En cinq ans, Joel Armia est passé d’un intéressant projet à un joueur placé sur la voie d’évitement.

Le Canadien a soumis Armia, de même que le défenseur Gustav Lindström, au ballottage, dimanche.

Les 31 autres équipes ont jusqu’à lundi, 14 h, pour les réclamer. S’ils sont ignorés, le Tricolore aura alors l’option de les soumettre au Rocket de Laval.

Armia, 30 ans, détient un contrat valide pour encore deux saisons, à 3,4 millions de dollars par année. En deux matchs préparatoires, le colosse ailier n’a obtenu aucun point, en plus de présenter les pires indicateurs parmi les attaquants qui ont disputé plus d’un match. L’an dernier, il avait été limité à 14 points (7 buts, 7 aides) en 43 matchs, avec un temps d’utilisation de 14 min 56 s par match.

S’il est cédé à Laval, son salaire compterait pour 2,25 millions de dollars dans les livres, même si Armia toucherait sa pleine rémunération. Pour tout joueur détenant un contrat à un volet de la LNH et qui est soumis à la Ligue américaine, les équipes ont droit à une déduction de 1,15 million de dollars.

Dans une LNH où nombre d’équipes sont prises à la gorge sous le plafond salarial, les chances qu’Armia soit réclamé semblent minces. Si tel est le dénouement, Jean-François Houle ne se plaindra pas, lui qui a connu de tels scénarios lorsqu’il était entraîneur adjoint avec le club-école des Oilers d’Edmonton, à Bakersfield.

« Si on est pour avoir un joueur du calibre de la Ligue nationale, c’est juste bon pour Laval », a estimé l’entraîneur-chef du Rocket, après le dernier match préparatoire du club-école du CH, dimanche. « Ça dépend s’ils sont mentalement prêts à descendre. »

Quelques hauts, plusieurs bas

Armia s’est amené à Montréal à l’été 2018 avec un potentiel intrigant. Alors âgé de 25 ans, il était coincé chez des Jets de Winnipeg plutôt bien équipés sur les ailes, avec Kyle Connor, Patrik Laine, Blake Wheeler et Nikolaj Ehlers pour les deux premiers trios. L’idée du CH était d’exploiter le potentiel inutilisé d’un ancien choix de 1er tour (16e au total en 2011).

Ses réelles bonnes séquences sont faciles à retenir, car peu nombreuses, malgré des qualités très évidentes en protection de rondelle et des mains que l’on pourrait qualifier de soyeuses.

Après une première saison quelconque, il amorce sa deuxième campagne à Montréal sur les chapeaux de roue. Le 23 décembre 2019, le CH débarque à Winnipeg et Armia compte 21 points, dont 12 buts, en 34 matchs, la cadence d’une saison de 30 buts et 50 points. Mais dans ce qui est un thème récurrent dans sa carrière, il se blesse, rate près d’un mois et perd son erre d’aller.

Armia se distingue aussi pendant les séries 2021, en tant que membre d’un quatrième trio pesant avec les colosses Eric Staal et Corey Perry. En 21 matchs lors de ces séries, il inscrit 5 buts et 3 aides.

Les blessures et les déceptions ont marqué le reste de son séjour à Montréal. Depuis son arrivée dans la métropole, il a disputé 259 des 373 matchs du CH, ratant donc 30 % des duels.

Primeau tient bon

Les équipes de la LNH ont jusqu’à lundi, 17 h, pour réduire leurs effectifs jusqu’à un maximum de 23 joueurs en vue du début de la saison. C’est donc dire que les joueurs admissibles au ballottage et qui n’y ont pas été soumis dimanche se retrouveront au sein de cette formation de 23 joueurs.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Cayden Primeau

Voilà donc un dénouement intéressant pour Cayden Primeau. À moins que Kent Hughes n’effectue une transaction d’ici là, tout indique que le Tricolore amorcera la saison avec trois gardiens dans son effectif, une possibilité que Jeff Gorton avait évoquée en entrevue avec La Presse.

Primeau a présenté les meilleures statistiques parmi les quatre gardiens du Canadien qui ont joué en matchs préparatoires, un dénouement inattendu compte tenu de ses difficultés lors de ses rappels dans la LNH ces dernières années.

Les gardiens du Canadien au camp

Cayden Primeau : moyenne de 2,05, efficacité de ,932 en 87 minutes

Jakub Dobeš : moyenne de 2,73, efficacité de ,900 en 44 minutes

Jake Allen : moyenne de 4,02, efficacité de ,854 en 89 minutes

Samuel Montembeault : moyenne de 4,11, efficacité de ,845 en 131 minutes

Primeau est-il rendu à cette étape de sa carrière ? « Je pense que oui, estime Houle. Ça fait trois ans qu’il est dans la Ligue américaine. À un moment donné, tu veux passer au prochain niveau. Tu as un contrat à un volet, donc dans ta tête, tu ne te vois pas dans la Ligue américaine. Est-ce qu’il est prêt ? Des soirs, oui, des soirs, non. »

La constance sera importante pour lui, mais ce n’est pas juste lui, c’est ça pour tous les gardiens de la LNH. S’il peut trouver une constance, il peut être un bon gardien à ce niveau.

Jean-François Houle, entraîneur-chef du Rocket, au sujet de Cayden Primeau

En excluant Armia et Lindström de la formation, le Tricolore se retrouve donc à 25 joueurs (14 attaquants, 8 défenseurs, 3 gardiens), soit deux de trop pour atteindre le maximum de 23.

Huit joueurs toujours présents n’ont pas à être soumis au ballottage pour être cédés à Laval : les attaquants Rafaël Harvey-Pinard, Juraj Slafkovsky et Emil Heineman, de même que les défenseurs Jordan Harris, Justin Barron, Kaiden Guhle, Arber Xhekaj et Mattias Norlinder.

En théorie, Hughes devra donc piger parmi ces huit joueurs pour équilibrer son effectif. Une décision qu’il annoncera lundi, potentiellement entre deux bouchées d’atocas.