Si l’heure est encore aux célébrations des premiers moments historiques de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF), les Montréalaises peinent pour l’instant à réellement se mettre en marche.

L’équipe de Montréal s’est inclinée par la marque de 3-0 face à celle du Minnesota, samedi après-midi, à St. Paul.

« C’est encore une jeune saison, alors il n’y a aucune raison de paniquer pour l’instant », a assuré l’entraîneuse-chef Kori Cheverie après la rencontre, la deuxième pour les deux équipes.

Ce match, il s’est joué devant une nouvelle foule record pour du hockey féminin professionnel. Quelques jours auront donc suffi pour battre la marque établie de 8300 personnes à Ottawa, mardi : l’Xcel Energy Center de St. Paul a reçu pas moins de 13 316 convives pour cette première rencontre du Minnesota à domicile.

« C’était magnifique à voir, s’est réjouie Marie-Philip Poulin. C’est plaisant de voir l’État du Minnesota derrière son équipe. C’est très spécial de voir comment va le hockey féminin un peu partout, à quel point les gens en parlent, à quel point ils sont excités. »

Quelques dizaines de ces partisans ont d’ailleurs eu la chance de se départir de leurs couvre-chefs en fin de rencontre : il fallait célébrer comme il se doit le premier tour du chapeau de l’histoire de la LPHF, gracieuseté d’une Grace Zumwinkle en grande forme en ce début de saison.

PHOTO MATT KROHN, USA TODAY SPORTS

Grace Zumwinkle

Nervosité et pénalités

La nervosité – ou les papillons – des débuts de rencontre a été le thème des premiers matchs dans la LPHF. Celui-ci n’a pas fait exception à la règle.

Malgré du jeu un peu décousu de part et d’autre, la première période a théoriquement été à l’avantage de l’équipe visiteuse. Montréal s’est créé plusieurs occasions de marquer, notamment avec des surnombres. Mais c’est en zone offensive profonde que l’équipe a manqué de succès, en ratant ses passes ou en tirant hors cadre.

On vous parlait de Zumwinkle : la joueuse issue de l’Université du Minnesota a marqué le premier filet de la rencontre, et son deuxième en deux matchs, en toute fin de premier vingt. Son joli tir du revers d’un angle restreint près du filet a mystifié la gardienne Ann-Renée Desbiens.

C’est un but que je devrais [arrêter]. Dans la plupart des cas, je l’aurais eu. Aujourd’hui, elles ont profité de ce jeu. Il faut vivre avec et faire mieux la prochaine fois.

Ann-Renée Desbiens, gardienne de Montréal

En deuxième période, comme le veut la tendance de ce début de saison, le jeu des deux équipes s’est élevé d’un cran. Montréal a dominé, mais surtout grâce à l’indiscipline du Minnesota, qui a écopé de trois pénalités en 20 minutes.

Mais devant les efforts de Vanišová, Poulin et Stacey, notamment, la geôlière Maddie Rooney a été impériale. Et son équipe en avait besoin, puisque Montréal a eu le dessus au chapitre des chances de marquer et des mises en jeu.

PHOTO MATT KROHN, USA TODAY SPORTS

La gardienne Maddie Rooney affronte un tir de Maureen Murphy (35).

« J’ai été satisfaite de notre jeu pendant la première moitié du match, a indiqué Cheverie. Mais on s’est éloignées de notre plan de match à partir de la deuxième moitié de la deuxième période. Et dans cette ligue, tu ne peux pas lever le pied. »

« Du jamais vu du côté féminin »

Zumwinkle – oui, encore elle – a grandement compliqué les choses pour Montréal dès le début de la troisième. Son but du 2-0 a été suivi d’une période ponctuée d’indiscipline pour l’équipe visiteuse.

C’est que Montréal a ensuite commis quatre infractions coup sur coup, ce qui a étouffé ses espoirs. Ils ont été anéantis lorsque Zumwinkle a complété ses emplettes avec un but dans un filet désert.

Selon la technicienne de l’équipe montréalaise, la ligue – les officiels et les joueuses – est encore en train de s’ajuster à un « style de jeu jamais vu encore du côté féminin ».

On applique un jeu physique, intense. Peut-être qu’on a franchi la ligne [en troisième], on ne peut pas écoper d’autant de pénalités. Mais on doit aussi comprendre ce qui passe et ne passe pas dans cette ligue.

Kori Cheverie, entraîneuse-chef de Montréal

Du reste, après une victoire in extremis à Ottawa mardi dernier, c’est une deuxième rencontre où les gros canons des Montréalaises peinent à se faire valoir. À commencer par Marie-Philip Poulin, qui n’a pas encore marqué. Celle qui est considérée comme la meilleure joueuse au monde sent-elle une certaine nervosité ?

« Non, je ne suis pas nerveuse, explique Poulin. Ça fait partie du hockey. J’essaie, mais c’est le début de la saison. On continue de s’améliorer. […] Personnellement, oui, tu te mets de la pression, mais à la fin de la journée, il faut prendre ça à la légère aussi. C’est deux parties. »