La scène a cartonné sur l’autoroute de l’information cette semaine : Brad Marchand - qui d’autre ? - s’accroche avec Connor Bedard et l’escorte vers le banc des Bruins, devant le pauvre juge de ligne CJ Murray, qui tente de détacher les deux compétiteurs.

La scène en a diverti plusieurs, dont Johnathan Kovacevic. « C’est un classique de Marchand ! C’est son style, répond le défenseur du Canadien, encore amusé, après l’entraînement optionnel de samedi au Centre Bell. C’est super comme façon de l’accueillir dans la ligue. »

Kovacevic aura lui aussi sa chance de se mesurer à la jeune sensation de la LNH, samedi soir, à l’occasion de la visite des Blackhawks de Chicago. Un joli hasard du calendrier pour lancer la saison du CH à domicile.

La séquence avec Marchand rappelle cependant que certains voudront souhaiter la bienvenue à Bedard dans la Ligue nationale au cours des prochains mois. Est-ce à dire qu’ils voudront « tester » le jeune prodige ?

« Un peu tout le monde le connaît. Ce n’est pas comme si les gars vont y aller mollo avec lui, note l’attaquant Tanner Pearson. Regarde les Penguins en désavantage numérique mardi, ils l’ont affronté comme s’il était [Alexander] Ovechkin, pour enlever l’option du tir depuis le bord de la bande. Bedard possède tout un tir.

« Mais dès qu’il est sur la glace, tous les regards se tournent lui, donc on le remarque peut-être plus quand une chose comme ce que Marchand a fait se produit. »

L’idée de « tester » un nouveau n’a rien de novateur. On parle souvent des 102 points de Sidney Crosby à sa première campagne, moins de ses 110 minutes de pénalité, son sommet personnel en une saison. Derian Hatcher, pour ne nommer que lui, s’était offert un mercredi de la matraque contre le 87, lors d’une visite des Penguins à Philadelphie à la mi-novembre 2005. Mais la crème remonte toujours à la surface, et Crosby avait donné la victoire aux Penguins en prolongation.

Il n’existe tristement pas d’extrait sur YouTube du premier duel entre Crosby et le Lightning de Tampa Bay, en octobre 2005, mais les Floridiens avaient visiblement trouvé sur quel bouton appuyer, car la jeune vedette des Penguins avait écopé de deux pénalités sur une même séquence : une pour coup de bâton, l’autre pour conduite antisportive.

Notre tentative d’aller aux sources, en ce samedi matin, s’est avérée vaine. « Je ne me souviens pas vraiment du match, mais on savait que c’était un joueur qui jouerait longtemps, a dit Martin St-Louis, membre du Lightning à l’époque, maintenant affecté à d’autres fonctions dans une autre organisation. On savait qu’il serait bon. Et tu le vois avec Connor Bedard, déjà à son aise dans ses premiers matchs, il a des atouts. »

Dix-huit ans plus tard, par contre, le hockey a changé et Bedard peut avoir bon espoir de repartir du Centre Bell sans se faire imposer un don de sang. « Si tu t’y attardes trop, tu t’éloignes de ton jeu. On va être dur avec lui, mais sans se laisser distraire. On va le surveiller de près, mais sans non plus prendre une pénalité pour un geste stupide », a résumé Pearson.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Connor Bedard en discussion avec l’entraîneur Luke Richardson, vendredi

« Je me concentre sur la victoire, a ajouté Kovacevic. Ils ont plus que Connor Bedard. J’ai regardé leur match contre Pittsburgh, ils ont de jeunes défenseurs qui patinent bien. Ils ont le trio de vétérans, [Corey] Perry, [Nick] Foligno et [Jason] Dickinson. En tant que compétiteur, je veux gagner, mais je veux le neutraliser comme tout autre joueur. »

Soir de première

La venue de Bedard fait presque oublier que ce sera la soirée inaugurale de la saison au Centre Bell.

Rafaël Harvey-Pinard, lui, ne l’oubliera pas. Pour la première fois de sa carrière, il fera partie de la présentation des joueurs, un spectacle toujours attendu.

C’est quelque chose que j’attends, depuis que j’ai appris que je serai dans l’équipe. La date est encerclée sur mon calendrier. J’avais hâte au match pour vivre ce moment-là.

Rafaël Harvey-Pinard

« C’est tout le temps spécial, d’embarquer sur la glace ici, surtout le samedi soir, a noté l’entraîneur-chef St-Louis. Là, c’est le premier match à la maison et c’est un samedi. Les joueurs sont fiers de porter le chandail. Harvey-Pinard, c’est un Québécois, c’est spécial pour lui. Même pour moi, quand j’embarque sur le banc du Canadien, c’est spécial. Le samedi, ce l’est encore plus. »

Outre la présence de Samuel Montembeault devant le filet, St-Louis n’apportera pas de changement à sa formation. La séquence de matchs de Bedard contre des Néo-Écossais s’arrêtera donc à deux. Il a affronté Crosby mardi, Marchand mercredi, mais Justin Barron sera laissé de côté samedi.

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