fin du mois de février.

Le DG ne les a pas nommés, mais les absences à long terme de Christian Dvorak, Tanner Pearson, Rafaël Harvey-Pinard et David Savard ont forcé certains de leurs coéquipiers à accepter des tâches supérieures à celles qui devaient initialement leur être confiées.

Jake Evans, par exemple, pilote désormais le deuxième trio offensif. Mitchell Stephens, qui n’avait pas joué dans la LNH en 2022-2023, passera vraisemblablement tout le reste de la saison à Montréal. Gustav Lindström, Johnathan Kovacevic et Justin Barron ont tous, à un moment ou à un autre, évolué sur le premier duo en défense.

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Jake Evans

« Je pense que les entraîneurs ont fait une super job avec le fait qu’il y ait tellement de blessures, a souligné Kent Hughes. On n’a pas assez de profondeur, on le sait, c’est une chose qu’on vise à [améliorer]. On n’est pas rendus là. Les blessures vont nous faire plus mal qu’à une équipe [mieux nantie]. »

Conséquemment, « t’as des joueurs de troisième trio qui jouent sur le deuxième trio », a-t-il illustré. « Les confrontations sont différentes. »

Caufield au ralenti

Au chapitre des éléments négatifs, le DG a concédé que les unités spéciales devaient encore s’améliorer. C’est peu dire, surtout en désavantage numérique, département où le Canadien est parmi les pires clubs de la ligue.

Ce qui manque cruellement, à cet égard, c’est de la « constance », a observé Hughes, reprenant un thème cher à son entraîneur-chef.

« On l’a vu samedi dernier, contre Edmonton, le désavantage numérique était meilleur, a-t-il soulevé. Mais il manque de la constance. C’est la même chose en avantage numérique. Il y a des matchs où on voit la progression. Mais on doit continuer de s’améliorer. » Le dirigeant a aussi parlé de la difficulté de son équipe, à cinq contre cinq, à stopper les contre-attaques adverses.

Il a par ailleurs été interrogé au sujet de Cole Caufield, dont la chute draconienne de la production offensive coïncide avec l’entrée en vigueur d’un onéreux contrat qui le liera à l’équipe jusqu’en 2031, à un salaire annuel de 7,85 millions.

Après 42 matchs, le voilà à 12 buts. La saison dernière, il en avait inscrit 26 en 46 rencontres.

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Cole Caufield

« C’est sûr que c’est un marqueur, et qu’il marque peut-être moins que l’an dernier ou que depuis que Martin [St-Louis] est ici », a reconnu Hughes, qui a fait remarquer que le taux d’efficacité de ses tirs, actuellement à 7,8 %, était loin de celui de l’année dernière (16,5 %).

« Est-ce que c’est de la malchance ? Ou est-ce qu’il y a quelque chose [qui cloche] dans son lancer ? », s’est-il demandé tout haut.

Hughes a refusé d’utiliser les mots « décevant » ou « inquiétant » pour parler du jeune attaquant. « Tu veux toujours que tes marqueurs marquent des buts », a-t-il admis, rappelant du même souffle qu’après les gardiens de but, les francs-tireurs étaient les joueurs pour qui la régularité était la plus difficile à maintenir.

« Je ne voudrais pas qu’il joue différemment ou qu’il ressente de la pression » de la part de la direction, a-t-il nuancé. « On veut que Cole soit Cole. »

Il amène tellement à l’équipe… Ce qui m’impressionne de lui, c’est qu’il reste souriant dans la chambre ; il est vraiment important, il amène de la vie à l’équipe.

Kent Hughes

Hughes s’inquiéterait de voir Caufield s’assombrir ou s’isoler. Or, il n’en est rien, à tout le moins pour le moment.

« S’il ressent de la pression, il ne le montre pas. »

Quelques buts supplémentaires ne lui nuiraient pas, mais ça, c’est nous qui le disons. On peut présumer que le DG le pense aussi, au moins un petit peu.