Si l’on adoptait l’approche négative, on reprocherait aux Golden Knights de Vegas de très mal repêcher. Mais quiconque le moindrement positif crierait au génie de voir les adversaires du Canadien lundi soir maximiser la valeur de leurs espoirs avant qu’ils ne fanent…

Il est bien difficile de pencher dans le camp des négatifs avec la feuille de route de Vegas, champions de la Coupe Stanley à leur sixième année d’existence, après une finale en 2018 et des carrés d’as en 2020 et 2021…

Les Golden Knights ont repêché six fois au premier tour entre 2017 et 2022. Seul Brendan Brisson, fils du célèbre agent Pat Brisson, est toujours avec l’organisation.

Les cinq espoirs transigés leur ont permis de mettre la main sur trois joueurs essentiels dans leur conquête de la Coupe : leur capitaine Mark Stone, Jack Eichel et Ivan Barbashev. Max Pacioretty y a passé quatre ans avant de changer de camp et Nolan Patrick ne jouera peut-être plus jamais au hockey, après seulement 25 matchs dans son nouvel uniforme.

De ces cinq choix de premier tour, seul Nick Suzuki, repêché au 13e rang en 2017, est devenu un joueur de premier plan. Ironiquement, Pacioretty n’y était plus pour boire le champagne dans le précieux trophée et Vegas n’a rien obtenu en retour de ses services en 2022, sauf de l’espace sur la masse salariale, un aspect à ne pas négliger en cette ère de plafond.

Peyton Krebs, 17e choix au total en 2019 derrière Cole Caufield et Alex Newhook, échangé aux Sabres avec Alex Tuch et des choix de premier et deuxième tour pour Jack Eichel, cherche encore à lancer sa carrière. Krebs, 23 ans en janvier, a obtenu seulement 26 points, dont 9 buts, en 74 matchs l’an dernier et il espère toujours un premier point après neuf rencontres cette saison. Il a amassé quatre points à ses 23 derniers matchs avec les Sabres, en incluant la fin de saison dernière et vient d’être relégué au centre du quatrième trio.

Quinzième choix au total en 2017, deux rangs après Suzuki, Erik Brännström n’est jamais devenu le défenseur offensif espéré, même s’il a obtenu un poste régulier à Ottawa depuis deux ans. Avant d’être blessé gravement la semaine dernière, au point de quitter le match sur une civière, Brännström avait été blanchi en sept matchs, après une saison de seulement 18 points, dont 2 buts, l’an dernier.

Ce défenseur désormais âgé de 24 ans joue essentiellement au sein d’une troisième paire. Vegas a obtenu son valeureux capitaine Mark Stone, 24 points en 22 matchs en séries le printemps dernier, pour les services de Brännström.

Sixième choix au total en 2017, le premier de trois choix de premier tour, le grand centre droitier Cody Glass, échangé pour Nolan Patrick, cherche lui aussi à s’épanouir offensivement. Ce jeune homme de 24 ans a obtenu 35 points, dont 14 buts, l’an dernier avec Nashville, mais il était blanchi après cinq matchs cette saison avant de tomber au combat pour une dizaine de jours. Il occupait le centre du deuxième trio.

Le plus récent choix de premier tour échangé, Zach Dean, 30e choix au total en 2021, entame sa carrière dans la Ligue américaine, après quatre saisons avec les Olympiques de Gatineau. Après huit matchs à Springfield, dans la Ligue américaine, il a obtenu une aide.

Dean a permis aux Knights de mettre la main sur le joueur de location des Blues de St. Louis Ivan Barbashev, 18 points en 22 matchs de séries. On a réussi à le retenir à Vegas pour cinq saisons supplémentaires moyennant 5 millions par année.

Les directeurs généraux devront sans doute se méfier la prochaine fois que le directeur général Kelly McCrimmon leur offrira l’un de ses espoirs pour un joueur aguerri…

Glass ou Brännström ?

PHOTO MICHAEL DWYER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Cody Glass

Certains qualifieront le Canadien de chanceux d’avoir pu mettre la main sur le meilleur coup des recruteurs des Golden Knights de Vegas, Nick Suzuki. Martin Lapointe avait avoué bien candidement il y a quelques années à Louis Jean, alors à TVA Sports, que Suzuki n’avait pas nécessairement constitué le premier choix du CH.

« Ce n’est pas lui qu’on demandait en premier », avait admis Lapointe, directeur du personnel à l’époque, sans dévoiler le nom du joueur convoité. « Les Golden Knights nous l’ont proposé (Suzuki) et Trevor Timmins nous a dit que ça marchait avec lui. »

Faut-il pour autant enlever le mérite à Marc Bergevin pour cette transaction ? On pourrait déboulonner bien des échanges si la teneur des tractations était connue du public. Ça serait donc un tantinet injuste pour Bergevin puisqu’au final, il a livré à ses successeurs un centre numéro un. Ne faut-il pas jouer un peu de chance aussi à l’occasion ?

Au moment de l’échange, Glass, un grand centre de 6 pieds 3 pouces et 205 livres, venait de connaître une saison de 102 points en 64 matchs à Portland dans la Ligue junior de l’Ouest. Suzuki avait bien fait lui aussi avec 100 points à Owen Sound, mais il concédait à Glass quatre pouces. Brännström avait amassé 15 points en 44 matchs à Jönköping, en première division suédoise, une récolte impressionnante pour un jeune défenseur de 18 ans.